Il avait ébloui l’an passé le public de l’Agora avec Sunny* : Emanuel Gat sera de nouveau l’homme à suivre de cette édition de Montpellier Danse avec Duos ou un work shop international. Sans oublier une ambitieuse création TENWORKS qui le voit réunir sa compagnie et le Ballet de l’Opéra de Lyon le temps d’une soirée. Entretien.
Comment est née l’idée de cette collaboration entre ces deux compagnies, la vôtre et le Ballet de l’Opéra de Lyon ?
L’idée est venue de Yorgos Loukos ( directeur du Ballet de l’Opéra de Lyon) alors que nous discutions d’une possible collaboration avec le Ballet pour Montpellier cet été. Il m’avait donné carte blanche pour imaginer un « event » et pour plusieurs raisons, j’avais trouvé que l’idée d’associer nos deux compagnies pouvait être très intéressante.
Je pense que si vous observez attentivement l’évolution des contextes de production de spectacles ces dix dernières années ou plus, les formats ne sont plus adéquats à notre époque. Sans avoir une idée très précise de ce que sont ces nouveaux formats, je trouve très intéressant de les explorer. Associer un ballet national à une compagnie indépendante pour produire et créer un programme en commun est une manière de s’intéresser aux questions de mutualisation des ressources tant au nouveau de la production qu’au niveau artistique. C’est une manière d’interroger les vieilles barrières et les vieilles hiérarchies, d’explorer des modèles d’inclusion et de soutien , plutôt que d’exclusion et de compétition.
Qu’est-ce qui vous rassemble ?
A l’arrivée, le monde de la danse est un très petit cercle de personnes et d’institutions qui se battent pour survivre et créer. C’est parfaitement clair, en tout cas pour moi, que les structures existantes sont un peu anachroniques et pas vraiment en ligne avec les changements radicaux que nous avons vécu ces vingt dernières années du point de vue de la manière dont la danse se crée. Sans oublier la manière dont les chorégraphes et les danseurs s’inscrivent dans leurs professions.
Ce projet est pour moi très opportun en ce qu’il me permet de m’intéresser à ces questions et je l’espère y apporter quelques réponses.
Y a t’il tant de différences entre vos danseurs et ceux de Lyon ?
Pour répondre à votre question il n’y a pas eu le moindre problème à mélanger les danseurs des deux compagnies. Les danseurs du Ballet de l’Opéra de Lyon ont un « background » très similaire au mien. Ashley Wright, une des danseuses avec qui je travaille en ce moment faisait partie de la troupe du Ballet lorsque j’ai monté Sunshine avec eux. Après avoir quitté celle-ci, elle m’a rejoint… c’est vous dire comme le mélange est naturel à mes yeux. Je pense que c’est un autre exemple de changements d’époque. Les danseurs sont aujourd’hui tous inspirés et exposés aux mêmes choses. Ils possèdent des références communes et parlent le même langage. L’époque où un danseur d’une compagnie indépendante et un danseur d’un ballet national avaient des valeurs, un langage, des entrainements, une vision artistique différents est terminée. Ça n’existe tout simplement plus. J’ai vu cela depuis dix ans en travaillant avec des compagnies un peu partout dans le monde. D’une manière générale le vieux modèle avec des esthétiques et des valeurs opposées n’existe plus. De ce point de vue, il n’y à rien de plus naturel que de mixer des compagnies, des danseurs, des ressources, des idées, des moyens de production, etc. Et plutôt que de voir cela comme un défi je trouve que c’est une évolution excitante, cohérente et évidente des choses.
Propos recueillis par Philippe Noisette – www.sceneweb.fr
TENWORKS chorégraphie Emanuel Gat 30 juin et 1 juillet Théâtre de l’Agora Montpellier danse
également : Duos chorégraphie Emanuel Gat en entrée libre du 25 au 29 juin en extérieur www.montpellierdanse.com* Sunny chorégraphie Emanuel Gat sera repris du 22 au 26 mars Cité de la Musique/Théâtre de la Ville hors les murs Paris
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