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La revanche du signifiant

À la une, A voir, Les critiques, Paris, Théâtre

photo Simon Gosselin

Pour ouvrir sa première programmation complète en tant que directeur du Théâtre de la Colline, Wajdi Mouawad a confié la scène du petit théâtre à Valère Novarina. Créé pour l’occasion, L’Homme hors de lui est une vraie bulle de fraîcheur intellectuelle et théâtrale.

A l’heure où les mots « process », « reporting », « top down » ou « bottom up » se sont faits une place de choix dans le monde de l’entreprise, le combat de réhabilitation de la langue mené par Valère Novarina dans L’Homme hors de lui – et plus généralement dans l’ensemble de ses écrits et de son théâtre – peut sembler perdu d’avance. Mais il prend tout son sens à l’instant où l’on comprend que son affaiblissement engendre une dépoétisation de la réalité qu’elle sert à décrire.

Cette lutte est incarnée par un seul homme qui, déçu par une existence vidée de son sens à cause d’une langue devenue un simple outil de communication, se dit prêt à la quitter. Il choisit alors de s’emparer du théâtre – dont l’une des missions essentielles est aussi de transfigurer le réel – pour exprimer sa colère et dépeindre sa réalité. Portées par une langue singulière qui retrouve sa richesse et ses lettres de noblesse, les choses vues et les expériences racontées prennent un tout autre relief passant de l’anecdotique au poétique.

Scandé par des chants au contenu aussi destructeur que drolatique, le spectacle s’appuie sur une langue où le signifiant importe bien davantage que le signifié. Dès lors ce ne sont pas les faits et les actions qui provoquent rire ou émotion mais les sonorités et les mots, la plupart du temps incongrus, avec lesquels Novarina s’amuse, notamment sous la forme de ces énumérations qu’il affectionne tant. Créant une antiréalité – au sens d’antimatière – qui complète un réel devenu trop fade, la langue n’est plus utilitaire mais est considérée comme devraient l’être la nature et les choses en elle-même et pour elle-même. Si le sens parfois nous perd, les mots toujours nous rattrape.

Intellectuellement séduisant, le spectacle l’est aussi théâtralement grâce à l’interprétation de Dominique Pinon. Habitué de la langue novarienne qu’il a déjà pratiquée dans L’Origine rouge, La Scène et L’Acte inconnu, il se l’approprie et la manie avec une aisance déconcertante, au milieu de ses belles et intrigantes peintures qui font office de décor mobile. Agitateur d’une pièce qui pourrait se transformer sans lui en concept particulièrement hermétique, il facilite le lâcher-prise que Novarina impose pour entrer dans son univers. C’est le prix à payer pour accéder à une réalité – aussi théâtrale soit-elle – à nouveau poétique.

L’Homme hors de lui
texte, mise en scène et peintures
Valère Novarina
avec
Dominique Pinon
musique
Christian Paccoud
ouvrier du drame
Richard Pierre
collaboration artistique
Céline Schaeffer
lumières
Joël Hourbeigt
scénographie
Jean-Baptiste Née
dramaturgie
Roséliane Goldstein
reprise lumières en tournée
Marine Deballon
production/diffusion
Séverine Péan / PLATÔ
construction du décor
Atelier de La Colline
Production
L’Union des contraires
coproduction La Colline – théâtre national
avec le soutien du ministère de la Culture et de la Communication
Petit Théâtre durée 1h10

du 20 Septembre au 15 Octobre 2017
du mardi au samedi à 19h30 et le dimanche à 15h
création à La Colline

21 septembre 2017/par Vincent Bouquet
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