Les présentations de saisons des théâtres privés parisiens se suivent et se ressemblent. Dans la morosité et la crise économique qui traverse le pays, les théâtres ne sont pas épargnés. En 2009 la fréquentation du privé à Paris est en baisse de 9,5%. Alors tous les moyens sont bons pour redresser la barre en favorisant des passerelles avec le subventionné (lire à la suite l’interview de Georges Terrey). Cette saison encore beaucoup de directeurs de théâtre continuent à proposer des textes exigeants. Hans Peter Cloos met en scène « Soulness le constructeur » d’Ibsen avec Jacques Weber et Edith Scob au Théâtre Herbertot. Michel Bouquet reprend « Le Roi se meurt » de Ionesco à la Comédie des Champs-Elysées. A Marigny, Pierre Lescure continue dans l’éclectisme : Michel Leeb et son « Philarmonic Show » va côtoyer la reprise de « La Fabbrica » (production du CDN de Nancy). Michel Fau replonge au Théâtre de la Madeleine, et après « Maison de Poupée » d’Ibsen, il s’attaque à « Nono » de Guitry avec Julie Depardieu.
Comme toujours les vedettes vont faire courir les foules. Patrick Bruel est de retour sur les planches au Théâtre Edouard VII dans « Le Prénom » de Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patelière. Frédéric Diefenthal endosse le rôle de Dustin Hoffman et Gwendoline hamon celui de Meryl Streep aux Bouffes Parisiens dans « Kramer contre Kramer ». Après « Détournement de Mémoire » le comédien Pierre Richard continue de se raconter avec « Franchise Postale » à la Pépinière Théâtre. Bertrand Blier a écrit une pièce sur notre rapport à la pauvreté et aux SDF : « Désolé pour la moquette » au Théâtre Antoine avec Myriam Boyer, Annie Duperey et Patrick Préjean. Jean-François Balmer sera Henry IV au Théâtre des Mathurins dans une pièce de Daniel Colas qui rend hommage au « bon Roi Henri ». Enfin Romane Bohringer et Didier Bénureau partageront l’affiche de la Pépinière Théâtre avec « Les amis du placard ». L’histoire d’un couple qui achète un autre couple, qui le met au placard et le sort quand il en a besoin ! Et on aura bien besoin de rire à la rentrée de septembre.
5 questions à Georges Terrey – Président du Syndicat des Directeurs et Tourneurs du Théâtre Privé
Le spectacle vivant est en crise. Est-ce qu’un rapprochement entre secteur privé et secteur subventionné est souhaitable ?
J’appelle de mes vœux des partenariats publics privés qu’il faut construire. Il faut travailler ces partenariats pour que nos deux modèles permettent à un spectacle d’être joué beaucoup plus et ainsi renforcer l’économie des deux secteurs.
Exemple ce que se passe en ce moment au Théâtre de la Madeleine avec « Le Solitaire » une coproduction La Madeleine/Nanterre ?
Oui mais il y a déjà eu beaucoup d’exemples par le passé. Roger Planchon est venu à la Porte Saint-Martin pendant de nombreuses années. L’essentiel est que ces partenariats soient pensés en amont pas des artistes et que ce ne soit pas imposé. Il faut que deux créateurs décident une production exploitable dans le public et dans le privé, chacun selon son modèle économique.
Comment expliquez-vous que les petites salles résistent mieux à la crise que vos adhérents ?
C’est difficile de ne pas résister à la crise quand on ne paye presque rien. Le théâtre privé est dans un modèle qui respecte tout. Beaucoup de salles en lowcost sont dans de la piraterie. Les salaires ne sont pas forcément payés, la sécurité n’est pas toujours. Un spectacle lowcost triche. Ce sont les artistes qui sont perdants, ce sont les techniciens et les auteurs. Dans le monde lowcost l’auteur qui est payé avec un pourcentage de la recette il a un droit réduit, les artistes ne sont pas payés et les techniciens encore moins.
Est-ce que vous estimez qu’il y a suffisamment de passerelles entre les publics du privé et du public ?
Je pense que le public qui se rend dans le subventionné est tout à fait sensible à la programmation de certains théâtres privés. Beaucoup de nos théâtres créent de jeunes auteurs ou des auteurs reconnus. Et le public a une très nette idée de la programmation. Il est très transversal. Le public est étranger à la barrière, et il doit le rester. Le public choisit d’abord d’aller voir une œuvre.
Vous avez perdu 300 000 spectateurs en 2009, est ce que vous avez espoir de les récupérer la saison prochaine ?
On avait mis trois ans à les récupérer après une première crise. On avait remonté patiemment jusqu’aux 3 millions 300 000. Je pense que notre défi est de les récupérer en moins de trois ans.
Propos recueillis par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Bonjour,
Fidèles spectateurs de pièces théâtrales parisiennes, nous nous permettons de vous faire part de nos suggestions.
Afin d’élargir la fréquentation des salles, pourquoi ne procéderiez-vous pas à la création de cartes spéciales d’abonnement, genre PASS, qui nous permettraient de bénéficier de réductions dans TOUS les divers Théâtres privés. Ne pensez-vous pas qu’il est grand temps de DEMOCRATISER le Théâtre ???
Merci de votre réponse.
Cordialement.
David