Elsa Boublil va diriger le nouveau Théâtre de la Concorde à Paris
L’ancienne journaliste et productrice Elsa Boublil va prendre la direction du nouveau Théâtre de la Concorde à Paris à compter du 12 février. L’Espace Cardin, théâtre situé dans les jardins des Champs-Élysées, libre depuis le retour des équipes du Théâtre de la Ville, place du Châtelet, va devenir un « lieu de débat » et de « création artistique » autour de « la démocratie ». La réouverture se fera progressivement, jusqu’à une inauguration « fin septembre-début octobre ». Le comité d’orientation est présidé par l’historien Patrick Boucheron, et la direction confiée à celle qui était la conseillère culture d’Anne Hidalgo depuis 2020. Elle nous dévoile les grands axes de son projet.
Un nouveau théâtre à Paris, pour quoi faire ? Alors que l’offre dans le public et le privé est déjà pléthorique ?
Il y en a jamais assez de théâtres ! Et on a beau avoir autant de théâtres à Paris, il y a toujours des troupes qui n’y jouent pas, des artistes qui rêvent d’y jouer, des spectacles qui n’entrent pas dans la capitale, alors ils se jouent ailleurs en France. Donc ça veut bien dire que, même si l’offre est pléthorique, visiblement elle est pas encore complète. Et c’est une bonne nouvelle pour la culture, parce que ça veut dire qu’il y a beaucoup d’artistes en France.
Comment le Théâtre de la Concorde va se démarquer ?
Le projet a été pensé de manière unique. On ne va pas se démarquer puisque qu’on va penser le théâtre autrement. Le Théâtre de la Concorde va vivre toute la journée, avec des ateliers partagés proposés par des artistes. Des ateliers d’éloquence, des battle d’éloquence, des battles de danse, des ateliers d’écriture. Nous allons inviter des spécialistes, des parlementaires, des conseillers d’État, ils viendront expliquer les enjeux de la démocratie aux scolaires et aux publics éloignés. Le week end, ce sera plus familial. En fin de journée, on fera des quotidiennement des rendez vous avec des spécialistes, des universitaires, des artistes pour poser les grandes questions de la société toujours en lien avec cette fameuse question démocratique. Suivi d’un spectacle. On ne va pas se limiter au théâtre, il y aura de la musique, du stand up aussi, de nouvelles formes théâtrales comme les jeux de rôle, les escape games. C’est un lieu qui va vivre toute la journée.
Le Théâtre de la Concorde se veut un rempart contre l’obscurantisme. Est-ce que ce n’est pas déjà ce que font les théâtres financés par la ville ?
On souhaite aller au-delà du geste artistique pour interroger la société et tous les grands enjeux de la démocratie, notamment les fake news et toutes ces questions qui nous polluent beaucoup en ce moment. C’est ce que j’ai toujours fait, dans mon parcours de femme, dans les médias, ou dans mon rôle de conseillère.
Beaucoup de structures financées en partie par la Ville de Paris s’inquiètent de l’arrivée d’un nouveau théâtre, alors que leurs marges artistiques se réduisent. Que leur répondez-vous ?
Ce n’est pas mon sentiment, car j’ai été accueillie avec une fraternité qui est absolument à saluer. Ce théâtre ne sera pas financé par la direction de la culture de la Ville de Paris, mais par celle de la direction de la démocratie, de la vie citoyenne. L’inquiétude qui pourrait bruisser m’étonne car je rappelle que le budget de la culture à Paris a été augmenté de 11 millions en 2023 et d’un million en 2024.
Quels seront vos moyens financiers ?
Ce sera un théâtre en régie directe. Nous allons bâtir un budget, en fonction de nos besoins, de ce qu’on projette d’y faire. On va adapter notre modèle économique au modèle qui sera le plus adapté pour pouvoir accueillir des spectacles et des artistes.
Rien n’est de trop, rien n’est trop beau qu’un nouveau théâtre qui va donner du travail aux artistes et qui sera un lieu de rencontres pour parler de la démocratie et rassembler les citoyens de tous horizons..
Merci Elsa Boublil.
Merci Patrick Boucheron
qui sauront diriger et animer ce beau théâtre.