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A l’Opéra de Lyon, des humains et des androïdes peuplent Tannhäuser

A voir, Les critiques, Lyon, Opéra

Tannhäuser à l’Opéra national de Lyon © Agathe Poupeney / Divergence

En transposant Tannhäuser de Wagner dans un univers de science-fiction, le metteur en scène David Hermann promet un inspirant voyage dans un futur fantasmé sans trop s’écarter non plus d’une représentation littérale de l’œuvre.

Influencé par le cinéma d’anticipation auquel les références plus ou moins fantaisistes abondent, le metteur en scène franco-allemand David Hermann s’empare de l’œuvre de jeunesse de Wagner en la propulsant dans un espace-temps lointain où les robots cohabitent avec les humains. Dans des décors pas nécessairement pensés dans une veine spectaculaire mais au contraire plutôt emprunts d’un éloquent dépouillement qui sied à la dimension post-apocalyptique du monde qu’ils dépeignent et où se meuvent des personnages à l’identité fluctuante, le spectacle délivre une vision à la fois fascinée et désabusée de l’avenir de l’humanité.

Sur les tumultueux accents de saillies orchestrales qui concluent le prélude, ce n’est ni orgie ni bacchanale qui se présente au regard mais la projection clinique d’un corps féminin entre robot et humain qui, passé au rayon laser, dévoile ses mécanismes artificiels. Le Vénusberg devient la totale antithèse de l’univers chatoyant de sensualisme dont Tannhäuser se fait las et repu. Vénus (Irène Roberts, un peu trop hiératique), secondée d’une suite d’avatars aux corps livides et spasmiques, assume une froideur réfrigérante qui contraste avec la volupté musicale.

Le retour au monde terrestre se colore au contraire d’une franche solarité puisque la Wartburg dans laquelle Tannhäuser débarque avec une androïde qui deviendra captive, se présente comme une lande étale et désertique qui se réfléchit dans un haut mur-miroir du plus bel effet. Les pèlerins incarnent les derniers survivants d’une humanité à bout de souffle et errent dans le cataclysme habillés en haillons quand l’un d’entre eux s’écroule et perd connaissance. Imprévisiblement, l’acte II parvient plus difficilement à s’extraire de son contexte original. Le concours central des troubadours devisant sur l’amour courtois, voit le retour inopportun d’armures et de capes de chevaliers moyenâgeux. Même planté au milieu d’un décor un peu kitch et cliché tout droit inspiré des films d’anticipation, l’acte est restitué avec trop de littéralité. Une tristesse fataliste transpire de l’acte III, plus économe et sensible, où se prépare l’avènement d’une nouvelle ère.

D’une manière plus ou moins égale, l’univers proposé par la mise en scène fait sens et n’est pas exempt de beauté. Il ne s’occupe certes peu ou pas de la dimension spirituelle de l’œuvre de Wagner. Mais l’orchestre et la distribution prennent en charge toute sa poésie et son humanité. Actuel titulaire du rôle-titre à Bayreuth, Stephen Gould est un luxueux remplaçant qui, avec des moyens vocaux d’une inaltérable puissance même s’ils accusent parfois la fatigue et passent un peu trop en force, démontre à chaque instant l’intelligible affinité qu’il a avec le rôle de Tannhäuser. Christoph Pohl campe un Wolfram magnifiquement musicien et émouvant. Johanni van Ostruum fait une fervente et radieuse Elisabeth. Les chœurs et les chanteurs sont largement soutenus par un orchestre qui, sous la direction de son directeur musical Daniele Rustioni, penche délibérément plus du coté de l’hédonisme que de l’ascèse spirituelle, mais sans outrance ni épaisseur pour autant. Quelques belles langueurs oniriques contrastent avec la fièvre incendiaire déployée par le chef.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Tannhäuser
UN OPÉRA DE
Richard Wagner
DIRECTION MUSICALE
Daniele Rustioni
MISE EN SCÈNE
David Hermann
DÉCORS
Jo Schramm
COSTUMES
Bettina Walter
LUMIÈRES
Fabrice Kebour
CHORÉGRAPHIE /MOUVEMENTS
Jean-Philippe Guilois
CHEF DES CHŒURS
Benedict Kearns
HERMANN, LANDGRAVE DE THURINGE
Liang Li
TANNHÄUSER
Stephen Gould
WOLFRAM VON ESCHENBACH
Christoph Pohl
WALTHER VON DER VOGELWEIDE
Robert Lewis*
REINMAR VON ZWETER
Dumitru Madarasan
BITEROLF
Pete Thanapat*
HEINRICH DER SCHREIBER
Kristofer Lundin
ELISABETH
Johanni van Oostrum
VÉNUS
Irène Roberts
UN JEUNE PÂTRE
Giulia Scopelliti*
Orchestre, chœurs et Maîtrise de l’Opéra de Lyon, Solistes du Lyon Opéra Studio*

durée : 4h20 avec deux entractes

Opéra de Lyon

du 11 au 30 octobre 2022

18 octobre 2022/par Christophe Candoni
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