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Deux amis à la peine

À la une, Décevant, Les critiques, Paris, Théâtre
Charles Berling et Stanislas Nordey dans Deux Amis de Pascal Rambert aux Bouffes du Nord
Charles Berling et Stanislas Nordey dans Deux Amis de Pascal Rambert aux Bouffes du Nord

Photo Nicolas Martinez / Châteauvallon-Liberté

Au Théâtre des Bouffes du Nord, Charles Berling et Stanislas Nordey s’embourbent dans le duo-duel de Pascal Rambert, où l’écriture se délite et la langue s’épuise au fil du temps.

Sur le papier, l’affiche était, il faut l’avouer, on-ne-peut-plus alléchante. Pascal Rambert à la plume, Charles Berling et Stanislas Nordey au plateau, réunis par le dramaturge et metteur en scène dans l’un de ces duos-duels dont il s’est fait, au fil des années, une belle spécialité. Oui, mais voilà, il faut aussi avouer que Deux amis est sans doute le faux pas du « moment Rambert » qui anime, depuis la fin du mois d’octobre, le Théâtre des Bouffes du Nord. Tandis que Soeurs (Marina & Audrey), Clôture de l’amour et 8 ensemble ont légitimement triomphé au cours des semaines passées, le dernier né paraît achopper, handicapé par une écriture à bout de souffle qui complique sérieusement la tâche du tandem convoqué pour l’occasion. Comme si Pascal Rambert avait vu son texte lui échapper, victime d’une panne sèche en cours de route.

Pourtant, l’histoire de ces Deux amis commence sous les meilleurs auspices. Unis à la ville comme à la scène, Charles et Stan, s’y écharpent, d’entrée de jeu, autour de leur nouveau et ambitieux projet : monter d’une seule et même traite les « 4 Molière » – Le Misanthrope, L’Ecole des femmes, Tartuffe et Dom Juan – comme l’avait fait Antoine Vitez en son temps. Pour cela, le duo ne veut ni tambours, ni trompettes, ni flonflons. Le comédien et le metteur en scène miseront, à la manière de leur maître et de Molière lui-même, sur une table, deux chaises et un bâton. Ni plus, ni moins. Et pas question pour eux de s’arracher les cheveux pendant des heures sur la matériau adéquat. Par le truchement du théâtre, et c’est bien là l’une de ses principales forces, une table en bois devient une table en bois dès lors qu’on l’énonce ; peu importe qu’elle soit, en réalité, en plastique orange légèrement, très légèrement, passé de mode.

Avec le flow qui caractérise son écriture, l’occasion est alors belle pour Pascal Rambert de distiller ses considérations sur l’art et sur l’amour, ici puissamment entremêlés, de rendre hommage à ses pères, Vitez et Rohmer, de sortir la sulfateuse, aussi, pour dézinguer – parfois, il est vrai, un peu gratuitement et facilement – les critiques de théâtre et les metteurs en scène, qui ne trouvent aucune grâce à ses yeux. Portées par une ironie mordante, et, on l’espère, une bonne dose de second degré, ces saillies font souvent mouche, et rire, dans leur façon de clouer au pilori les uns et les autres, mais aussi d’interroger un art dramatique et son aréopage qui ne cessent de chercher la martingale sans toujours la trouver. Sauf que cette belle dynamique se brise en un instant, au moment même où, au contraire, tout devrait s’emballer.

Alors que le couple vient de faire l’amour – lors d’une scène de sodomie qui ne restera pas dans les mémoires –, Charles voit sur le portable de Stan un message d’un certain H. : « En fait seulement la peau ». La phrase est suffisamment sibylline pour stimuler l’imaginaire, et exciter la jalousie, du premier quant aux faits et gestes du second. Elle est aussi suffisamment vague pour faire perdre à Pascal Rambert le fil de sa pensée. A partir de cet instant, le texte a l’allure d’un canard sans tête, qui, ne sachant plus quelle direction emprunter, s’épuise à force de tirer à hue et à dia. La langue se délite alors autant que la plume s’éparpille – passant, sans crier gare, de l’artistique au politique, du peu de considération de Rambert pour le personnel des théâtres à la réforme des retraites – et accouche d’une crise de l’amant jaloux confondante de banalité, à l’instar de l’épilogue, où les deux amants-amis s’accompagnent dans la mort, qui semble surgir de nulle part. Alors qu’ils étaient bien partis, Charles Berling et Stanislas Nordey, logiquement déboussolés, paraissent y perdre leur latin scénique : le premier en ne faisant même plus semblant d’y croire, le second en se réfugiant dans ses tics de jeu. Difficile de leur en vouloir tant le substrat qui leur était proposé n’était alors ni à leur hauteur, ni à celle de Pascal Rambert.

Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr

Deux amis
Texte et mise en scène Pascal Rambert
Avec Charles Berling et Stanislas Nordey
Lumière Yves Godin
Costumes Anaïs Romand
Collaboration artistique Pauline Roussille

Production déléguée structure production
Coproduction Châteauvallon Scène Nationale, TNS – Théâtre National de Strasbourg, Théâtre des Bouffes du Nord
Remerciements Fondazione Teatro Piemonte Europa – TPE (Turin)
Le texte Deux amis est publié aux éditions Les Solitaires Intempestifs.

Durée : 1h20

Théâtre des Bouffes du Nord, Paris
du 9 au 14 novembre 2021

Théâtre National de Strasbourg
du 24 novembre au 4 décembre

Piccolo Teatro, Milan
du 5 au 7 mai 2022

14 novembre 2021/par Vincent Bouquet
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3 réponses
  1. Nadia
    Nadia dit :
    13 novembre 2021 à 22 h 32 min

    Verbiage, un prechi precha de mots sans quêtes ni têtes qui ne font advenir ni la réflexion ni l’émotion.
    Je me suis ennuyée ferme devant ce spectacle sans intérêt aucun, et plutôt prétentieux.

    Répondre
  2. Rachel et Marc, au TNS de Strasbourg
    Rachel et Marc, au TNS de Strasbourg dit :
    4 décembre 2021 à 20 h 20 min

    Avec une mise en scène simple et ludique , deux acteurs qui confirment leur excellence et leur engagement et leurs plaisir de la scène. Nous ne nous sommes pas ennuyés un instant. La salle pleine semblait à l’unisson de notre ressenti
    De la part de 2 spectateurs du TNS qui ont vu, entre autres, les mises en scène de Jean-Pierre Vincent, Stéphane Braunschweig, et Stanislas Nordey pour sa 2ème saison

    Répondre
  3. Mireille
    Mireille dit :
    26 novembre 2022 à 22 h 53 min

    Charles Berling est fabuleux, Stanislas Nordey surjoue en regardant au sol, et son chuintement est très désagréable. Pièce bien écrite avec des moments de vrai malaise.

    Répondre

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