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« Je ne suis pas arabe », voyage exalté à Oran

A voir, Les critiques, Paris, Théâtre
Élie Boissière et Ahmed Amine Ben Feguira dans Je ne suis pas arabe à La Reine Blanche
Élie Boissière et Ahmed Amine Ben Feguira dans Je ne suis pas arabe à La Reine Blanche

Photo Julien Giami

Avec son premier spectacle, présenté à La Reine Blanche, la compagnie Les Yeux Larges livre un émouvant petit bijou de poésie et d’humour.

Première création pour la jeune compagnie Les Yeux Larges et premier seul en scène pour Élie Boissière : cela fait beaucoup de premiers pas en une soirée, et l’émotion est palpable chez les membres de cette prometteuse équipe au moment des saluts. Quelques dizaines de minutes plus tôt, sur la petite scène du théâtre de la Reine Blanche, nous étions accueillis par le son ouaté et envoûtant d’un oud, un instrument à cordes traditionnel, joué par un étrange voyageur qui ne quittera pas le plateau et nous accompagnera dans un périple sensoriel et énigmatique. Derrière un simple drap tendu, l’ombre d’une silhouette se découpe, se déforme, prend des postures étranges et biscornues. Un corps modulable se devine, qui prendra bientôt l’aspect des différents personnages qui composeront le bestiaire bigarré du voyage onirique à venir. Un corps travaillé sous le prisme de la transformation, un texte hautement poétique – co-signé par Élie Boissière et Ben Popincourt –, quelques notes de musique, une création lumières ciselée de Nathan Sebbagh : les ingrédients sont réunis pour nous embarquer avec brio à bord de ce conte intime, et ne nous décevront pas.

Tout débute dans une maternité parisienne. Deux familles sont rassemblées pour célébrer la naissance de l’enfant d’Élie et de Donia ; sauf que le nourrisson tarde à naître et refuse sa venue au monde. En futur père inquiet, Élie s’affole et se persuade que quelque chose cloche : la famille n’est pas au complet, sa grand-mère Madga, de son vrai nom Mahdjouba, manque à l’appel. Élie en est convaincu : il faut aller creuser du côté de sa grand-mère pour résoudre ce mystère. « Laisse les morts tranquilles », le prévient la vieille Madga, qui refuse de lui parler de ses origines algériennes. Née à Oran en 1942, elle est française, pas arabe, un point c’est tout, répète-t-elle en boucle quand son petit-fils la taraude avec ses questions. Alors, pas le choix, à défaut d’un récit familial tangible, Élie doit s’en inventer un. C’est à lui d’imaginer ce à quoi pouvait ressembler la ville qui a vu naître sa grand-mère, et l’homme nous embarque alors à Oran dans les années 1940, du marché à la croisette, à la découverte d’une ville foisonnante, bouillonnante, où langues et confessions de tous horizons se côtoient.

Telle Alice de l’autre côté du miroir, le narrateur perd son chemin, évidemment, et va rencontrer une myriade de personnages tous plus loufoques les uns que les autres : un marchand de glaces mélomane, un Madrilène manchot, une chèvre rasta, un vendeur de sardines peu avenant… L’espace, le temps et les formes se distordent à mesure qu’Élie Boissière endosse chacune des créatures croisées avec humour et sensibilité. Un voyage exalté qui n’oublie pas les figures politiques qui marquent alors l’époque, aux prémices des revendications indépendantistes : Messali Hadj, fondateur du Parti du peuple algérien, ou encore l’abbé Gabriel Lambert, bientôt élu maire de la ville.

Loin d’un travail seulement documentaire, évitant l’accueil pédagogique, la proposition, bien que globalement réussie, n’en parait pas moins décousue à quelques endroits en ce soir de première. Car, de récits en odyssées, de cyclopes en navigation homériques, les liens familiaux s’entortillent parfois, se mélangent, nous perdent – la filiation entre Fatma, Madga et Élie mériterait d’être plus clairement explicitée –, ce qui amoindrit l’écho de la révélation finale. Quelques réajustements nécessaires sur la lisibilité des liens qui unissent certains personnages permettront à la poésie du texte de résonner avec d’autant plus d’impact, car leur humour devrait apparaître d’autant plus savoureux. Fruit d’un travail d’équipe fin et ciselé,
Je ne suis pas arabe démontre qu’un simple drap blanc, quelques belles lumières, un texte solide et une interprétation virtuose peuvent mener à un objet profond, poétique et complet. Une première création intelligente et prometteuse.

Fanny Imbert – www.sceneweb.fr

Je ne suis pas arabe
Texte Élie Boissière, Ben Popincourt
Mise en scène Alexis Sequera
Avec Élie Boissière, Ahmed Amine Ben Feguira
Scénographie Alexis Sequera, Rémi Aufort
Création lumières Nathan Sebbagh
Création musicale Ahmed Amine Ben Feguira

Production Compagnie Les Yeux Larges

Durée : 1h10

La Reine Blanche, Paris
du 19 novembre au 21 décembre 2024

21 novembre 2024/par Fanny Imbert
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