Sur scène, M. Cousin, évolue seul, confiné dans un espace qui pourrait être un petit studio. Nous suivons le personnage dans ses activités quotidiennes, de son lit à son bidet en passant par sa table de cuisine. Il projette parfois des images sur le store d’une fenêtre aveugle, seule ouverture sur le monde extérieur, et nous entraîne avec lui dans le labyrinthe de ses pensées.
Nous y croisons un chef de bureau omniscient, un curé rescapé de guerre, une souris blanche, une voisine délicate, un voisin agressif et Melle Dreyfus… Et un grand python « Gros câlin » Gros-Câlin est une fable tragi-comique sur la solitude de l’homme moderne, un cri d’alarme contre la déshumanisation de la société. C’est un texte qui traite avec sensibilité et lucidité de sujets difficiles tels que l’isolement, la xénophobie, la solitude, la souffrance au travail et l’appauvrissement des relations humaines. J’ai voulu explorer comment le repli sur soi et la déshumanisation peuvent entraîner une confusion entre la réalité et la fiction.
M. Cousin, véritable écorché vif, brutalisé par la réalité du monde moderne, marche en équilibre sur la frontière entre l’imagination et la folie. Cet exercice va peu à peu l’entraîner à se confondre avec le python qu’il a adopté, jusqu’à opérer une véritable mue. Dans Gros-Câlin, premier livre écrit sous le nom de plume d’ « Emile Ajar », Gary accomplit une véritable métamorphose d’écrivain. Il s’invente un nouveau style. Tel son auteur, qui refusait d’être défini « une fois pour toute », M. Cousin, dans sa lutte pour demeurer humain, préfère se transformer plutôt que d’avoir à décliner une identité. Dans ma direction d’acteur, j’ai souhaité transmettre la force humoristique du texte.
La langue de Romain Gary est inventive, percutante, et extrêmement fluide. Nous avons voulu, le comédien et moi, restituer avec précision cette langue, son rythme, son intelligence et son humour. Enfin, ce qui m’a frappée et qui me semble extrêmement visionnaire dans ce texte de Gary, c’est qu’il est un véritable plaidoyer pour le « retour à la nature ». En effet, la fin « écologique » du spectacle, où Gros-Câlin se rend au palais de la découverte pour haranguer la foule, avant de murmurer : «A bas l’existoir!», interroge bel et bien les rapports de l’homme avec l’environnement. Il nous met en garde sur la menace que représentent nos modes de vie modernes et qui pourrait faire de nous une espèce en voie d’extinction !
Gros Câlin
D’après l’oeuvre de Romain Gary (Emile Ajar)
Adaptation et mise en scène : Julie Roux
Jeu : Etienne Durot
Création lumière : Thomas Rizzotti
Scénographie et costumes : Aurélie Lemaignen
Création vidéo : Clément Chebli
Création musique et musique live : Yann PompidouLa compagnie Cipango est conventionnée par la DRAC Bourgogne Franche-Comté
Du 23 janvier au 16 février 2025
tous les jeudi, vendredi, samedi, dimanche à 19h
Théâtre du Chariot – 77 rue de Montreuil 75011 Paris
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