Cet Électre, écrit, comme Philoctète*, sur la suggestion de Christian Schiaretti, obéit aux mêmes principes d’écriture et de composition. Il s’agit donc de ce que j’ai appelé une variation qui, si elle suit le fil de l’intrigue proposée par la pièce de Sophocle, autorise condensations, expansions, retraits et ajouts, et revendique sa propre invention prosodique, rythmique, métaphorique. Cela ne désigne donc pas le passage d’une langue dans une autre, ce qu’est l’ordinaire traduction, mais le passage, d’une autre conséquence, d’une poétique dans une autre. Libre appropriation donc qui n’ignore pas sa dette mais manifeste le sens constant de toute création littéraire : elle ne peut être qu’un palimpseste. J’écris ainsi sur Sophocle, simultanément effacé et présent. Électre trouve à mes yeux son argument poétique premier dans le heurt de tensions multiples et contradictoires, entre les êtres et dans les êtres eux-mêmes. C’est donc ici le rythme, à vif et comme hyper-tendu, qui a commandé la logique de mon travail. Électre ? Un crescendo de tensions antagonistes (espoir et attente exaspérés, entêtement contre renoncement, haines réciproques) qui ne peut trouver sa résolution que dans l’acmé d’un meurtre qui est peut-être moins l’issue d’un débat entre le juste et l’injuste que la jouissance d’une libération autant physique que psychique.
Jean-Pierre Siméon, mars 2015
Electre
de Jean-Pierre Siméon / élaboration collective
Avec
Elizabeth Maccoco, Electre
Juliette Rizoud, Clytemnestre / Chrysotémis / chœur
Amandine Blanquart et Clémence Longy, chœur et choryphée
Julien Gauthier, Oreste
Clément Morinière, Pylade
Damien Gouy, Le précepteur
Julien Tiphaine, Egisthe
Production Compagnie À Juste Titre – Théâtre National PopulaireTNP
Du mardi 10 mai au samedi 21 mai 2016
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !