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Mon dîner avec Winston : l’ami imaginaire de Gilles Cohen

A voir, Les critiques, Paris, Théâtre
Olivier Roset

Photo Olivier Roset

Seul en scène, Gilles Cohen incarne de façon réjouissante un homme abîmé par l’alcool et obsédé par Winston Churchill dans une pièce commandée à Hervé Le Tellier, prix Goncourt 2020.

Sur le papier, c’est l’association de trois noms qui provoque l’imagination. Gilles Cohen : acteur de cinéma, metteur en scène de théâtre et surtout comédien remarqué dans la série Le Bureau des Légendes où il campe « Moule à Gaufres » (« MAG »), le très tendu directeur du renseignement de la DGSE imaginé par Éric Rochant et ses scénaristes. Hervé Le Tellier : prolifique auteur, membre du groupe littéraire OuLiPo, couronné par le prix Goncourt 2020 pour L’Anomalie (ed.  Gallimard). Et, last but not least, Winston Churchill : inénarrable homme politique britannique, figure incontournable de la Deuxième Guerre mondiale… dont le potentiel théâtral n’est plus à prouver, autant pour sa bonhomie truculente que pour la puissance de son verbe et ses saillies inoubliables. Passionné par Churchill, Cohen commande à un texte Le Tellier (les deux hommes ont une amie commune, l’autrice Delphine de Vigan), qui planche sur le sujet et compose cette pièce, un seul en scène « sur mesure », créée à l’Espace des Arts à Chalon-sur-Saône en 2018, jouée au Rond-Point en 2019, puis 2020, stoppée par le premier confinement, et reprise au théâtre de l’Atelier, dans le 18e parisien.

Le plateau, sobrement décoré, figure un appartement. Ici, Gilles Cohen s’appelle Charles, un homme qui a tout l’air de rentrer du boulot : chemise bleue, cravate nouée autour de cou, pantalon de costume. Devant lui, la table est dressée, un jambon rôtit dans le four, une bouteille de champagne repose au frais. A côté, un épais plaid recouvre un fauteuil ; fauteuil qui restera vide, du point de vue du spectateur, mais où prendra place Winston Churchill, dans la tête de Charles. Notre protagoniste, en effet, va s’entretenir avec l’illustre Anglais, puis partager son repas et ses cigares, dissertant de leurs différences et points communs. En vérité, Charles sombre dans la solitude et l’alcool. Il lui reste ce plaisir onaniste, tragi-comique à bien des égards, qu’il s’accorde à la nuit tombée, au grand dam de son voisin du dessous, qui l’entend hurler les grands discours de 40 debout sur un tabouret et une bouteille à la main, et de ses interlocuteurs au bout du fil, puisque le soir Charles télé-travaille pour le service client d’une entreprise de dépannage automobile, dans un état d’ébriété avancé.

C’est une pièce touchante, dont la réussite tient moins au texte de son auteur qu’à la performance de son comédien (qui est aussi le metteur en scène du spectacle). Encombré par la fameuse figure churchillienne, Hervé Le Tellier cède aux punchlines un brin faciles et à de longues déclamations de discours, magnifiques, mais archi-connus. Le résultat est un peu scolaire et l’exercice de style, moyennement inspiré. Dans le même genre, son roman Moi et François Mitterrand (ed. J.-C. Latès), adapté au théâtre, était nettement plus original (là aussi, un homme « moyen » s’adressait à des Chefs d’État). En revanche, Gilles Cohen s’impose comme un comédien étonnement polyvalent. On le connaissait charismatique, distant et froid, on le découvre fêlé, mélancolique et drôle. Il est immédiatement attachant, tant par son investissement dans le rôle que la folie dont il fait preuve sur scène. Il faut le voir imiter Zorro, danser le tango et s’abîmer dans l’alcool qu’il ingurgite par litres. On en est certain : il aurait été capable de davantage de noirceur et de bizarrerie. Le résultat aurait peut-être été moins grand public, mais plus singulier. Car en fin de compte, ce Charles est plus intéressant que Winston.

Igor Hansen-Love – www.sceneweb.fr

Mon dîner avec Winston, d’Hervé Le Tellier

Mise en scène et interprétation Gilles Cohen

Assistante à la mise en scène Aurélie Delas

Décor Jean Haas

Lumières Jean-Pascal Pracht

Vidéo Olivier Roset

Costumes Cidalia Da Costa

Son Stéphanie Gibert

Chorégraphie Sophie Mayer

Production Théâtre de l’Atelier, Horatio Productions, Good Morning Compagnie « comme avant mieux qu’avant »

Coproduction Théâtre du Rond-Point, Théâtre Montansier-Versailles, Espace des Arts – Scène nationale de Chalon-sur-Saône

Durée : 1 heure

Théâtre de l’Atelier
du 6 au 30 avril 2022

7 avril 2022/par Igor Hansen-Løve
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