Au Théâtre Ouvert, le jeune auteur Baptiste Amann met en scène le premier volet de sa trilogie, « Nos territoires ». Une pièce abondante d’idées où le théâtre parvient néanmoins à trouver sa place par une mise en scène oscillant entre onirisme et réalisme cru.
Dans un pavillon de « banlieue » (le mot est important dans l’œuvre de Baptiste Amann), quatre frères et sœurs se retrouvent après le décès de leurs parents. Une poignée de jeunes adultes ayant grandis dans le même environnement familial et néanmoins d’accord sur rien. Notamment sur le rapport à avoir avec le quartier de leur enfance.
Nous assistons à une joute verbale. La maison de famille est le territoire, la fratrie les habitants de la France d’aujourd’hui. Lyn est la réactionnaire vivant dans la peur, voyant le salafisme à chaque coin d’immeuble. Hafiz, adopté, est l’immigré maltraité qui n’a rien demandé à personne. Samuel – idéaliste attaché à un homme politique en campagne qui compte sur lui pour obtenir les voix de la banlieue – accuse Hafiz de ne pas suffisamment s’impliquer dans les affaires de la famille, probablement parce qu’il ne s’est jamais vraiment intégré. Et Benjamin garde des séquelles d’un accident de voiture. Il est le handicapé officiant comme miroir de notre époque, l’inhumanité avec laquelle nous traitons la différence.
Sur fond de la chanson Demain c’est loin d’IAM, les problèmes matériels font ressortir les divergences d’opinions. On crie beaucoup – souvent trop – mais la mise en scène souligne les incises et autres apartés afin d’inciter le spectateur à prendre de la hauteur sur le débat, quitte à remonter jusqu’à la Révolution Française. Ces temps de pause ne sont pas des explications, mais le développement des sentiments des personnages. Ainsi, Amann offre la possibilité au spectateur de suivre la construction d’autant d’individualités bâties sur le même territoire, en somme, sur les mêmes fondations.
« Quels visages prendront les révolutions du XXIe siècle ? » C’est la question que pose l’auteur-metteur en scène dans ce spectacle. Il ne donne pas la solution, mais tente d’en découvrir les racines.
Hadrien VOLLE – www.sceneweb.fr
Des territoires (Nous sifflerons la Marseillaise…)
de Baptiste Amann
Mise en scène : Baptiste Amann
Avec Solal Bouloudnine, Samuel Réhault, Lyn Thibault, Olivier Veillon
Assistant à la mise en scène : Yohann Pisiou
Lumières : Sylvain Violet
Scénographie : Philippe Casaban, Eric Charbeau
Durée : 1h45Théâtre Ouvert
du 29 janvier au 19 février 2016
les mardis et mercredis à 19h
les jeudis et vendredis à 20h
samedi 30 janvier à 16h
samedis 6 et 13 février à 16h et 20h
représentation exceptionnelle le lundi 1er février à 20hComédie de Reims
du 23 février au 5 mars
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