La metteuse en scène Géraldine Bénichou dévoile Fòs a kaz la, La force de ma case au coeur de la cité, un spectacle pluridisciplinaire qui révèle, à travers plusieurs témoignages, une histoire du décasement en Guadeloupe. Un conte poétique et musical porté avec élégance par l’autrice et slammeuse Myriam Baldus.
Sur scène, Myriam Baldus, bandana noir sur la tête, fait sonner une poésie percutante. Cette slameuse lyonnaise originaire de Pointe-à-Pitre en Guadeloupe fait partie de « cette génération de « ti moun » qui, un jour, en tenant fortement la main de leurs mères, ont quitté l’outre-mer ». Fòs a kaz la, La force de ma case au coeur de la cité s’ouvre sur les images d’une case abandonnée, envahie par la végétation, projetées sur un grand écran. C’est celle de Marcel, le grand-père de la slameuse, décédé en 2010, qu’elle découvrait il y a huit ans à l’occasion d’un concert en Guadeloupe. Cette habitation renferme des tableaux peints par son aïeul, son carnet de vie, une multitude d’objets activateurs de mémoire qui racontent sa vie d’ouvrier agricole dans un quartier populaire où régnait l’entraide. Un point de départ qui réveille les souvenirs d’enfance de Myriam Baldus et lui permet de déplier, avec la metteuse en scène Géraldine Bénichou, un ensemble de destins qui forment une histoire populaire de la Guadeloupe.
Sur une musique qui oscille entre gwo ka (un instrument de musique percussif traditionnel de Guadeloupe, qui donne son nom à un genre musical) et hip-hop, interprétée par Yannick Louis, alias « Yao », et exXÒs mètKakOla, Myriam Baldus slame en français et en créole. Elle y scande son enfance, son parcours au long de vers incisifs qui alternent avec des scènes jouées par Yannick Louis, conteur, qui apparaît en transparence derrière le grand écran, mais surtout avec des témoignages filmés des habitants et habitantes de ces cases et de leurs descendants. Ces entretiens deviennent un moyen de raviver le passé, en racontant le « décasement » des années 1970, considérable opération de relogement en Outre-Mer, où les habitants des cases ont notamment dû s’installer dans les immenses tours Gabarre à Pointe-à-Pitre, rompant avec leur mode de vie et leur communauté. Ils esquissent aussi une idée du futur où l’entraide continue d’exister, avec le témoignage d’un graffeur qui crée sur les cases et revient sur la solidarité qui existe dans sa communauté.
Alors que les récits personnels se déroulent, des pans méconnus de l’histoire des Outre-mer surgissent. Ces cases en tôle, abris fragile et précaires, s’affirment comme le symbole d’une communauté de travailleurs, de leurs luttes sociales, d’un héritage, mais surtout comme un moyen de continuer à se raconter des histoires. Car même après la disparition des cases, elles continuent d’exister dans les esprits et dans les cœurs.
Belinda Mathieu – www.sceneweb.com
Fòs a kaz la, La force de ma case au coeur de la cité
Conception et mise en scène Géraldine Bénichou
Écriture Myriam Baldus
Avec Myriam Baldus (slameuse), Yannick Louis (comédien et musicien) et exXÒs mètKakOla (compositeur et beatmaker)
Musique exXÒs mètKakOla
Témoignages vidéo Philippe Virapin
Traduction Yannick Louis
Dramaturgie Sylvain Bolle-Reddat
Graffs réalisés par Greeffe
Lumières Richard Fontaine
Son Pierrick ChauvetProduction Cie Théâtre du Grabuge
Coproduction L’Archipel, scène nationale de la Guadeloupe
Coréalisation Les Réfugiés Poétiques et l’AGIC
Soutiens DAC Guadeloupe, FEAC (fonds d’échanges artistiques et culturels pour l’Outre-Mer), DRAC et Région Auvergne Rhône-Alpes, Ville de LyonDurée : 1h05
Festival Sens Interdits
MUSÉE DES CONFLUENCES
Samedi 21 octobre 2023 – 20h
Dimanche 22 octobre 2023 – 17h
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