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Au Théâtre des Champs-Élysées, le sacre de Joséphine Baker

A voir, Danse, Les critiques, Paris
Germaine Acogny dans Joséphine au Théâtre des Champs-Élysées
Germaine Acogny dans Joséphine au Théâtre des Champs-Élysées

Photo Cyprien Tollet

Premier opus d’une série d’événements mettant à l’honneur l’emblématique artiste : un solo qui porte son nom, créé et interprété par la danseuse et chorégraphe Germaine Acogny, se couple au mythique Sacre du Printemps de Pina Bausch donné par une troupe de danseurs africains.

C’est une rentrée originale qu’a concoctée le nouveau directeur général du Théâtre des Champs-Élysées, Baptiste Charroing, en programmant pour ouvrir sa première saison non pas un spectacle, mais toute une séquence multipliant les propositions autour de la figure iconique de Joséphine Baker. Intitulé « Osez Joséphine ! », le projet est un vaste hommage rendu à la chanteuse et danseuse des années folles, incontournable sur le plan artistique, car emblème de l’avant-garde, comme sur le plan politique. On célèbre cette année le cinquantenaire de sa disparition, mais surtout le centenaire de sa première apparition parisienne sur la scène du Théâtre des Champs-Élysées. C’était le soir du samedi 2 octobre 1925. Joséphine Baker, encore inconnue, se présentait dans la Revue Nègre, premier spectacle de music-hall exclusivement composé d’artistes afro-américains représenté dans la France coloniale de l’époque, et s’illustrait dans une « danse de sauvage » recevant une ovation et quelques quolibets.

Seule en scène, à 81 ans, Germaine Acogny relève le défi de faire revivre Joséphine Baker, sans pour autant s’effacer, si bien que leurs deux personnalités, leurs tempéraments bien trempés, leurs vécus, leurs valeurs se superposent et finissent même par se confondre. Elliptique, la pièce ne dure que trente minutes. Le format semble très resserré pour restituer, entre théâtre et danse, les péripéties et tribulations d’une existence aussi pleine que bouillonnante. La proposition ne prétend pas à l’exhaustivité, mais préfère l’évocation. Elle assume l’entière subjectivité du portrait réalisé. En commençant par la fin, à savoir les funérailles de Baker, Germaine Acogny monte lentement de la fosse d’orchestre pour regagner le plateau. Elle jette solennellement quelques fleurs sur le rideau de scène encore fermé. Puis, elle se livre à un énigmatique geste incantatoire qu’on dirait proche d’un rituel vaudou. Un vaste espace, magnifiquement éclairé, s’ouvre à elle. Il est aussi étendu que celui de la mémoire, et prompt à la réminiscence. Une poupée ashantie dans la main, Germaine Acogny fait revivre les fantômes. L’objet déposé au sol représente la fécondité. Plus tard, la pièce évoquera la générosité avec laquelle Joséphine Baker adoptera douze enfants.

Ce solo, créé avec le metteur en scène Mikael Serre et la danseuse, chorégraphe et performeuse Alesandra Seutin, représente Joséphine sans frivolité ni sentimentalité excessives. Il comprend même une certaine gravité. La contestation et l’opposition sont au cœur du propos qui se développe tout en douceur, mais ne s’exempte pas d’un geste provocateur : balancer une banane au parterre est à la fois un clin d’oeil à la ceinture portée par Baker, qui dansait quasiment nue, et se jouer, comme elle autrefois, des préjugés racistes. Ce qui prime véritablement est sa force de caractère, la combativité avec laquelle elle s’est imposée, est parvenue à lutter en faveur des droits civiques, à résister en servant activement la France Libre du Général de Gaulle, comme espionne, puis comme ambassadrice, à participer à la libération du corps des femmes, noires, et plus largement des minorités. Pour Germaine Acogny, évoquer Joséphine Baker ne pouvait se faire qu’à travers la représentation d’un corps guerrier. Elle troque donc le peignoir rose satiné à frou-frou de l’artiste pour se vêtir d’un uniforme d’armée. Et ainsi convoquer la figure de l’Amazone en se maquillant le visage et se livrant à un pas de danse inspiré des Agodji béninoises.

En deuxième partie, le collectif prend le dessus. Un nombre important de danseurs venus de 13 pays africains, et dont la plupart sont issus de l’École des Sables qu’a fondée Germaine Acogny au Sénégal, s’empare du Sacre du Printemps dans la version paroxystique de Pina Bausch. C’est, à nouveau, un renvoi à l’histoire de l’institution musicale de l’avenue Montaigne, puisque c’est dans ce lieu qu’a été créée en 1913 l’oeuvre de Stravinsky, chorégraphiée par Diaghilev, l’un des scandales les plus marquants de l’histoire de la musique moderne. Elle est interprétée aujourd’hui par l’ensemble Les Siècles.

Créé en 1975 par le Tanztheater Wuppertal, entré au répertoire du Ballet de l’Opéra de Paris en 1997, le chef-d’œuvre de Pina Bausch continue d’écrire sa légendaire histoire et de répandre sa virulente sauvagerie. De facture à la fois primitive et intemporelle, le rituel présenté demeure implacable de force, et c’est toujours un choc visuel que de voir son corps de ballet se mouvoir affolé, palpitant, sans répit, et pourtant parfaitement réglé. Les éléments naturels occupent une place prépondérante dans l’oeuvre de Pina Bausch. Cette fois, pas de champs de fleurs, de cascades d’eau, mais de la terre sèche et brune, si lisse au début, et qui finit totalement dévastée à force d’être foulée de la course folle et haletante des interprètes. La viscéralité corporelle des jeunes et beaux danseurs, hommes et femmes, dressés, face à face, puis réunis dans l’infernale ronde du désir et du sacrifice, met en avant tout l’érotisme et la violence que contient cette version magistrale.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Joséphine
Chorégraphie Germaine Acogny, Alesandra Seutin
Avec Germaine Acogny
Mise en scène, dramaturgie Mikael Serre
Musique originale Fabrice Bouillon-LaForest
Lumières, scénographie Fabiana Piccioli, Enrico Bagnoli
Costumes Paloma

Production Théâtre des Champs-Élysées
En collaboration avec les Productions Internationales Albert Sarfati / TranscenDanses

Le Sacre du Printemps
Chorégraphie Pina Bausch
Musique Igor Stravinsky
Avec Kouassi Rodolphe Allui, Dovi Afi Anique Ayiboe, Ugwarelojo Gloria Biachi, Khadija Cisse, Sonia Zandile Constable, Rokhaya Coulibaly, Inas Dasylva, Astou Diop, Loue Serge Arthur Dodo, Joannie Diane Christie Dossou, Yoro Pierre Marie Fallet, Adjo Delali Foli, Alexandre Garcia, Aoufice Junior Gouri, Manuella Hermine Kouassi, Tom Bazoumana Kouyaté, Profit Lucky, Vasco Pedro Mirine, Stéphanie Ndaya Mwamba, Sidnoma Florent Nikiéma, Shelly Tetely Ohene-Nyako, Brian Oloo, Harivola Rakotondrasoa, Oliva Randrianasolo, Tom Jules Samie, Amy Collé Seck, Pacôme Landry Seka, Carmelita Siwa, Amadou Lamine Sow, Kadidja Tiemanta, B Abdoul Aziz Zoundi
Orchestre Les Siècles
Direction musciale Giancarlo Rizzi
Scénographie et costumes Rolf Borzik
Collaboration Hans Pop
Direction artistique Josephine Ann Endicott, Jorge Puerta Armenta, Clémentine Deluy

Production Pina Bausch Foundation ; Écoles des Sables ; Sadler’s Wells
Coproduction Théâtre de la Ville, Paris ; Les Théâtres de la Ville de Luxembourg ; Holland Festival, Amsterdam ; Festspielhaus, St Pölten ; Ludwigsburg Festival ; Teatros del Canal de la Comunidad de Madrid ; Adelaide Festival ; Spoleto Festival dei 2Mondi
Le projet est financé par la Fondation culturelle de l’État fédéral allemand (Kulturstiftung des Bundes), le Ministère de la Culture et de la Science du Land Rhénanie-du-Nord-Westphalie, le Fonds de coproduction international du Goethe-Institut et soutenu par le Tanztheater Wuppertal Pina Bausch.

Durée : 1h35 (entracte compris)

Théâtre des Champs-Élysées, Paris
du 24 au 28 septembre 2025

26 septembre 2025/par Christophe Candoni
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