Un décor au centre, pas comme une décoration mais telle une architecture qui répond à une question qui n’est pas posée. Autrement dit, qui peut révéler une question en creux. C’est autour du décor que s’articule la dramaturgie. Il est le socle sur lequel nous embarquons, à partir duquel nous élaborerons notre réflexion. C’est un véhicule. Et dans ce mouvement, se trouve la dynamique de nos relations. Aucune histoire ne préexiste à la rencontre des artistes mais un faisceau de présomptions, un maillage de questions et d’influences qu’il faut rendre visible et que nous devrons ensuite organiser. C’est une dramaturgie à l’épreuve des faits, une histoire à écrire ensemble, à travers l’expérience de ce lieu et ses potentialités. S’il est suspendu, il oscille et balance, emporté par les mouvements des hommes, les rendant ivres et sans repères, appuis fuyants d’un sol qui se dérobe. Son ballant prend une régularité, il est propulsé comme un pendule, il va et vient, sa masse et son inertie percutent et fauchent qui est sur son chemin, il tétanise, il a la régularité d’une machine et l’insistance des éléments, qui use, effrite, érode. S’il s’élève, c’est un plafond, un nuage lourd et menaçant, un monde déraciné, une terre arrachée, en suspend, un presque monde, c’est la terre des sans-terres, c’est l’esquif des exilés propulsés au centre des forces, avec les naufragés africains sur les rives de la méditerranée aujourd’hui. Il y a ce mouvement de bascule où le monde verse, un bord de monde qui dégringole, l’instabilité qui contraint à la vigilance, à l’éveil, qui exige une grande attention, une grande présence au monde. Il se peut encore que ce plafond descende et restreigne l’espace, oppresse les hommes qui y séjournent, et là encore révèle un état du monde. S’il retrouve le sol, il se désagrège et sédimente, formant alors un nouveau sol, de nouveau, des hommes y prennent place, s’y affairent, nouent et dénouent des relations et des imbrications, on repart, raboute, rapièce, rénove. Demain on recommence. Note d’intention de Mathurin Bolze d’après dossier de presse.
Du goudron et des plumes
La dernière création de la Cie MPTA/ Mathurin Bolze
Conception : Mathurin Bolze
Assistante a la mise en scène : Marion Floras
Avec : Tsirihaka Harrivel, Tom Neal, Maroussia Diaz Verbèke, Mathurin Bolze
Scénographie : Goury
Création Lumière : Jérémie Cusenier et Christian Dubet
Création sonore : Philippe Foch et Jérôme Fevre
Costumes : Fabrice Ilia Leroy
Régies : Fréderic Marolleau (plateau), Jérôme Fèvre (Regie générale, son), Jérémie Cusenier (lumières)
Administration de production et diffusion : Colin Diederichs et Julie Grange
Ingénierie, Construction: Art&Oh/le Bureau d’étude des artistes, Side up concept, Philippe Cottais
Remerciements à Hedi Thabet
Coproduction : La Brèche – Centre des arts du cirque de Basse Normandie Cherbourg, Les Nouvelles Subsistances – Lyon, L’Agora – SC pour le cirque – Boulazac, Le Parc de la Villette
EPPGHV – Paris, La Verrerie d’Alès en Cévennes / Pôle Cirque Région Languedoc-Roussillon, le Cratère – SN Alès, Le Théâtre des Salins – SN Martigues, le Théâtre National de Bretagne – Rennes, Scène nationale 61 – Alençon, Le Grand Théâtre de Lorient, Le Trident – SN Cherbourg, Accueil en résidence : La Brèche- Centre des arts du cirque de Basse Normandie – Cherbourg, Les Nouvelles Subsistances – Lyon, la Cascade – La Maison des arts du clown et des arts du Cirque – Bourg St Andéol. La compagnie MPTA est conventionnée par la DRAC et la REGION Rhône Alpes. Ce projet bénéficie du soutien du Ministère de la Culture et de la Communication – DMDTS et de la Ville de Lyon.
Le Monfort Théâtre du 25 mars au 03 avril 2011 (du mercredi au samedi à 20h30, dimanche à 16h) | tarif C
Entre cirque et danse, un des spectacles les plus réussis que j’ai jamais vu. Les paupières écarquillées devant la beauté de certaines scènes (le garçon qui marche dans l’air sur deux planches par exemple), et devant des « numéros » de cirque jamais vus (relecture complète des mats chinois), on suit les aventures de ces naufragés avec passion et délectation. Le décor imposant et, à proprement parler écrasant, est un personnage à part entière dans cette lutte de tous les instants. Son rythme s’impose à tous les personnages qui s’y adaptent et en tirent des évolutions. Ou est-ce eux qui imposent leur rythme à leur environnement ?