Binoche, Bouchaud, le couple fonctionne

Photos Christophe Raynaud De Lage

Mademoiselle Julie était le spectacle attendu du Festival d’Avignon 2011. Tous les regards étaient braqués sur la star de cinéma Juliette Binoche qui faisait son grand retour au théâtre. On ne l’avait plus vu en France depuis La Mouette en 1988 à l’Odéon (en 2008 elle avait interprété un duo chorégraphique avec Akram Khan). C’était donc un évènement pour le Festival  avec une forte pression sur ses épaules. « Le théâtre est passionnant, dit-elle. Mais il y a 500 caméras dans la salle qui vous regardent ! » Le spectacle est désormais en tournée.  

L’action de la pièce de déroule pendant la nuit de la Saint-Jean. Julie s’éclate au bal. Frédéric Fisbach, le metteur en scène utilise la moitié de l’espace en piste de danse. Derrière une grande baie vitrée, dans une forêt blanche, une quinzaine de figurants (tous originaires d’Avignon) se déhanchent au son d’un musique pop. Julie va et vient parmi eux, aguichante dans une robe lumineuse, toute dorée (Alber Elbaz pour Lanvin). Devant, dans la cuisine, toute aussi blanche et classieuse, Kirstin (Benedicte Cerutti ancienne élève du TNS) prépare la cuisine. Le dispositif scénique de Frédéric Fisbach est très cinématographique, tout comme sa mise en scène. Les scènes se succèdent entrecoupées de noirs.    

Le jeu de la séduction fonctionne parfaitement entre Julie et Jean. Juliette Binoche a trouvé en Nicolas Bouchaud le partenaire idéal. Le comédien, habitué au Festival d’Avignon, est une nouvelle fois à la hauteur, mouillant sa chemise (il en change trois fois) et porte le spectacle. Mademoiselle Julie, c’est un délire amoureux entre deux personnes qui ne peuvent pas s’aimer, leurs conditions respectives l’en empêchent. Dans ce rapport maître/valet, la perversité de Julie est parfaitement bien servie par Juliette Binoche. « Elle est souvent jouée comme une aristo, explique la comédienne, mais c’est une libérale, elle utilise la manipulation des classes. C’est un Hamlet féminin. » Pour Frédéric Fisbach la pièce est « une tragédie naturaliste. Il y a le goût du sang tout au long de la pièce ». La tension est palpable tout au long du spectacle, en enlevant des parties sans intérêt de la pièce, Frédéric Fisbach s’est attaché à décrire ce rapport, ce désir montant, qui s’achèvera par la disparition de Julie qui se jette dans le sol (bel effet de fin pour un mise en scène réussie).    

Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr    

MADEMOISELLE JULIE    

d’August Strindberg    

mise en scène Frédéric Fisbach     

scénographie et lumière Laurent P. Berger     

costumes Alber Elbaz pour Lanvin    

dramaturgie Benoît Résillot     

traduction Terje Sinding     

collaboration artistique Raphaëlle Delaunay    

avec Juliette Binoche, Nicolas Bouchaud, Bénédicte Cerutti et un chœur composé d’une quinzaine d’amateurs d’Avignon    

production Festival d’Avignon    

coproduction Odéon-Théâtre de l’Europe, les Théâtres de la Ville de Luxembourg, Théâtre Liberté de Toulon, Barbican London, La Comédie de Reims Centre dramatique national,    

CDDB-Théâtre de Lorient Centre dramatique national, France Télévisions, Compagnie Frédéric Fisbach    

action financée par la Région Île-de-France    

avec le soutien de la maison Lanvin et le soutien spécial de SPAC-Shizuoka Performing Arts Center    

Par son soutien, l’Adami aide le Festival d’Avignon à s’engager sur des coproductions.    

Mademoiselle Julie fera l’objet d’une Pièce (dé)montée, dossier réalisé par le Centre Régional de Documentation Pédagogique de Paris, disponible sur les sites internet du Festival d’Avignon et du CRDP de Paris.    

Un film du spectacle, réalisé par Nicolas Klotz, sera diffusé le 26 juillet par France 2 et projeté le soir même au Verger Urbain-V    

durée 2h20 – création 2011    

GYMNASE AUBANEL    

8 9 11 12 13 14 20 21 22 23 25 26 Juillet 2011 À 18H / 15 16 18 19 À 22H    

Tournée    

Du 17 au 20 avril 2012 – Comédie de Reims    

Du 26 au 28 avril 2012 – CDDB – Lorient    

Les 4 et 5 mai 2012 – Théâtre de la Ville de Luxembourg    

Les 11 et 12 mai 2012 – Théâtre Liberté de Toulon    

Du 18 mai au 24 juin 2012 – Odéon – Théâtre de l’Europe    

Du 20 au 29 septembre 2012 – Barbican à Londres