Les Rencontres Chorégraphiques internationales se sont imposées comme un carrefour de tendances, de créations et d’expériences. Touffu ce non-festival l’est aussi. En avant-première trois spectacles attendus -et déjà vus!
Alexander Vantournhout
Dégaine impayable, long cou, crâne rasé et douceur dans le regard cet artiste passé par le cirque et P.A.R.T.S. l’école de Anne Teresa De Keersmaeker à Bruxelles a tout pour être la coqueluche de cette édition. ANECKXANDER se présente comme une autobiographie tragique du corps. Vantournhout promène le sien dans un carré de scène avec quelques projecteurs, des gants de boxe et des plateforme shoes pour accessoires ou décor. Il fait de son physique élastique un exercice de style périlleux autant qu’un effet (très) spécial : nu, il enchaîne les figures renversées, les bascules à la limite et les épreuves de force. Ce solo est à la fois burlesque et dérangeant qui place le spectateur au plus près de la performance. Aidé par la dramaturge Bauke Lievens cet homme caoutchouc imagine cet ANECKXANDER comme un précis de virtuosité et de catastrophe. Le plus beau ici c’est la fragilité qui ne quitte jamais l’interprète 50 minutes durant. Dire que Alexander Vantournhout est renversant est encore loin du compte. Il est tout simplement unique.
27 et 28 mai La Chaufferie Saint-Denis
Thomas Hauert
Trop rare par ici le suisse d’origine passe beaucoup de son temps en Belgique. Thomas Hauert ne cesse de pièce en pièce de travailler le corps et la ( sa) musique. Inaudible -titre facétieux s’il en est- en est un bel exemple : il alterne les partitions, jazzy de George Gershwin, presque plus savante et déstructurée de Mauro Lanza. Le plus réussi tient à cette danse jouissive, parfois un rien excessive, qui se joue sur le plateau. Les 6 interprètes semblent se démultiplier par deux pour accompagner, devancer, décaler chaque note de musique. On est parfois groggy devant cette abondance gestuelle. Thomas Hauert joue le jeu de l’improvisation à partir d’une grille de gestes et de pas. A chacun ensuite de lui donner vie en scène. Inaudible s’écoute au final autant qu’il se regarde. Bien joué.
30 mai Espace Michel Simon Noisy-le-Grand
Olivia Grandville
Pièce d’envergure, 10 danseurs réunis, Combat de Carnaval et Carême se présente comme un objet scénique sophistiqué (Yves Godin et Daniel Jeannateau signent lumières et scénographie) et une chorégraphie mentale. Olivia Grandville est partie d’une toile éponyme de Brueghel l’ancien. Mais pas de projection sur les murs du théâtre ou de peintures reproduites sur les parois. C’est plus l’idée d’un carnaval -et ses excès- qui l’intéresse. Le plateau est comme fléché de néons et autres effets. Quant à la danse elle est « guidée » par des consignes murmurées toutes en rapport avec l’œuvre originale de Brueghel. Les visages deviennent des masques -parfois lisses, parfois tordus-, les corps font écho aux mouvements de foule, les trajectoires sont tout à coup tortueuses. L’exercice est soigné, presque trop : car l’immédiateté souhaitée par la chorégraphe débouche souvent sur une série de poses un rien désincarnées. Sorte de paradoxe. On avait découvert Combat de Carnaval et Carême à la dernière Biennale de Danse de Lyon. Le début de l’aventure. Gageons que depuis ce tableau vivant à la belle ambition a trouvé son rythme.
16 et 17 juin Nouveau Théâtre de Montreuil
Philippe Noisette – www.sceneweb.fr
Les Rencontres Chorégraphiques internationales de Seine Saint-Denis du 12 mai au 17 juin
01 55 82 08 01
www.rencontreschoregraphiques.com
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