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« Dans ma piscine », Éric Longequel troque les balles contre des bulles

À la une, Chalon-sur-Saône, Cirque, Rouen
Dans ma piscine de et avec Eric Longequel
Dans ma piscine de et avec Eric Longequel

Photo Paul Jacobs

Dans son solo, Éric Longequel de la compagnie Ea Eo plonge dans un aquarium à sa taille installé dans l’espace public. Il y explore avec humour et subtilité les possibles que l’eau offre à sa discipline et ce qu’elle en révèle.

L’aquarium de deux mètres de haut et deux mètres de large où plonge Éric Longequel dans son spectacle Dans ma piscine n’est pas un inconnu dans la planète jonglage. Conçu par Florian Wenger, le réservoir contenant 6 800 litres – autant qu’un camion de nettoyage utilisé par les services d’une ville, précise l’artiste dans le dossier du spectacle, indiquant qu’une récupération des eaux après représentation est possible – fait son apparition en 2022 dans Les Fauves. Installée à l’entrée du vaste chapiteau bulle qui sert d’antre à cette ambitieuse pièce de la compagnie Ea Eo, cofondée en 2013 par Éric Longequel, Jordan et Sander De Cuyper et Bram Dobbelaere – rejoints un an plus tard par Neta Oren, qui codirige aujourd’hui la structure avec Éric Longequel –, la cuve translucide était l’une des cinq micro-scènes enchâssées dans la grande. Immergé dans ce bassin taillé à sa mesure, le jongleur manipulait en apnée différentes sortes d’objets, soumis dans le milieu liquide à une force contraire à celle qui, à l’air libre, les fait rejoindre le sol. Dispersés sous la toile, Sylvain Julien, Johan Swartvagher, Emilia Taurisano et Neta Oren partageaient eux aussi avec les spectateurs libres de leurs mouvements des recherches individuelles suscitées par le cadre matériel et fictif des Fauves. Si les différentes parties de ce spectacle peinaient à s’assembler pour former un tout répondant à l’ambition affichée par ses concepteurs d’inventer de nouveaux espaces pour le jonglage, c’est certainement par ces travaux personnels que Les Fauves marquera le plus l’histoire de sa discipline.

En matière de bourgeonnement à partir de la ménagerie des Fauves, Neta Oren ouvrait la voie avec le passionnant Biographies créé en mars 2025 à l’occasion de SPRING – Festival international des nouvelles formes de cirque en Normandie. Éric Longequel en assurait la mise en scène et co-signait avec elle et le rappeur Pierre Laloge le texte du spectacle. Le collectif, central dans le travail d’Ea Eo qui cherche toujours à mettre en lumière l’ensemble de la communauté des jongleurs et ses spécificités, assumait ainsi de s’exprimer en toute discrétion, au service d’une forme très resserrée et intime. Éric Longequel a beau sauter seul dans son bassin, il procède de même pour Dans ma piscine, pour lequel il fait appel aux regards extérieurs de Neta Oren, des jongleurs Guy Waerenburgh et Sander De Cuyper, de la metteuse en scène et dramaturge Casseline Gilet et des talents de compositeur de Sylvain Quément. Bien qu’invisible dans le spectacle, cet accompagnement se ressent notamment à la manière très délicate dont Éric Longequel parvient à rester connecté à son public assis en cercle autour de l’hexagone de verre qui, pourtant, l’isole de l’extérieur. Cette relation subtile que l’artiste réussit à établir avec son public est l’une des grandes forces de ce spectacle, dont l’éclosion lors de la 18e édition du festival Rencontre des Jonglages, organisé du 30 avril au 24 mai 2025, a marqué avec succès l’arrivée de la Maison des Jonglages à Bondy. Créée à La Courneuve où elle organisait jusque-là son cœur de festival, la scène conventionnée d’intérêt national fait en effet cette année ses premiers pas dans sa nouvelle ville d’adoption, avec un soutien politique solide. Chose on ne peut plus rare, donc précieuse, par les temps qui courent.

Complice de longue date de la Maison des Jonglages, dont elle a été associée, la compagnie Ea Eo présente pour cette arrivée à Bondy le double intérêt d’être connue et respectée du milieu du jonglage contemporain dont elle est une actrice importante, et de savoir se montrer accueillante à l’endroit de celles et ceux qui ne sont pas du sérail. Le choix de l’espace public, qui, dans le paysage actuel de la création circassienne, est relativement délaissé face à une création en salles qui gagne sans cesse plus de terrain, est révélateur de ce désir de rencontre. Éric Longequel n’y perd rien de sa singularité, dont la nature ludique et blagueuse, pleine d’autodérision, est tout autant rassembleuse qu’exigeante. Arborant les mêmes habits argentés que dans Les Fauves, l’artiste prolonge la quête d’un jonglage du futur qu’il menait dans ce précédent spectacle. Il s’y prend toutefois d’une façon beaucoup plus minimaliste, sans multiplier les signes de la projection temporelle. Ici, c’est avant tout la manipulation des objets qui construit à vue une réflexion sur l’avenir de la discipline. Et si celle-ci rejoint une pensée plus globale de l’avenir, ou qu’elle en suscite une, c’est uniquement parce qu’en tant que langage poussé à un haut niveau de complexité, le jonglage est capable de dire des choses profondes sans rien emprunter ou presque à d’autres modes d’expression. Sans chercher non plus à se faire porteur de discours. Aussi, si l’aquarium de Dans ma piscine peut de prime abord faire penser à un autre spectacle de cirque où tout se passait également dans pareil contenant – Out of the blue de Frédéri Vernier et Sébastien Davis-VanGelder (2022) –, il s’en distingue en autres choses par l’absence de toute fable écologiste.

La bande de cassette vidéo, le latex et les bouteilles en plastique que manipule en apnée Éric Longequel déterminent le chapitrage du spectacle en trois parties, dont les titres nous sont donnés grâce à de fins et complexes stratagèmes conçus à partir des propriétés physiques du milieu. Orchestrée par le circassien, qui n’incarne pas plus de personnages que dans ses créations précédentes, mais une version peut-être un peu plus burlesque de lui-même, la rencontre de chaque objet et du corps de l’artiste avec l’eau est la matière centrale du spectacle. En se plaçant dans un environnement inhabituel pour le jongleur, Éric Longequel rend ainsi visible la teneur très physique de son art. Il manifeste la lutte contre la trajectoire naturelle des objets qui, dans sa tanière aquatique, est inversée et requiert donc des techniques inédites. Plus contraignante que l’air, dans la mesure où elle impose des pauses respiratoires, l’eau est ici un espace où accepter l’éphémère. Mieux, c’est un endroit où s’en faire un allié.

Pour cela, il déploie en miniature, dans une référence évidente à la ménagerie des Fauves – et ce n’est pas là la seule citation muette que fait Éric Longequel dans le spectacle, nourri de clins d’œil cinématographiques –, tout un bestiaire. Le temps de bricolage nécessaire à la naissance d’une méduse faite de bande magnétique et de ballon de baudruche, d’un chien aquatique lui aussi en baudruche ou d’une bouteille hélice est, en général, plus long que le temps de vie des créatures. Peu tendre avec ses créations, le jongleur en abrège l’existence à l’aide de simples ciseaux – ou par les bulles magnifiques que produit son seul souffle – lorsqu’elles ne se défont pas elles-mêmes du fait de leur bain prolongé. Les naissances et les morts, les métamorphoses de Dans la piscine réjouissent d’autant plus qu’elles activent une réflexion passionnante sur le jonglage. L’éclipse presque totale des lancers, des figures et routines qui en font d’habitude la sève ne signent pas la disparition de cet art, bien au contraire. Dans l’aquarium d’Ea Eo, le jonglage s’affirme comme une formidable pratique de transformation du quotidien. Lors de présentations de projets aux Rencontres des Jonglages, nous avons appris qu’Emilia Taurisano préparait elle aussi un seul en scène à partir de son numéro des Fauves, dont la postérité est décidément des plus enthousiasmantes.

Anaïs Heluin – www.sceneweb.fr

Dans ma piscine
de et avec Éric Longequel
Conception et construction aquarium Florian Wenger
Regards extérieurs Guy Waerenburgh, Sander De Cuyper, Casseline Gilet, Neta Oren
Musique Sylvain Quément
Voix finale Thibault Condy
Régie Bernie Bonin

Production Ea Eo
Coproduction Circuswerkplaats Dommelhof (Belgique), Le Monfort Théâtre – Paris, Miramiro – Gand (Belgique), CC de Grote Post & Theater Aan Zee – Oostende (Belgique)
Accompagnement en compétences Centre International des Arts en Mouvements – Aix-en-Provence

Ea Eo est associée au Vellein, scènes de la CAPI –Scène Conventionnée d’Intérêt National en Isère.

Durée : 40 minutes

Vu en mai 2025 à Bondy, dans le cadre du festival Rencontre des Jonglages

Festival Cirqu’Aarau, Arau (Suisse)
les 14 et 15 juin

Festival Viva Cité, Sotteville-lès-Rouen
du 27 au 29 juin

Festival Chalon Dans La Rue, Chalon-sur-Saône
les 19 et 20 juillet

Festival de Chassepierre (Belgique)
les 16 et 17 août

Festival Zomer van Antwerpen (Belgique)
du 22 au 24 août

Festival Cirk ! Aalst (Belgique)
du 29 au 31 août

18 mai 2025/par Anaïs Heluin
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