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Le hip-hop dans la peau

A voir, Avignon, Best Off, Les critiques, Théâtre
Fils du Hip Hop de David Farjon
Fils du Hip Hop de David Farjon

Photo Jérémie Gaston-Raoul

Enfant d’une banlieue parisienne, adolescent dans les années 1990, à la tête de la compagnie Légendes Urbaines qui puise à la source des cités ses sujets, David Farjon présente une forme tout terrain, comme une ponctuation dans un chemin de création. Un DJ set autobiographique en duo avec DJ Low Cut, où son histoire personnelle rencontre celle des origines du hip-hop et sa filiation juive.

On connaît la compagnie Légendes Urbaines pour ses spectacles pointus et documentés qui décryptent depuis près de 15 ans nos territoires urbains et tout particulièrement nos banlieues. Aller voir, non pas de l’autre côté du miroir, comme Alice, mais de l’autre côté du périph, comme le faisait déjà Bertrand Tavernier au cinéma. Portée par David Farjon (rejoint depuis peu par Sylvain Fontimpe à la co-direction artistique), la compagnie a quatre spectacles à son actif, chacun s’emparant de son motif de prédilection avec un angle d’approche différent et selon un dispositif en adéquation dramaturgique. Le premier, Comme j’étais en quelque sorte amoureux de ces fleurs-là, en collaboration avec Zoumana Meïté, évoquait, sur une base autobiographique, la traversée du périphérique, dans un sens, puis dans l’autre, et sa charge symbolique ; Ce que je reproche le plus résolument à l’architecture française, c’est son manque de tendresse plongeait au cœur des cités et de leurs grands ensembles en s’immisçant au pied des tours ; puis, Et c’est un sentiment qu’il faut déjà que nous combattions je crois revenait sur le traitement médiatique des banlieues, tandis que Le Monde de demain, quoiqu’il advienne nous appartient empruntait le prisme du hip-hop.

Tout, dans ce parcours de création qui creuse patiemment son sillon, semblait mener directement à ce petit dernier, forme épurée et tout terrain qui va droit au but, seul spectacle dont le titre n’est pas une citation. Fils du Hip Hop est un DJ set autobiographique qui non seulement englobe les autres spectacles en ce qu’il les évoque en pointillés, retraçant l’historique de la compagnie, mais s’autorise également une dimension intime et personnelle. Fruit de la rencontre entre David Farjon et DJ Low Cut, cette proposition arrive à point nommé dans l’évolution de la compagnie. Voici venu le temps de se retourner sur le passé, d’envisager ce qui a été fait à l’aune d’une construction individuelle, de tirer les fils d’une recherche et de raviver une adolescence banlieusarde dans les années 1990, biberonnée au rap et au hip-hop de l’époque. MC Solaar, IAM, NTM, Snoop Dogg, Oxmo Puccino, Stomy Bugsy, Dr. Dre, Eminem, Busta Rhymes, Booba, Assassin, le Wu-Tang Clan ou encore les Fugees irriguent les références musicales du spectacle qui mute en concert à plusieurs reprises, cultive un lien d’adresse et de proximité directe avec le public et s’autorise même un blind test festif autant qu’instructif. Et David Farjon non seulement de porter lui-même son propre texte – contrairement aux démarches collectives précédentes –, mais aussi de rapper son propre flow, s’inscrivant alors des deux pieds dans la culture qui l’a façonné. À la fois pour l’assumer jusqu’au bout, mais aussi pour lui rendre hommage en son, rythme, débit qui scande et punchlines qui balancent.

Entouré du paysage hip-hop qui a tapissé sa jeunesse, David Farjon en appelle à une autre figure tutélaire : sa mère. Sa mère qui détestait le rap et ne comprenait pas l’engouement de son fils pour cette musique ; sa mère juive qui lui a pourtant « transmis un rapport au monde » et une histoire commune à partir d’une mythique pochette d’album de Louis Armstrong, Louis and the Good Book – moment d’anthologie du spectacle et pic d’émotion. Ce faisant, le metteur en scène tresse ensemble un double héritage en apparence antithétique, celui, maternel, juif ashkénaze, allergique au rap, et celui de ses idoles de jeunesse, la bande-son rebelle de son adolescence. Un courant musical qui ne se contente pas de faire danser dans les soirées, mais infuse une contre-culture, l’élan d’une révolution. Et les morceaux de s’esquisser, de défiler, et notre MC de circonstances de rappeler les origines du hip-hop, la pratique du digging et du sample, le goût pour les textes percutants et revendicatifs, une poésie brute et cash issue du bitume et de la colère, qui dynamite l’oppression sociale et donne à entendre la parole des minorités, des immigrés, relégués dans les marges des villes. Le terreau d’expression de ceux que l’on n’entend pas.

En cela, le spectacle ne se contente pas de son fil rouge autobiographique, au demeurant très sensible et émouvant, mais ouvre grand les vannes à toute une génération. Il retrace une histoire qui s’enracine dans les cités autant que dans les champs de coton, raconte une filiation double et entremêlée. Au plateau, le minimum, mais la création lumière – que serait les spectacles de la compagnie Légendes Urbaines sans la fidélité à toute épreuve de Jérémie Gaston-Raoul à la technique – fait beaucoup, alternant les ambiances. Une table et une chaise à cour, car les conversations les plus marquantes se passent souvent dans la cuisine ; à jardin, un flight case où s’empile système-son, ordi, platines et caisse de vinyles. En acolyte complice, DJ Low Cut ne fait pas de figuration et sa présence est totalement intégrée à la représentation. L’écoute entre les deux interprètes est réelle, le dialogue fonctionne au-delà des mots et leur cohabitation trouve habilement son équilibre entre musique et récit. De même que les allées et venues entre présent de la scène et plongée dans les souvenirs se font en toute fluidité. L’humour s’immisce (ah, le rap du bonnet Lacoste !), la réflexion s’invite ; David Farjon brasse ses sources et ses rêves, il se fait conteur et rappeur, amoureux des mots, de la rime et du flow. Il prend le micro en solo pour faire acte de filiation et de réconciliation, et tracer les lignes d’un autoportrait d’artiste en fils du hip-hop. On est cueilli, littéralement.

Marie Plantin – www.sceneweb.fr

Fils du Hip Hop
Texte et mise en scène David Farjon
Avec David Farjon, DJ Low Cut
Technique Jérémie Gaston-Raoul
Collaboration Sylvain Fontimpe

Production Cie Légendes urbaines
Soutiens Grand-Orly Seine Bièvre, les Bords de Scènes, le Théâtre Romain Rolland, le théâtre Jacques Carat

La compagnie est conventionnée par la DRAC IDF.

Durée : 1h10

11 • Avignon, Espaces Mistral, dans le cadre du Festival Off d’Avignon
du 7 au 24 juillet, à 19h15 (relâche les 11 et 18)

7 juillet 2025/par Marie Plantin
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Et c’est un sentiment qu’il faut déjà que nous combattions je crois par la compagnie Légendes Urbaines
Ce que je reproche le plus résolument à l’architecture française, c’est son manque de tendresse, une écriture collective dirigée par David Farjon
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