Cela débute par des images urbaines, la ville, la nuit, une foule, une manifestation. Une voix clame : « on devrait apprendre à vivre ensemble ! », tandis que les quatre comédiens s’affèrent sur la scène. « On est pas perdu », dit l’un d’eux, « on est baisé !. Tout est truqué. » Dans son spectacle, Aurélia Guillet est allée à la rencontre de l’autre. Dans la rue, elle a collecté avec Arnaud Michniak la parole de tout à chacun. De ces rencontre, de ces entretiens, ils en ont tiré un objet théâtral.
« J’m’oppose à Apple, à l’Ipad, à l’enfermement, aux trois passées devant la télé, aux médicaments, aux p’tits chefs…La société elle est violente », dit l’un des personnages. En ces temps de crise, Déjà là colle bien à la réalité de cette décennie qui est en plein doute. La pièce est un objet en construction, avec des bonnes intentions, qui explore beaucoup de pistes, et finit par se perdre. Au milieu de toutes les considérations sur ce monde qui va mal, vont naitre des histoires d’amour. Le message se brouille assez rapidement. La scénographie, d’une belle sobriété et très bien mise en lumière, laisse entrevoir par moment des images subliminales, dont il est bien difficile de comprendre la signification.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr – 22/01/12
Déjà là texte de Arnaud Michniak
à partir d’entretiens et d’improvisations
mise en scène et scénographie Aurélia Guillet
collaboration à la scénographie Camille Faure
lumières Gwendal Malard
création sonore Céline Seignez
musique originale et sons additionnels Arnaud Michniak
montage vidéo Flore Guillet
mouvement Giuseppe Molino
costumes Nicolas Gueniau
stagiaire en dramaturgie Raphaëlle Tchamitchian
avec
Maud Hufnagel, Judith Morisseau, Laurent Papot, Hakim Romatif
création à La Colline
production Image et 1/2, La Colline – théâtre national
avec le soutien de La Comédie de Reims (Scènes d’Europe) et du Centre dramatique national d’Orléans, du Tas de sable – Ches Panses Vertes (Pôle des arts de la marionnette en Région Picardie) et du Studio-Théâtre de Vitry et avec la participation artistique du Jeune Théâtre National
durée : 1h20
Théâtre National de la Collline
du 19 janvier au 18 février 2012
Petit Théâtre
du mercredi au samedi à 21h, le mardi à 19h et le dimanche à 16h
Un spectacle d’une péniblerie éprouvante, et qui suit la petite recette du théâtre contemporain feignasse (« tiens on va faire une scénographie avec des grands panneaux gris qu’on pourra bouger nous-mêmes de temps en temps » « tiens on va mettre du rock and roll sur le moment vidéo » « tiens on va faire quelques séquences de danse-mouvement au ralenti pour montrer l’angoisse de la société à travers nos corps individuels » « tiens on va tous dire des textes au micro en même temps / Ah bon mais pourquoi en même temps, ça va être relou non? / Non non c’est comme de la poésie sonore c’est bien et pis tiens on va montrer un petit bout de nichon aussi à un moment, je pense que ça ira bien avec le morceau de piano de phillip glass du début » etc etc )
Le propos, que l’on attendait politique vu le programme, vu le texte du programme, et vu les entretiens avec l’auteur et tutti quanti (passons sur les citations de Genet et Bataille qui doivent en être encore’ tout retournés), se retrouve complètement dilué dans une espèce de dialogue abscons (pour un théâtre qui se veut « du réel », on repassera) que les acteurs vocifèrent (pour faire croire qu’il se passe quelque chose et pour réveiller les spectateurs endormis) ou chuchotent au micro, au choix.
Un théâtre tout gris, tout mort, tout triste, tout feignant, et tout enrobé d’un discours intellectuel tentant de noyer le poisson. Mais, hélas, le poisson n’est pas si facile à noyer, mine de rien, et soit il s’endort, soit il fuit, soit il s’énerve.
Le pire dans tout ça, c’est que le propos ne vole pas plus haut, finalement, que quelque chose du genre: la société de consommation c’est pas bien et ça nous angoisse. Et avec ça, on veut nous faire croire qu’il est normal de faire un théâtre mort pour parler d’une société moribonde! Mais pour bouger le cul de la société par le théâtre, faut peut être d’abord penser à bouger le cul du théâtre!
Là on est face à du re-sucé de théâtre à papa: c’est déprimant. Et ça se veut générationnel en plus (genre: on est tous nés dans les années 1970, on parle de nous). Générationnel, encore un concept fort intéressant. Et puis si c’est ça le théâtre des mecs de 40 piges aujourd’hui, alors concentrons nos soirées sur les très vieux metteurs en scène ou les très jeunes auteurs…
et si c’était un miroir, ce spectacle ? Toi qu’est-ce que tu fais Monsieur Plouf ? Fainéant ? tu restes dans tes catégories déjà acquises, détends-toi.
Mais non ce n’est pas un miroir, vous vous êtes trompés! C’est un mou-roir. Un mouroir de théâtre.
Par contre je ne saisis pas bien le sens de votre expression: « rester dans ses catégories déjà acquises ». Qu’est ce que c’est que ça encore? Une phrase pour le programme? Vous devriez la leur soumettre…
Quant à me détendre, oui vous avez raison, c’est difficile mais je vais m’y mettre!
Et puis, pour terminer, je ne fais pas le fainéant, comme vous dites, je fais le spectateur. A moins que vous n’associez spectateur et fainéant, ce qui, me semble-t’il, est fort déplacé. Cela sous-entend que vous considérez les spectateurs comme dénués de tout sens critique, de toute pensée, de toute réflexion par rapport à ce qui leur est présenté, et qu’ils seraient comme des veaux devant le spectacle, qu’ils n’auraient qu’à bouffer tristement ce qui leur est donné de voir… C’est pas cool ça, tu vois.
je viens de sortir du spectacle. Entièrement d’accord avec Monsieur Plouf. C’en est déprimant de nullité
quel plaisir d’être dans des avis tout fait ! c’est peut-être autre chose qu’il se passe… travail, justement… pas comme des veaux sûrs de leurs valeurs