La première prise de Mathieu Bertholet sur l’art et le théâtre, c’est l’écriture. C’est par elle, par le mot, par la parole qu’il est ensuite passé au travail sur les corps via la mise en scène et la chorégraphie. Aujourd’hui attaché à faire entendre l’écriture de Charles Ferdinand Ramuz, il met en évidence sur le plateau le génie de l’auteur suisse : un lyrisme tellement ancré dans une région qu’il touche à l’universel, une écriture si simplement matérialiste qu’elle mène au spirituel, cherchant obstinément à harmoniser vie extérieure et vie intérieure.
Derborence cite des faits réels, un bout de montagne qui est tombé il y a exactement trois cents ans, au-dessus de Martigny. Bêtes et hommes engloutis. Ramuz en a tiré une histoire de résurrection : celle d’Antoine, pâtre disparu sous l’éboulement, qui réapparaît sept semaines après la catastrophe, et que les habitants du village prennent pour un fantôme. Bertholet a adapté le livre pour quatre femmes et six hommes. La première réalisation de cette oeuvre s’est donnée dans le cirque de montagnes de Derborence : face au public, cet été, les nuages, les montagnes, les arbres, la terre, toute une scénographie naturelle telle qu’exposée dans le livre d’un artiste qui se disait davantage peintre qu’écrivain. La réalisation en salle se nourrit de cette ouverture de plein ciel, tout en y ajoutant une scénographie et une bande-son pour transposer en intérieur la puissance de la nature. Sur le plateau, dix acteurs qui disent le roman de manière chorale, chorégraphique, collective. Bertholet a mis en musique le Derborence de Ramuz, dans la parole et dans le corps, effaçant les personnages, disséminant sur ce groupe les différentes voix : celles de la montagne, celles des veuves, celles des âmes sous les rochers. Travaillant la masse, l’anonyme, l’individu, l’homme, la femme, cherchant des rythmes, des litanies, des fulgurances, pour dire le deuil, la contemplation, le silence, la douleur. Et pour dire surtout l’amour, puisque Derborence est un roman sur la puissance effective de l’amour.
Derborence
de C.-F. Ramuz
D’après le roman éponyme Derborence
de Charles-Ferdinand Ramuz
Avec
Rebecca Balestra
Léonard Bertholet
Baptiste Morisod
Fred Jacot-Guillarmod
Julien Jacquérioz
Simon Jouannot
Lenka Luptakova
Louka Petit-Taborelli
Agathe Hazard-Raboud
Nora Steinig
Adaptation & mise en scène
Mathieu Bertholet
Assistante à la mise en scène
Maya Boquet
Scénographie
Sylvie Kleiber
Costumes
Anna Van Brée
Iris Aeschlimann
Lumières
Frédéric Lombard
Son
Quentin Dumay
Dramaturgie
Julie Rossello-Rochet
Production :
MuFuThe & Théâtre Vidy-Lausanne
Coproduction :
Pourcent culturel Migros
Résidence de création :
MuFuThe bénéficie d’une résidence de 3 ans au Théâtre du Crochetan à Monthey, soutenue par ThéâtrePro Valais.
Avec le soutien de : ThéâtrePro Valais, la Ville de Sion, la Bourgeoisie de Sion, la Fondation de Famille Sandoz, la Fondation Ernst Goehner, Pro Helvetia – Fondation suisse pour la culture, l’Etat du Valais, CORODIS, La Loterie Romande, Ville de Genève, République et Canton de Genève.
Vidy Théâtre de Lausanne
Du 7 au 13 mai 2015
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