Pourquoi Rogojine tue t-il la femme qu’il aime ? Et pourquoi Nastassia décide t-elle de mourir avec lui plutôt que de vivre avec Mychkine ? Pourquoi Gania s’ingénie t-il à rendre impossible ce qu’il désire le plus? Pourquoi faisons nous le mal ? Et qu’est ce que c’est que le Mal ? Et le Bien, le pardon, le désir ? Comment vivre ?
Ces questions sont communes à tous les grands auteurs mais Dostoïevski les pose d’une manière à ce point actuelle que beaucoup ont donné à son œuvre une valeur prophétique. En observant les bouleversements de la société de son temps, il avait compris que, désormais, les grandes questions inhérentes au fait de vivre se présenteraient essentiellement comme des problèmes d’héritages.
L’héritage – qu’il soit financier, moral ou génétique – est injuste. Il est ce qui influe sur nos vies sans que nous puissions le choisir. Certains naissent dans le luxe et d’autres dans la misère. Certains sont fils de résistants et d’autres fils de collaborateurs. Certains naissent femmes et d’autres naissent hommes.
Dans notre société où chacun a droit au bonheur et où il ne dépend que de nous d’être ce que l’on a décidé d’être, comment accepter ce qui nous est donné ? Par exemple, comment accepter de naître dans une famille pauvre et, en plus, de n’avoir aucun talent ? Ce sera le problème de Gania dont le père alcoolique a ruiné la famille. Ce n’est pas non plus la faute de Nastassia si elle a été violée par son tuteur alors qu’elle n’était qu’une enfant. Ni celle d’Hyppolite si, à vingt ans, sa phtisie ne lui laisse que quelques semaines à vivre. Tous voient leur vie entravée par quelque chose qu’ils n’ont pas choisi et contre lequel ils se révoltent. Si Dostoïevski avait écrit son roman aujourd’hui, il aurait peut-être placé au côté d’Hyppolite un jeune transsexuel, révolté par le fait que la loi puisse l’empêcher de choisir son sexe !
Extrait de la note d’intention
L’idiot
Fédor Dostoïevski
Traduction
André Markowicz
Avec
Elias Amiel
Jonathan Deveine
Sophie Dost Gabillot
David Goldzahl
Olivier Vallas
Ludivine Druot François
Mise en scène
David Goldzahl
Scénographie
Justine Roth
Costumes
Auriane Malié
Coline Nguyen
Morgane Desaveines
Collaborateur à la dramaturgie
Nathanaël Hoze
Chargée de diffusion
Lucie Lalande
Chargée de communication
Clémence d’Allens
Durée: 1h30
Du 3 mars au 11 avril 2015
au Théâtre des Déchargeurs à Paris
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