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Le Cimetière des voitures : une ode mystique et rock’n’roll

A voir, Avignon, Paris, Théâtre

photo Barbara Buchmann

Gil Galliot se penche sur le chef-d’oeuvre Fernando Arrabal à l’occasion d’un hommage rendu au dramaturge espagnol au théâtre de l’Epée de bois. Une proposition qui reste cependant sage pour le feu d’artifice que contient cette fable absurde et mystique.

Fernando Arrabal, 91 ans mais le visage rieur derrière ses lunettes rondes, se dit « très ému et très bouleversé” par la “surprenante” version de son Cimetière des voitures mise en scène par Gil Galliot. Jouée dans de nombreux pays, l’oeuvre majeure du dramaturge espagnol est peu vue en France depuis l’adaptation de Victor Garcia au Théâtre des Arts en 1967.

Figure majeure du théâtre d’avant-garde, Fernando Arrabal, né en Espagne en 1932, il fuit le régime franquiste pour se réfugier en France. Dénonçant ouvertement la dictature – notamment à travers sa Lettre au général Franco – il sera arrêté en 1967 lorsqu’il revient en Espagne et ne sera libéré que grâce à une campagne internationale menée par François Mauriac, Arthur Miller et Eugène Ionesco. Ses oeuvres sont interdites dans le pays et Fernando Arrabal fait dès lors partie du groupe des cinq Espagnols considérés comme les plus dangereux par le régime. En France, il côtoie pendant quelques années le groupe des surréalistes d’André Breton, avant de se lier d’amitié avec Salvador Dali ou encore Pier Paolo Pasolini. Il est également le cofondateur du mouvement Panique avec Roland Topor, Christian Zeimert et Alejandro Jodorowsky, un état qu’il définit comme “une manière d’être (…) régie par la confusion, l’humour, la terreur, le hasard et l’euphorie”. 

Prenant place dans un monde délabré où règne la violence, le Cimetière des voitures nous propulse à la fois à l’issue de la chute d’un monde moderne et dans une parabole biblique foutraque et rock’n’roll. Au milieu d’un tas de carcasses de voitures rouillées, un groupe d’étranges marginaux tentent de survivre. Traqué par une milice, Emanou, une sorte de poète, de Messie ou de Sauveur, doit organiser un concert dans cette décharge, alors que la musique est interdite.

À grand renfort de cuirs, des guitares électriques bricolées de divers morceaux de ferrailles et de percussions improvisées, l’esthétique reprend en grande partie celle de l’adaptation cinématographique de la pièce, réalisée en 1983 par Fernando Arrabal lui-même, où Alain Bashung dans le rôle-titre interprète une sorte de Jésus Christ superstar, qui accomplit des miracles et prêche la bonne parole à une bande de punks marginaux. 

Les motifs du Bien et du Mal, de la justice et de la rédemption traversent en effet l’ensemble de la pièce, dont le texte a été complété par des extraits de l’Apocalypse et d’Oraison, un texte bref de l’auteur paru à la même époque, Emanou répétant en boucle comme un psaume : “quand on est bon, on ressent une grande joie intérieure, née de la paix de l’esprit dont on jouit lorsqu’on se voit semblable à l’image idéale de l’homme”. Celui-ci sera bien entendu à la fois trahi par son ami et condamné, la dernière image le consacrant en un Christ inversé, à l’envers sur sa croix et couvert de stigmates.

Le parti pris – à raison – de la corporalité passe principalement par l’utilisation de masques, ou plutôt de cagoules, qui déforment les visages des comédiens et comédiennes pour en faire des êtres hybrides, à la lisière de l’humanité. Si cette utilisation fait en effet émerger des silhouettes propres à chaque personnage – un choeur étrange et inquiétant, un majordome boiteux ou encore la figure de Topé, le meilleur ami, en simplet émouvant et tragique – l’engagement peine encore à tenir sa promesse et les corps semblent timides à s’emparer pleinement de l’ensemble du plateau.

De même, une interdisciplinarité de bon augure n’est cependant qu’à demi assumée – quelques notes de guitare et pas de danse, un court numéro de trapèze sur un pneu – et aurait pourtant eut tout le loisir de s’appuyer sur un univers foisonnant, une outrance revendiquée par l’auteur lui-même, une poésie puissante et une musicalité propre au texte.  Ce grinçant voyage en résistance, ne semble pas encore aller jusqu’au bout de ses propositions, pourtant multiples, face à une fable qui appelle un rythme endiablé et qui réclame l’instabilité et la furie, la chute et à la collision, le foisonnement foutraque et… la panique !

Fanny Imbert – www.sceneweb.fr

Le Cimetière des voitures 
Texte : Fernando Arrabal
Mise en scène : Gil Galliot
Avec : Marjory Gesbert, Guillaume Geoffroy, Jérémy Lemaire, Clément Vieu, Fred Rubio et Pascal Castelleta
Scénographie : Alain Lagarde
Costumes : Chouchane Abello Tcherpachian
Création sonore : Thibault Caligaris
Lumières : Charly Thicot
Création : Oléa compagnie méditerranéenne

durée : 1h10

du jeudi 4 avril 2024 au dimanche 21 avril 2024
Théâtre de l’Epée de bois – Cartoucherie de Vincennes

8 avril 2024/par Fanny Imbert
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