Dans une petite ville du sud des États-Unis, deux hommes noirs sont à tort accusés de viol. L’un est tué par Thomas, un citoyen américain blanc, l’autre s’enfuit et tente de se réfugier chez Lizzie, une prostituée toute juste arrivée en ville…
Le cousin du meurtrier, et son père, sénateur, vont alors tenter, par tous les moyens, de la persuader de fournir un faux témoignage : dire qu’elle a été violée par celui qu’ils appellent le « nègre »… Cela pour justifier la chasse à l’homme qui se déroule dans la ville -une chasse aux « nègres », en fait, comme ils le disent….- ; et sauver l ’assassin.
Mais en dépit des moyens utilisés pour l’en convaincre, la prostituée refusera de se parjurer.
Et quand l’homme noir viendra se cacher chez elle, elle lui tendra un revolver qu’il refusera de prendre : « Je ne peux pas tirer sur des Blancs », affirme-t-il. Il s’enfuit, au risque de se faire lyncher par la foule…
Dans cette pièce écrite en 1947, qu’il co-mettra en scène l’année suivante avec l’acteur fétiche de Buñuel : Julien Bertheau, Jean-Paul Sartre s’inspire largement de l’histoire des « Scottsboro Boys » : le viol de deux femmes blanches suivi d’une tentative de lynchage des suspects –des hommes noirs-, avant même leur inculpation, jurys intégralement blancs, justice expéditive… Une affaire survenue une quinzaine d’années auparavant, et considérée comme une étape importante de la lutte contre les discriminations et pour le droit à un procès équitable aux États-Unis.
« Avec La P… respectueuse de Jean-Paul Sartre, nous sommes dans l’Amérique des années 50, où l’on appelle les noirs : les « nègres ». Ceci pour le décor moral. Le décor d’une histoire où se mêlent sexe, racisme, pouvoir politique, manipulations en tousgenres. Cette Lizzie, jeune femme du peuple, va se trouver confrontée à tout cela, représentante à son corps défendant de tous ceux qui sont manipulés par les peu scrupuleux qui hantent les allées du pouvoir, et quel que soit le pays.
La pièce de Jean-Paul Sartre, moi qui suis plutôt camusien, est l’une des quelques pièces que depuis l’âge de 20 ans je rêve de monter. Alors pour l’anniversaire du Chêne Noir et en coproduction avec mon ami Michel Kacenelenbogen, directeur du Théâtre Le Public à Bruxelles, j’ai pensé qu’il était temps de le faire.
Cette pièce est d’une étonnante modernité. Et je serais tenté de dire : hélas ! Car le racisme sévit toujours aux États-Unis et cela n’est probablement pas le nouveau président de ce pays qui fera évoluer favorablement les choses. Mais la pièce est créée en France, à Avignon, avant Paris et une tournée internationale, et il me semble qu’elle nous parle aussi de nous. Et de tous les racismes, quels qu’ils soient. D’ailleurs, le rôle du « nègre » ne sera pas interprété par un comédien noir, mais par un acteur d’origine maghrébine, Mouloud Belaïdi. Le reste de la distribution est franco-belge, avec une pléïade de comédiens talentueux.
La P… respectueuse de Jean-Paul Sartre
Mise en scène et scénographie :
Gérard Gelas
Avec
Flavie Édel-Jaume,
Mouloud Belaïdi,
Mickaël Coinsin,
Patrick Donnay,
Guillaume Lanson,
Damien Rémy
Assistant à la mise en scène :
Guillaume Lanson
Lumières :
Gérard Gelas,
assisté de Florian Derval
Coproduction
Théâtre du Chêne Noir – Avignon /
Théâtre Le Public – BruxellesAvignon Off 2018
Du 6 au 29 juillet, sauf les lundis 9, 16 et 23 juillet
Théâtre du Chêne Noir
Salle Léo Ferré / Création Chêne Noir
19h15
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