Publié en 1949, le court roman le fusil de chasse se passe dans le Japon de l’immédiat après-guerre ; il raconte à première vue ce qui pourrait être une banale histoire d’adultère qui «se résout» par la mort d’une des protagonistes.
La forme choisie (passée l’introduction qui place l’auteur dans la simple situation de passeur et nous permet de donner un contexte au récit) est une forme épistolaire, les trois lettres écrites par l’amante, sa fille, et la femme légitime s’adressant au même lecteur supposé, qui est l’homme au centre de l’aventure.
Ce qui fait la singularité du récit de Yasushi Inoué, c’est de donner cette histoire à découvrir non pas du point de vue d’un narrateur extérieur qui nous exposerait dans l’ordre ou à peu près, tous les éléments d’information nécessaires à une bonne compréhension de ce qui s’est passé, mais de livrer trois points de vue sur la chose, chaque personnage (la femme, l’amante, la fille de l’amante) choisissant de raconter tel ou tel évènement en fonction de ce qui l’a frappé, blessé, étonné ou plus simplement de ce qu’il en a perçu, puisque l’histoire évoquée était supposée être une histoire tenue secrète.
La jeune fille Shoko évoque un journal intime appartenant à sa mère et dont elle a pris connaissance sans y être autorisée, juste avant la mort de celle-ci. Midori, la femme trompée, peu de temps après la mort de l’amante, envoie enfin à son mari une lettre pour demander le divorce (dans un contexte socialement soucieux des convenances, c’est un geste fort) alors qu’on s’aperçoit qu’elle connaissait depuis des années l’existence de la relation interdite.
Saiko, sur le point de mourir, tient à faire à son amant une ultime confession qui remet singulièrement en question ce qu’ils ont vécu.
Cette histoire est ainsi livrée au lecteur par bribes, de manière incomplète, chargée d’émotion et de non-dits, l’auteur allant jusqu’à faire évoquer une même séquence par les trois protagonistes de manière sensiblement différente. Chaque lecteur est ainsi invité à tisser sa propre reconstitution en remplissant les «blancs» laissés par les personnages et en choisissant la plus «juste» version de tel ou tel évènement.
LE HAORI DE SOIE
inspiré du roman de Yasushi Inoué « le fusil de chasse » © Editions Stock
Conception, interprétation et mise en scène : Emmanuelle MEYSSIGNAC
Accompagnement à la contrebasse : Jean-Claude OLEKSIAK
Création des costumes : Laurence CHAPELLIER
Régie générale : Xavier BRAVIN
Durée du spectacle : 1h20 sans entr’acte
La Forge / Cie Patrick Schmitt
Du 22 mars au 1er avril 2012
• Du jeudi au samedi à 20h30 • Dimanche en matinée à 16h00
• Relâche lundi, mardi & mercredi
• Plein tarif : 22 €
• Tarif senior, cartes nanterrien : 15 €
• Demandeurs d’emploi, étudiants : 11 €
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