Emmanuelle Riva, vient de mourir. On l’avait retrouvé en 2014 au Théâtre de l’Atelier, avec l’auteure de sa vie, Marguerite Duras dans Savannah Bay dans une mise en scène de Didier Bezace avec Anne Consigny. On avait pu la rencontrer pendant les répétitions, on s’était assis sur le divan au centre de la scène pour parler de Duras, de l’amour et du théâtre. C’est en la découvrant sur l’affiche de L’Épouvantail – une pièce de Dominique Rolin, mise en scène par André Barsacq – qu’Alain Resnais l’imagine pour son premier long métrage, Hiroshima mon amour. Elle s’était éloignée du théâtre depuis Médée en 2001 et la mise en scène de Jacques Lassalle à Avignon, puis à l’Odéon. Elle avait fait un retour prodigieux sur le devant de la scène en 2012 avec Amour de Haneke au cinéma. Ce film lui a valu un César en 2013 et une nomination aux Oscars.
Dans cette pièce il est beaucoup de question d’amour. Un thème qui ne vous quitte pas…
Oui l’amour est présent dès les premières minutes du spectacle avec une chanson de Piaf. C’est drôle parce que j’ai toujours entendu Alain Resnais dire que Marguerite Duras lui faisait penser à Edith Piaf. Alors oui, l’amour c’est le thème qui mène le monde.
Et vous allez donner beaucoup d’amour au public sur scène
Je vais surtout essayer d’être dans la personne que je représente et donner le vrai sens à la pièce. Tant mieux si on partage l’amour. La pièce le demande et l’indique. Et notre métier est un partage.
Qu’est ce qui vous a donné envie de remonter sur les planches ?
En fait j’ai appris que Laura Pels et Frédéric Franck voulaient monter Savannah Bay avec moi. Et puis le nom de Didier Bezace est apparu ensuite. Il a accepté avec bonheur et il a ajouté deux autres pièces qu’il avait déjà montées pour présenter cette trilogie.
Le théâtre est exigeant, l’écriture du Duras est exigeante.
L’exigence est démesurée au théâtre. C’est riche de tout, de toutes nos vies. C’est un grand partage. On le vit ensemble. On vit cette chose terrible. On fait de la haute voltige. On est lâché. Il ne faut pas tromper. C’est unique le théâtre. C’est le vrai lieu.
Si cela n’avait pas été Duras, vous n’auriez pas accepté de remonter sur les planches ?
C’est bien possible. Depuis Médée en 2001, j’ai refusé beaucoup de choses, cela ne m’a pas manqué. J’avais besoin d’être soulagée. C’était lourd à porter. Je n’ai pas eu de regret car c’était ma volonté. J’avais besoin de répit. Je ne pensais pas du tout revenir au théâtre. Et là c’est l’exception car il y a tout dans cette pièce, toute une vie, tous les mystères qui sont présents sur cette planète et que l’on cherche à élucider. Le théâtre nous fait partager ces mystères. Et donc il reste l’amour en effet.
Propos recueillis par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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