Trente ans après le génocide de 1994, la création artistique du Rwanda est au coeur de la programmation à Chaillot – Théâtre national de la Danse, à Paris, de jeudi à samedi, avec de la danse mais aussi du cinéma, des concerts ou des lectures.
Des artistes de plusieurs générations sont invités, « avec l’ambition de rendre compte de l’exceptionnelle vitalité artistique d’un pays qui a connu l’une des plus importantes tragédies du XXe siècle », indique le théâtre, qui a initié en 2022 une coopération avec le Rwanda et l’Institut Français de Kigali.
Dorothée Munyaneza, chorégraphe franco-rwandaise associée à Chaillot depuis 2021, présente deux spectacles: Umuko, avec cinq jeunes danseurs et musiciens, et Toi, Moi, Tituba, à partir d’un texte de la philosophe Elsa Dorlin. Dans ce solo, elle entend « rendre sensibles toutes (les) vies bafouées par le système colonial ». L’artiste, auteure de pièces mêlant théâtre, danse et chant, a quitté son pays à l’été 1994, année du génocide contre la minorité tutsi orchestré par le régime extrémiste hutu (plus de 800.000 morts entre avril et juillet), pour s’installer avec sa famille en Angleterre. Dans une précédente création, Unwanted, présentée au Festival d’Avignon en 2017, elle s’attaquait à un tabou: les enfants nés des viols pendant le génocide.
Est aussi prévue une lecture de Hewa Rwanda. Lettre aux absents (paru en mars, éd. JC Lattès) écrit par Dorcy Rugamba, qui a perdu ses parents et six de ses frères et sœurs lors du génocide, par Gaël Kamilindi, acteur de la Comédie-Française né en République démocratique du Congo d’une mère rwandaise.
Autre rencontre, celle programmée avec Beata Umubyeyi Mairesse, Franco-Rwandaise vivant à Bordeaux, qui a témoigné dans un livre, Le convoi (paru en janvier, Flammarion). Elle avait 14 ans quand le génocide a commencé.
Au cinéma, la projection du film documentaire « Didy » montre le voyage de Gaël Kamilindi (accompagné de son co-réalisateur François-Xavier Destors) sur les traces de sa mère Didy, décédée lorsqu’il avait cinq ans. Un portrait dans lequel « il fait dialoguer des archives bouleversantes avec les souvenirs des survivants », selon le théâtre.
Sont par ailleurs programmés des concerts de Diana Teta (folk, jazz, pop), DJ Binghi (trap) ou encore de Tanya Auclair (électro).
Côté mode, enfin, sont à voir les défiles de Moses Turahirwa (sous la marque « Moshions »).
Karine Perret © Agence France-Presse
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