Voilà enfin le Festen de Cyril Teste, très attendu après le succès de Nobody. Le metteur en scène et le collectif MxM entrent dans la cour des grandes compagnies théâtrales avec cette production présentée à l’Odéon-Berthier et une tournée de six mois.
Orphée ramenant Eurydice des enfers, le tableau de Corot est l’un des seuls éléments de décoration de l’intérieur des Klingenfeldt. La caméra explore la toile . C’est le premier plan de cette version théâtre/cinéma de Festen. Une forme de narration qui est désormais la marque de fabrique de Cyril Teste. Les comédiens sont filmés en permanence par deux opérateurs de prise de vue. Le film – réalisé en direct – est projeté au dessus de la scène. Si dans Nobody, les comédiens étaient séparés du public par une vitre, ici ils sont en prise directe avec la salle. Quatre spectateurs ( sélectionnés auparavant – car il faut être habillé) sont invités à rejoindre la table des Klingenfeldt pour fêter l’anniversaire de Helge, le père. Ils partagent le repas imaginé par le chef Olivier Théron, servi pendant les deux heures du spectacle. Un effet qui n’ajoute pas grand-chose à la dramaturgie, ça fait un peu gadget.
Festen est un film culte, dont on connaît les moindres rebondissements, et malgré cela on parvient à être surpris car Cyril Teste a su trouver une force dramatique qui dépasse l’exercice de style cinématographique. Il met plus de théâtre que dans Nobody, notamment lors des scènes clefs. Quand Christian prend la parole au cours du repas pour dénoncer les agissements de son père, on sait ce qu’il va se passer. Et pourtant notre sang se glace une nouvelle fois et des frissons parcourent le corps. C’est très fort. L’intensité dramatique est plus forte que dans le film, car Cyril Teste traite cette version de Festen comme un drame shakespearien. Christian Klingenfeldt est une forme de Hamlet du 21ème siècle.
Festen raconte le malaise d’une société avec des thèmes d’actualité : le racisme, l’inceste, les violences faites aux femmes. C’est aussi une pièce sur l’absence et le deuil. Et contrairement au film, Cyril Teste fait apparaître grâce à l’image, le fantôme de Linda la sœur décédée – ce qui accroît encore un peu plus le côté dramatique de ce spectacle. Linda hante le plateau.
Finalement on a oublié l’image et le côté grandiloquent de la scénographie pour se concentrer sur le jeu des acteurs. Hervé Blanc, le père est fantastique. Mathias Labelle, Christian, est le catalyseur magnétique de cette purge familiale. Avec cette version de Festen et sa débauche de moyens techniques, Cyril Teste et le collectif Mxm rendent hommage au théâtre et au cinéma. Comme quoi les deux arts peuvent faire bon ménage.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Festen
Création automne 2017
Texte Thomas Vinterberg et Mogens Rukov • Adaptation Bo. Hr. Hansen • Adaptation française Daniel Benoin • mise en scène Cyril Teste • avec Estelle André, Vincent Berger, Hervé Blanc, Sandy Boizard ou Marion Pellissier, Sophie Cattani, Bénédicte Guilbert, Mathias Labelle, Danièle Léon, Xavier Maly, Lou Martin-Fernet, Ludovic Molière, Catherine Morlot, Anthony Paliotti, Pierre Timaitre, Gérald Weingand et la participation de Laureline Le Bris-Cep • collaboration artistique Sandy Boizard et Marion Pellissier • scénographie Valérie Grall • illustration olfactive Francis Kurkdjian • conseil et création culinaire Olivier Théron • création lumière Julien Boizard • chef opérateur Nicolas Doremus • cadreur Christophe Gaultier • montage en direct et régie vidéo Mehdi Toutain-Lopez • compositing Hugo Arcier • musique originale Nihil Bordures • chef opérateur son Thibault Lamy • régie générale Simon André • régie plateau Guillaume Allory • construction Atelier Förma • régie costumes Katia Ferreira • administration, production et diffusion Anaïs Cartier, Florence Bourgeon et Coline Dervieux • © photos James Kerwin
Production Collectif MxM • Production déléguée Bonlieu Scène nationale Annecy • Avec le soutien de la Fondation d’entreprise Hermès dans le cadre de son programme New Settings • Coproduction MC2:Grenoble, Théâtre du Nord CDN de Lille Tourcoing Hauts-de-France, La Comédie de Reims CDN, Printemps des Comédiens, TAP Scène nationale de Poitiers, Espace des Arts Scène nationale Chalon sur Saône, Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines Scène Nationale, Lux Scène nationale de Valence, Célestins-Théâtre de Lyon, Le Liberté Scène nationale de Toulon, Le Parvis Scène nationale Tarbes Pyrénées, Théâtre de Cornouaille Scène Nationale de Quimper Centre de création musicale. Résidence Ferme du Buisson / Scène Nationale de Marne la Vallée • Avec le soutien du DICRéAM, de KKDC, d’agnès b., de Olivier Théron – Traiteur & Evènements et de la Maison Jacques Copeau
Remerciements Anne Carpentier, Ramy Fischler, Delphine Pinet, Lucie Pollet, Ecole Hôtelière de Paris Lycée Jean-Drouant
Les Auteurs sont représentés dans les pays francophones européens par Renauld & Richardson, Paris (info@paris-mcr.com) en accord avec l’Agence Nordiska ApS, Conpenhague, Danemark.
Durée: 2hTournée 18/19
Scène nationale d’Albi (81) • • • les 6 et 7 décembre
Le Grand R, SN la Roche sur Yon (85) • • • les 9 et 10 janvier
Le Grand T, Nantes (44) • • • du 15 au 18 janvier 2019
Maison de la Culture, Amiens (80) • • • les 22 et 23 janvier
Equilibre-Nuithonie, Fribourg (CH) • • • les 8 et 9 février
Théâtre Vidy, Lausanne (CH) • • • du 13 au 16 février
Espaces Pluriels, Pau (64) • • • les 6 et 7 mars
La Coursive, SN la Rochelle (17) • • • les 13 et 14 mars
Théâtre les Quinconces, Le Mans (72) • • • les 26 et 27 mars
Scène nationale du Sud Aquitain, Bayonne (64) • du 2 au 4 avril
Théâtre Sénart, Lieusaint (77) • • • du 16 au 19 avril
Le Volcan, SN le Havre (76) • • • les 24 et 25 avril
La Rose des Vents, SN Villeneuve d’Ascq (59) • du 09 au 11 mai
CDN Orléans (45) • • • les 15 et 16 mai
Festival Perspectives, Sarrebruck (De) • • • les 14 et 15 juin
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