Fin d’année oblige, les livres seront un cadeau espéré. Y compris les ouvrages sur la danse. Notre sélection pour tous les goûts (et toutes les bourses).
Beau Livre
Danser Pina de Rosita Boisseau et Laurent Philippe
L’actualité littéraire concernant Pina Bausch ne semble pas faiblir. Des livres érudits ou parfois illustrés il y a pléthore. Celui-ci est un peu des deux. L’auteure Rosita Boisseau plume du Monde a eu la bonne idée d’interroger les danseurs de la compagnie. Il y a ceux qui ont fait la légende du Tanztheater Wuppertal comme Dominique Mercy, Ruth Amarante, Nazareth Panadero ou Julie Shanahan. D’autres interprètes moins repérés dévoilent un pan du travail avec Pina. L’intime est ici à sa juste place. Surtout en filigrane se pose la question de la transmission. On retiendra ce troublant témoignage de Cristina Morganti citant Pina Bausch elle-même qui avant chaque représentation du Sacre disait aux femmes : « Il faut danser comme si c’était la dernière fois que vous pouvez danser dans la vie ». Les photos, magnifiques, de Laurent Philippe sont pour beaucoup dans l’attrait de ce livre. Editions Textuel 59 euros.
Catalogue
Danser Brut
En regard de l’exposition du LAM à Villeneuve d’Ascq (jusqu’au 6 janvier 2019), un magnifique catalogue sur les artistes de l’art brut et le mouvement. Avec notamment des pages passionnantes à propos de Vaslav Njinsky peintre et chorégraphe. Sans oublier un riche entretien entre la chorégraphe Catherine Contour et Anne Boissière. Iconographie –très- soignée. Une vraie découverte sensible d’artistes à part, une autre histoire de la danse. Editions LAM 24 euros.
Et aussi Picasso et la danse. Catalogue de l’exposition estivale à la Bibliothèque musée du Palais Garnier. Un must. BNF Editions. 39 euros.
Mémoire
Icônes et instincts de Vincent Paterson
Passons sur le titre un rien abscons ces mémoires sont celles de Vincent Paterson chorégraphe de Michael Jackson et Madonna entre autre. Paterson a connu la gloire, les clips et les shows, mais également la déprime. Beat It aura marqué le début de sa collaboration avec le prince de la Pop MJ (célébré ces jours si dans une exposition au Grand Palais à Paris). Vincent Paterson sera également de l’aventure Evita, le film d’après le musical à succès. On apprend dans ces mémoires fournies en anecdotes que le premier projet de film devait réunir Oliver Stone et … Louise Lecavalier la star canadienne. Au final Alan Parker emportera la mise avec Madonna en Evita Peron. Quant à Vincent Paterson il ne remportera pas d’oscar car « il n’en existe pas pour les chorégraphes ».
Editions E/P/A 24 euros
Et aussi : Une vie à l’Opéra. Mémoire du critique Gérard Mannoni. Souvenirs en cascade d’un passionné. Editions Buchet-Chastel 20 euros
Histoire de la danse
Danser pendant la guerre froide. 1945/1968 de Stéphanie Gonçalves
Ce travail, une thèse au départ, est remarquable et en tout point passionnant. L’auteure se penche sur deux périodes. 1945 qui marque la reprise des tournées culturelles –et donc de danse- après la seconde guerre mondiale ; 1968 ensuite entre Printemps de Prague, mouvements contestataires à l’Ouest et renouvellement du classique à l’Est. Il est question de guerre froide et de ballets, de « soft power » avant l’heure. Mais également de bouleversement quant à la perception de la danse que ce soit en Russie, en Angleterre ou en France. Un chapitre replace la défection de Rudolf Noureev dans son contexte en 1961. Stéphanie Gonçalves rappelle ainsi que le « geste » de Noureev restera presque unique dans ces années -là. On y apprend le rôle des impresarios devenus alors incontournables ou les conséquences de l’affaire –notamment du point de vue de Londres. On se passionne pour les extraits de presse rassemblés –« Le Ballet de Leningrad est le plus bourgeois du monde » écrit Paris-Presse en mai 1961- ou l’analyse des relations extra-artistiques. Le Royal Ballet en visite à l’Est en 1966 après un essai avorté quelques temps plus tôt se voit consacrer lui aussi un chapitre singulier. Il est question de chorégraphie et tout autant que de politique de page en page. Une presque histoire de la diplomatie culturelle en résumé.
Presses Universitaires de Rennes. 24 Euros
Et aussi : Les 100 mots de la danse. Un Que sais-je ? plein d’esprit signée par la chorégraphe Geisha Fontaine. 9 euros
Philippe Noisette – www.sceneweb.fr
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