Folie Courteline – Les Marionnettes de la vie rassemble cinq courtes pièces de Georges Courteline. Des pièces drôles, rapides, méchantes, voyageant entre la comédie de mœurs et le burlesque, voire la farce. Cinq pièces écrites entre 1896 et 1906, choisies parmi la centaine dans lesquelles Courteline ausculte notre humaine humanité avec un comique impitoyable, une empathie communicative et une fantaisie sans limite. A travers elles, un défilé de personnages saisis et précipités dans une succession de situations qui font exploser allègrement la convention sociale, l’apparente normalité.
Courteline situe toutes ces pièces dans un cadre rassurant, intérieurs bourgeois ou café de province, mais il suffit de peu pour que ce monde bien ordonné vacille et vrille : un symptôme inquiétant, d’introuvables allumettes, la tradition des étrennes, les retrouvailles de deux acteurs, l’arrivée d’un profiteur chez de paisibles bourgeois…
Les cinq pièces se jouent dans un décor unique : un salon bourgeois plongé dans la nuit. Truqué, machiné, cet espace-boîte surligné par une rampe à la face, constitue un cadre resserré qui crée l’équivalent d’un gros plan cinématographique. Les projecteurs à vue suggèrent l’idée d’un lieu mis sous observation avec la complicité du public.
De l’esthétique naturaliste pratiquée à l’époque de Courteline la scénographie ne retient que quelques traces signifiantes : la matérialité des éléments du décor se limite à ceux qui seront manipulés par les acteurs. Pour les autres, signes visuels, d’identité de lieu ou d’époque elle n’est que suggérée. Ainsi les portes, indispensables à la mécanique comique du vaudeville, sont construites en solide mais leur apparence extérieure est produite par une image, elle-même reproduction numérique d’une peinture en trompe-l’œil de Charles Matton4.
La scénographie s’est nourrie de la contrainte d’une tournée dans des lieux multiformes, souvent sommairement équipés. Les contraintes techniques et spatiales de ces lieux ont inspiré en particulier le parti de traiter le salon bourgeois comme objet, plutôt que lieu reconstitué : une sorte de castelet pour comédiens qui, par des proportions volontairement réduites, implique des déplacements et une gestuelle particuliers.
Entre cette forme théâtrale d’écriture et l’espace de sa représentation, il m’a semblé qu’un léger décalage stimulerait sa mise en relief, donnant peut-être à l’effet d’excès orchestré par Courteline, une dimension plus étrange, voire inquiétante que caricaturale. Extrait de la note d’intention de Muriel Trembleau – scénographe.
Folie Courteline
Les Marionnettes de la vie
Création
Théodore cherche des allumettes (1897)
Le Droit aux étrennes (1896)
Le Petit Malade (1905)
Les Boulingrin (1898)
Les Mentons bleus : scènes de la vie de cabots (1906)
de Georges Courteline
mise en scène Ivan Grinberg
avec Damien Bouvet, Stéphan Castang, François Chattot, Marion Lubat et Alice Caubit à la clarinette
musique Marc-Olivier Dupin, chansons Ivan Grinberg et Marc-Olivier Dupin
scénographie Muriel Trembleau
chorégraphie Cécile Bon
costumes Marie Meyer
régie générale Félix Jobard
lumières Victor Dos Santos
son Jean-Marc Bezou
régie plateau François Douriaux
régie des choses Pascal Fellman
lancer de texte Louise Grinberg et Joséphine Gelot
ressassage Adeline Moncaut
avec la complicité pyrotechnique de Jeff Yelnik (groupe F)
Production Théâtre Dijon Bourgogne – CDN
du 16 au 20 octobre 2012,
Salle Jacques Fornier, 30 rue d’Ahuy – Dijon
(en semaine à 20h, le samedi à 17h)
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