Pierre Dux et Jane Birkin avaient créé les rôles français en 1990 aux Bouffes Parisiens dans la mise en scène de Jean-Loup Dabadie. Bernard Murat assure cette nouvelle mise en scène avec Pierre Arditi et Emmanuelle Devos au Théâtre Edouard VII. Quelque part dans cette vie, huis-clos d’Israël Horoviz fait mouche à toutes les répliques.
Brackish, professeur à la retraite vieillissant embauche à son service Kathleen, une quadra veuve. Dans cette maison tout en bois adossée au front de mer, remplie d’une impressionnante collection de vinyles classique se jouent les derniers jours de Brackish. Pendant des décennies, il a fait autorité à l’école de Gloucester dans le Massachusetts, formant des générations d’habitants. Son intransigeance et sa sévérité ont fait naitre des rancœurs dans la communauté.
L’irruption de Kathleen dans la vie de Brackish bouleverse le quotidien du vieil homme grincheux. La tension est palpable entre les deux personnages issus de classes sociales différentes. Mais ils partagent tous les deux le même humour tranchant et cynique. Les dialogues à fleuret moucheté d’Israël Horoviz sont des écrins magnifiques pour ces deux comédiens remarquables. On assiste en permanence à un jeu lifté de fond de cours. C’est à celui qui enverra la plus belle balle tranchante. Le match est équilibré, Pierre Arditi et Emmanuelle Devos sont captivants.
Petit à petit Israël Horoviz lâche des indices sur les raisons de cette rencontre qui est tout sauf fortuite. Kathleen a des comptes à régler avec Brackish qui a « décimé (sa) famille ». L’auteur américain dresse le portrait de la lutte des classes. Des petits qui se vengent face aux grands. Mais il le fait avec tendresse et délicatesse.
Dans ce rôle d’homme en fin de vie, Pierre Arditi est au sommet de son art. Il y a longtemps qu’on ne l’a pas vu aussi à l’aise. Et pourtant, cela doit lui en coûter de son jouer tous les soirs un vieil homme, lui qui a tellement peur de mourir. Face à lui, Emmanuelle Devos est naturelle, décomplexée. La mise en scène formidablement huilée de Bernard Murat fait oublier le décor ultra réaliste et imposant de Nicolas Sire, qui ne parvient pas à écraser les deux comédiens, qui traversent avec légèreté les deux heures de ce drame social.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Emmanuelle Devos et Pierre Arditi dans Quelque part dans cette vie d’Israël Horovitz
adaptation libre de Jean-Loup Dabadie
mise en scène de Bernard Murat
Durée : 1h50Théâtre Edouard VII
À partir du 2 février 2018
Du mardi au samedi à 21h,
matinées samedi à 17h30
et dimanche à 15h30
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