Le Cloud Gate Dance Theatre of Taiwan offre avec Formosa un dépaysement chorégraphique de bonne tenue à la Villette. Impressions.
Lin Hwai-min l’annonce presque comme un préambule à Formosa nouvelle création en date : ce sera sans doute son dernier grand ballet. Il pense à prendre du recul et pour le dire plus simplement à la vie d’après pour la compagnie qu’il fonda en 1973 à Taipei : Cloud Gate Dance Theatre of Taiwan. D’où sans doute un retour au mouvement, loin des opus comme le récent Rice un rien trop visuel.
Plutôt que des paysages de son île, Lin Hwai-min dit s’être inspiré des gens. Il y a une foule de situations, de simples marches, des combats dont un semble finir en chaîne humaine. Et comme souvent des instants d’une rare poésie à l’image de cette danseuse sur un pied alors qu’une voix –celle de Chiang Hsun– évoque une aigrette. L’envol n’est pas loin… De simples projections d’idéogrammes chinois servent de décor, parfois en nombre, ou juste un caractère posé au sol. Au final c’est une mer calme qui « engloutit » les danseurs. La gestuelle va de pas de deux en harmonie à un style plus acrobatique avec sauts comme à reculons et roulade au sol.
Pas de réelles surprises néanmoins : Lin Hwai-min quitte rarement son pré-carré chorégraphique. Le travail des bra3031s semble structurer la danse elle-même. On est sensible aux effets de groupe, une vingtaine d’interprètes, avalant une soliste. Une sorte de ressac en mouvement. Le point fort de Formosa est ailleurs dans une bande-son qui met en valeur les cultures des peuples autochtones de Taïwan. Ici un chant des Puyama dialogue avec une composition de Kaija Saariaho la finlandaise. Un voyage intérieur en résumé. Formosa manque sans doute d’un pic d’intensité. Il laisse une impression flottante tel un rêve éveillé. La troupe est de qualité. On la voudrait parfois moins technique, plus sensible. On imagine ce qu’un chorégraphe comme Sidi Larbi Cherkaoui pourrait faire de ces artistes accomplis. Lin Hwai-min auteur à ses débuts n’a peut-être pas encore écrit la dernière page de son histoire avec Le Cloud Gate Dance Theatre of Taiwan.
Philippe Noisette – www.sceneweb.fr
Cloud Gate Dance Theatre of Taiwan
Formosa chorégraphie Lin Hwai-min, direction musicale Liang Chun-mei
Formosa – Création 2017Du 30 mai au 2 juin à la Villette
En partenariat avec le Théâtre de la Ville
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