Les jeunes gens autistes du Futur Composé ont acquis une réputation. Le fait qu’ils soient musiciens, peintres ou comédiens ne constitue pas en soi une chose extraordinaire. Ce qui l’est en revanche davantage c’est que certains d’entre eux pratiquent toutes ces disciplines avec un savoir-faire remarquable.
« D’accord, c’est très bien, mais ce n’est malheureusement pas pour mon fils ou ma fille. »
Et bien si ! !
« Comment pouvez vous, lors des admissions des handicapés dans vos établissements, sélectionner des musiciens, des peintres ou des comédiens ou des jeunes susceptibles de le devenir ? Rien de tel évidemment…Partout, les critères d’admissions sont les mêmes et concernent le type de handicap, le lieu de résidence etc… (et pas du tout le rapport au si bémol ou au bleu de Prusse…)
Alors il faut bien l’admettre : ce sont les prises en charge qui font le reste.
Autre question : « y a-t-il une ligne de fracture, pour les résultats, entre les institutions qui sont partisanes des méthodes de pédagogie comportementalistes et celles qui penchent davantage vers les références psy » ? Désolé, la réponse est non !
Ces deux options dont les partisans s’égorgent par médias interposés, font route commune de façon pacifique et constructive au sein du Futur Composé…
Alors si des jeunes gens aussi marginalisées et réputés déficitaires (dits « incapables majeurs ») parviennent à de tels, résultats, alors de façon plus général, tous « les réputés cancres » ne le pourraient ils pas, eux aussi… ? Désolé encore, la réponse est très probablement oui !
Cela risque un peu de relativiser le mérite des jeunes gens handicapés, mais permet de mieux centrer le problème : En cas d’échec des handicapés ou des réputés « cancres » de nos écoles, la question se pose de savoir s’il s’agit exclusivement de leurs carences, ou aussi de notre « incapacité majeure » à répondre à leurs besoins ?
Les références intellectuelles et éthiques du Futur Composé reposent sur ces questionnements ainsi que sur la volonté de dépasser la sempiternelle « tolérance de la différence » pour affronter « la tolérance de la similitude » c’est-à-dire accepter d’avoir des points communs avec les plus faibles d’entre nous. Condition nécessaire pour pouvoir partager quelque chose avec eux, la scène par exemple…
Comment dépasser le don (la charité) aux personnes en difficulté pour accepter de recevoir ce qu’ils peuvent nous offrir ?
Mais revenons justement à la façon dont sont accueillis les jeunes gens dans les établissements fédérés par le Futur Composé. Toutes ces institutions sont très différentes, mais toutes ont une ouverture réelle s’appuyant sur une pluridisciplinarité authentique (pas seulement dans les domaines convenus).
Remarquons par exemple qu’elles participent pour une bonne part d’entre elles, à un réseau de recherche génétique, malheureusement unique au monde, qui obtient des résultats majeurs, en collaboration avec les services de l’hôpital des enfants malades à Paris; ainsi qu’à bien d’autres projets. Ce n’est évidemment pas le fait du hasard, mais celui d’une volonté d’éclairer le problème par des feux multiples.
Et à ce titre, les feux de la rampe ne constituent pas des bouts de chandelle…
C’est pourquoi, il est grand dommage que les médias s’abstiennent, à quelques exceptions près, de convoquer à débattre publiquement, en chair et en os, avec ceux et celles, qui dans la réalité contribuent à faire exister ce festival :
– Pouvoirs publics
– Spécialistes (psychiatre, psychologue, généticien, neurobiologiste etc.)
– Équipes de terrain (éducateurs, pédagogues etc.)
– Artistes (y compris nos jeunes gens)
– Directeurs de salle de spectacle et d’institutions culturelles
– Familles
– Directeurs d’établissements
– Banquiers et autres mécènes
– Parrains et marraines du festival
Nos partenaires appartiennent donc tous à cette liste (non exhaustive) et se tiennent disponibles vis-à-vis de la presse. Certains sont très connus du grand public d’autres pas du tout !
Le Festival du Futur Composé offre une occasion précieuse de décloisonner les débats, d’assumer nos ignorances, mais aussi de découvrir et de valoriser des savoir-faire complémentaires et diversifiés.
Gilles Roland-Manuel
Médecin psychiatre
Fondateur et Président du Futur Composé
Le Futur Composé rayonnera sur Paris
Du 17 mai au 30 juin 2016Le Festival sera inauguré dans les grands salons de l’Hôtel de Ville de Paris, le 17 mai « le bal des chimères », animations construites autour des potentiels artistiques de chaque institution spécialisée partenaire, qu’il s’agisse de théâtre, de musique, de chorégraphie, d’art plastique mais également la réalisation de costumes, de masques ou autres. Mise en scène Guillaume Caubel / 14 institutions participent.
Il se poursuivra au Théâtre des Variétés du 3 au 7 juin pour 4 représentations exceptionnelles « Traviata’s Company », opéra-ballet écrit par Gilles Roland-Manuel, avec plus de 60 artistes autistes ou pas, nouvelle création. Les répétitions avec les 13 institutions ont débuté au Carreau du Temple en novembre 2015. Mise en scène Johanna Boyé / 12 institutions participent
Le 14 juin, au Carreau du Temple, un spectacle de l’ESAT La bulle bleue (Montpellier) « La jeune femme à la licorne ». Mise en scène de Marion Coutarel.
Concerts au Théâtre Monfort le 29 et 30 juin avec 4 groupes de musiciens, Percujam, le Collectif Astéréotypie, Les Pachas et Les Harry’s. Certains d’entre eux, jouent sur les meilleures scènes parisiennes avec les plus grands (Tryo, Moriarti, Grand Corps Malade, Larukétanou, Ben l’Oncle Soul, Fantasio…). 4 institutions : Alternote, Alternance 92, Alternance 75, HDJ d’Antony.
Puis du 24 mai au 09 juin, une exposition mettra à l’honneur 4 artistes autistes et une salle consacrée à la production de Zig Zag Color à la Mairie du 13eme. Vernissage prévu le 24 mai, avec des animations, vidéo, musiciens, buffet (association Couleur K’fête et Zig Zag Color).
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !