Fin de partie pour le Théâtre de l’Unité
Fondé en 1968 par Jacques Livchine, Hervée de Lafond et Claude Acquart, et installé depuis 1991 dans le Doubs, le Théâtre de l’Unité, compagnie pionnière du théâtre de rue en France, tire sa révérence.
L’émotion et les larmes d’Hervée de Lafond, lors de la dernière représentation le 3 juillet, en disent long. Après avoir été le fer de lance du théâtre de rue pendant des décennies, et toujours un poil à gratter envers le pouvoir, le Théâtre de l’Unité quitte la scène artistique.
Fondée le 22 mars 1968, pendant la grève générale en France, par Jacques Livchine, la compagnie est vite rejointe par Hervée de Lafond et Claude Acquart. Elle écume alors les usines et lycées occupés. Son nom est emprunté à une troupe de cheminots anglais, le Unity Theatre, qui a posé ses valises près de la tombe de Karl Marx à Londres et fait vivre le théâtre des « jeunes gens en colère ».
En 1978, le théâtre s’installe à Saint-Quentin-en-Yvelines. Il y crée, en 1983, Le Carnaval des Ténèbres. Leur spectacle le plus emblématique, La 2cv-théâtre, est devenu une référence.
En 1991, Jacques Livchine est nommé directeur de la Scène nationale de Montbéliard. Le Théâtre de l’Unité imagine de grands rendez-vous populaires, qui ont marqué l’histoire du Pays de Montbéliard, notamment le Réveillon des Boulons. En 2000, la troupe s’installe à Audincourt.
En 2024, Hervée de Lafond est l’une des commissaires de « Montbéliard, capitale française de la culture ». Lors de l’inauguration, elle interpelle Gabriel Attal, alors Premier ministre, n’hésitant pas à le tutoyer. « Tu es venu en avion alors qu’il y a un TGV, tu te prends pour qui ? Pour le Premier ministre ? », lui lance-t-elle, avant de pointer l’absence de la ministre de la Culture, Rachida Dati, ou encore les 200 millions d’euros d’annulation de crédits pour le ministère de la Culture en 2024. « On m’avait dit que la soirée s’appelait Joyeux Bazar, je confirme », avait rétorqué le Premier ministre. De nombreux élus du Pays de Montbéliard ne digèrent pas ce geste artistique. Hervée de Lafond est convoquée par un conseil d’élus et le comité directeur du label Capitale Française de la Culture.
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