Spectacle familial et interactif qui active les pouvoirs de la magie en même temps qu’il les démystifie, FauxFaire FauxVoir, conçu par Thierry Collet, joue à plein la carte de la proximité. Une expérience à moitié convaincante.
Thierry Collet s’est fait un nom dans la magie contemporaine à force d’en dévoiler les dessous tout en préservant sa capacité à nous émerveiller. Une démarche éminemment politique, et revendiquée comme telle, dans un monde où la quête du profit autorise bien des tours de passe-passe et où la généralisation des écrans dépasse d’ores et déjà le pouvoir des mentalistes pour pénétrer nos secrets, nos pensées, nos vies. Depuis longtemps maintenant, il déploie donc des spectacles à la fois magiques et instructifs, qui révèlent certains trucs – détournement de l’attention, jeux sur les perceptions… – qu’utilisent les magiciens, et explore particulièrement les pouvoirs des nouvelles technologies. « Devenons actifs face à la fabrique des faux-semblants en ingérant un peu de poison pour développer des anticorps », propose sa dernière création, FauxFaire FauxVoir. Elle annonce ainsi s’inscrire dans la droite ligne de ses précédents spectacles.
À titre binaire, spectacle en deux parties. La première divise le public en trois groupes pris en charge successivement par chacun des trois magiciens : Soria Ieng, Nicolas Gachet et Thierry Collet. On se disperse à travers le théâtre, on part comme en classe pour de petits exercices pratiques de magie qui, notamment, vont nous permettre de découvrir, pour sa partie la plus piquante, comment nos cerveaux travaillent à déformer le réel en le recouvrant des perceptions qu’il anticipe. Sympathiques et dynamiques, ces travaux dirigés déploient aussi quelques tours dont on peut deviner la mécanique et rendent ainsi le spectateur apte à traquer les mystifications. Dans le rapport de proximité, les récits des magiciens, qui relatent quelques-unes de leurs expériences, dévoilent des trucs qu’on se dit qu’on refera à la maison. Le prestige du prestidigitateur, volontairement, se défait, même si des mystères demeurent.
Retour en salle pour la seconde partie. Après le faire, le voir. Le spectateur retrouve son siège, ses repères et, sur scène, Thierry Collet et ses acolytes renouent avec le spectaculaire. En cinéma pour commencer, grâce à un étonnant court-métrage de 1947, signé J.K. Raymond-Millet, inspiré de Barjavel, qui, en imaginant la société envahie de petits téléviseurs portables, semble préfigurer notre présent. Du smartphone à l’IA en passant par le hacking du wifi, Thierry Collet ouvre ainsi la porte de ce domaine des nouvelles technologies qu’il aime tant explorer. Mais, c’est pour aussi vite le refermer, au long d’un bouquet final qui revient à une forme d’artisanat de la magie, à une distribution supposément aléatoire de cartes à une multiplicité de spectateurs, dont on va retrouver pour chacun laquelle il détient. Un peu long à mettre en place et pas franchement ébouriffant, ce dernier numéro a quelque chose d’une magie à la papa, se dit-on. Dans la cohérence d’un spectacle qui joue à plein la carte de la proximité et de l’interaction, mais perd ainsi quelque peu de sa force d’entraînement.
Eric Demey – www.sceneweb.fr
FauxFaire FauxVoir
Conception et effets magiques Thierry Collet
Avec Soria Ieng, Nicolas Gachet, Thierry Collet
Collaboration artistique Cédric Orain
Assistant magicien Nicolas Gachet
Lumières Yann Struillou
Son Dylan Foldrin
Régie générale et construction Franck Pellé
Régie de tournée : Franck Pellé, en alternance avec Yann Struillou et Florian D’Arbaud
Collaboration artistique et technique Romain Lalire, Dylan Foldrin
Réalisation d’éléments du décor Les ateliers Jipanco et CieProduction déléguée Compagnie Le Phalène / Thierry Collet
Coproduction La rose des vents – Scène Nationale de Lille Métropole Villeneuve d’Ascq, Scènes Vosges, La Garance – Scène Nationale de Cavaillon, Maison de la Culture d’Amiens, La Villette – Paris, La Comète Scène Nationale de Châlons-en-Champagne, Le Grand R – Scène Nationale de La Roche-sur-Yon, CdbM – Centre des Bords de Marne
Soutiens Les Théâtres de Maisons-AlfortThierry Collet est artiste associé à la Maison de la Culture d’Amiens, à Scènes Vosges et à La rose des vents – Scène Nationale Lille Métropole Villeneuve-d’Ascq. La compagnie Le Phalène est conventionnée par la Direction Générale des Affaires Culturelles d’Île-de-France et reçoit le soutien de la Région Île-de- France et de l’aide à la résidence création de la Ville de Paris.
Durée : 1h30
À partir de 13 ansVu en septembre 2025 aux Théâtres de Maisons-Alfort
La Comédie de Valence, CDN Drôme-Ardèche
du 6 au 8 octobreLa Scène de Recherche Paris-Saclay
le 11 octobreScènes Vosges, Théâtre de La Rotonde, Thaon-les-Vosges
les 13 et 14 octobreL’Azimut – Théâtre La Piscine, Châtenay-Malabry, dans le cadre de La Nuit du Cirque
les 11 et 12 novembreThéâtre-Cinéma de Fontenay-le-Fleury
le 14 novembreMaison de la Culture d’Amiens
les 6 et 7 décembreCDN de Normandie-Rouen
les 9 et 10 décembreLe Grand R, Scène nationale de La Roche-sur-Yon
les 7 et 8 janvier 2026Théâtre de la Coupe d’Or, Rochefort
les 27 et 28 janvierEspace Germinal, Fosses
le 3 févrierScènes et Cinés – Espace 233, Istres, dans le cadre du Festival Les Élancées
le 12 févrierThéâtre de Sartrouville et des Yvelines – CDN
les 19 et 20 févrierThéâtre Nouvelle Génération – CDN Lyon
du 26 au 28 févrierEspace Culturel Saint-Grégoire, Munster
les 10 et 11 marsLa Brèche – Pôle national cirque de Normandie, dans le cadre du Festival SPRING, en partenariat avec Le Trident, Scène nationale de Cherbourg-en-Cotentin
les 18 et 19 marsLa rose des vents, Scène nationale de Lille Métropole-Villeneuve-d’Ascq, dans le cadre du Festival 100% Magie
les 8 et 9 avrilVisages du Monde, Cergy-Pontoise
le 17 avrilLa Villette, Paris
du 5 au 9 mai






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