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Quand Shakespeare se met à table

A voir, Les critiques, Paris, Théâtre

Photo Hugo Glendinning

Résumer chacune des 36 pièces du dramaturge britannique en moins d’une heure est une prouesse. Les interpréter sur une simple table de cuisine avec des objets du quotidien en guise de personnages en est une autre. Avec « Complete Works: Table Top Shakespeare », Forced Entertainment remplit ces deux défis et repousse les frontières de la représentation.

Avant chaque performance, le même rituel. La tête plongée dans l’une des deux étagères disposées de part et d’autre de la scène, l’un des six comédiens de Forced Entertainment collecte avec le plus grand soin une petite batterie d’objets correspondant à la pièce de Shakespeare qu’il s’apprête à interpréter. Les bras chargés, il s’installe à une table de cuisine, tout juste éclairée par la lumière crue de quelques spots. Et c’est là que la curieuse entreprise commence.

Après s’être longtemps tenu à bonne distance du dramaturge britannique, figure aussi tutélaire qu’impressionnante pour tout théâtreux qui se respecte, le collectif a voulu adapter ses 36 pièces. Ou plus précisément les résumer, sous la forme de courtes performances qui ne dépassent jamais l’heure. Plutôt que de confier les rôles à des comédiens en chair et en os, la troupe, aux idées souvent farfelues, a préféré laisser des objets du quotidien faire le travail d’incarnation à leur place. Chez eux, le Roi Lear devient une bouteille de ketchup et le Fou un flacon de vinaigre balsamique ; le marchand de Venise, Antonio, une fine bouteille d’alcool et son fidèle protégé, Bassanio, un élégant chandelier ; Marc-Antoine une carafe imposante et sa dulcinée Cléopâtre une tasse raffinée. Ne reste plus au comédien assis à sa table qu’à donner vie à cette iconoclaste quincaillerie au gré des tours et des contours des intrigues shakespeariennes.

Dans son principe, le procédé peut sembler saugrenu, mais il se transforme, à l’épreuve des planches, en tour de force. Passée la surprise des premières minutes, se dévoile la finesse d’approche de ces comédiens devenus marionnettistes. Adapté au registre de chaque pièce, leur ton sait se faire léger, voire rieur, lorsque se dévoilent les subterfuges de « Peines d’amour perdues » ou du « Marchand de Venise », mais aussi plus dense pour exprimer le feu de la passion perdue entre Antoine et Cléopâtre. Emporté par leurs voix de conteurs, on en vient à se prendre d’affection pour cette bouteille Antonio menacée par la décision du pichet duc de Venise, à être subjugué par l’ingénieux coup de Trafalgar fomenté par les bouteilles de parfum Portia et Neressia, à compatir avec la douleur de cette tasse Reine d’Égypte devant la décomposition de sa carafe romaine.

Sans effet de manche scénique, qu’il soit lumineux ou musical, Forced Entertainment mise sur le talent de ses comédiens et la force de projection théâtrale pour embarquer son public. Non sans rappeler l’habileté d’un théâtre de marionnettes haut de gamme, leur performance désosse les dialogues shakespeariens autant qu’elle respecte les soubresauts de l’intrigue. A chaque travestissement, les bouteilles sont mises sens dessus dessous, à chaque visage masqué, les voilà retournées, pour permettre aux spectateurs de conserver cette longueur d’avance qui fait tout le sel de certaines pièces du grand Will.

Petite mise en garde, toutefois, à l’attention des moins anglophones : ces 36 pièces sont intégralement en version originale non sur-titrée – la part d’improvisation propre à chaque comédien empêchant de graver toute traduction dans le marbre – mais, à l’image des objets, la langue utilisée est, loin de l’anglais élisabéthain, celle du quotidien. Une facilité de compréhension qui prouve que le charme shakespearien franchit avec la même aisance la barrière des siècles et celle des langues.

Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr

Table to Shakespeare
Conçu et créé par Forced Entertainment
Mise en scène, Tim Etchells
Texte, Robin Arthur, Tim Etchells, Jerry Killick, Richard Lowdon, Claire Marshall, Cathy Naden, Terry O’Connor
Avec Robin Arthur, Nicki Hobday, Jerry Killick, Richard Lowdon, Cathy Naden, Terry O’Connor
Scénographie, Richard Lowdon
Son et lumières, Jim Harrison

Production Forced Entertainment
Coproduction Foreign Affairs – Berliner Festspiele ; Theaterfestival Basel
Coréalisation Théâtre de la Ville-Paris ; Festival d’Automne à Paris
Spectacle créé le 25 juin 2015 au Berliner Festspiele
En partenariat avec France Culture

Durée : de 45 minutes à 1h par spectacle

Espace Cardin du Théâtre de la Ville-Paris dans le cadre du Festival d’Automne à Paris
Du 7 au 16 octobre 2021

7 octobre 2021/par Vincent Bouquet
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