Avec D’amour, le chorégraphe Thomas Lebrun offre une ode radiophonique à l’amour contre le harcèlement scolaire, en invoquant le cabaret et la pop culture en chansons et en danse.
Un rideau de fils roses orne le fond de la scène sur laquelle est projeté un cœur lumineux rouge. Les quatre interprètes D’amour, en costumes ou robes noires parsemés de cœurs rouges, transpercent le rideau. Derrière ce cabaret amoureux, il y a Thomas Lebrun, ponte de la danse contemporaine française, qui œuvre depuis le début des années 2000. À la tête du Centre chorégraphique de Tours depuis 2012, il continue de distiller une danse précise, teintée d’émotion et d’humour. En témoigne L’envahissement de l’être (danser avec Duras), où il incarnait l’écrivaine à coups de lip-sync sur des archives d’interview radio. D’amour apparaît comme un nouvel hommage radiophonique, évoquant pêle-mêle le cabaret, les premiers émois amoureux et l’adolescence.
Les ados des années 2000 écoutaient en cachette la « Radio libre » de Difool sur Skyrock ; Thomas Lebrun invite ceux de 2020 à écouter la voix suave de Nicolas Martel sur « RadioLove, la radio qui vous aime ». Sa voix chaleureuse résonne alors que les interprètes font tourner leur jupe, esquissant de grands jetés enjoués. Cette bien nommée radio nous fait traverser un siècle de chansons d’amour : de la légende déjantée de la chanson française Charles Trenet à la Québécoise aux douces mélodies engagées Safia Nolin, en passant par Lucie Dolene, voix française de Blanche-Neige dans le dessin animé de Disney, la pop star Shy’m et la comédie musicale West Side Story. Ils correspondent presque aux numéros d’un cabaret. Surgissent d’abord des pantomimes naïves – style de danse narratif et expressif –, accompagnées de playback, des éventails à plumes façon burlesque, puis un headspin exalté de Paul Grassin, qui, à quatre pattes, fait voler avec fougue sa chevelure.
Mais, à l’image du programme de la fin des années 1990, cette station de radio traverse aussi les premiers émois de l’adolescence, dont chaque interprète témoigne, avec un micro, face à nous. Quand la parole laisse place à la danse, leur élan est parfois entravé par une chute brutale, un arrêt. Faut-il voir dans ces gestes comme une incarnation du vertige du tourbillon amoureux ou un vestige du point de départ de cette pièce : le harcèlement scolaire ? Ce spectacle destiné au « jeune et tout public » chante et danse contre « le fléau du harcèlement scolaire », comme le spécifie Thomas Lebrun dans sa note d’intention. Un hymne à l’amour, donc, contre la brutalité et la haine ? D’amour combine avec habileté clins d’oeil complices, jeu grotesque et second degré, au long d’une invitation sincère à s’aimer, tout simplement.
Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr
D’amour
Conception et chorégraphie Thomas Lebrun
En connivence avec les interprètes Sylvain Cassou, Elodie Cottet, Lucie Gemon, Paul Grassin
Créations lumières Jean-Philippe Filleul
Création son Clément Hubert
Création costumes Kite Vollard, Thomas Lebrun
Assistantes à la création Anne-Emmanuelle Deroo, Veronique Teindas
Voix Nicolas Martel
Musiques Charles Trenet, Lucie Dolene, Edith Piaf, Theo Sarapo, West Side Story, Ane Brun, Sheila, Lionel Richie, Elli & Jacno, Lady Blackbird, Richard Sanderson, Safia Nolin, Shy’m, Maëlle reprise par Seb Martel et Cindy Pooch, Zaho de SagazanProduction Centre chorégraphique national de Tours
Coproduction Chaillot – Théâtre national de la Danse ; La Rampe-La Ponatière, Scène conventionnée – Échirolles ; La Ferme du Buisson, Scène nationale – Centre d’art – CinémaDurée : 55 minutes
À partir de 7 ansVu en mars 2025 à Chaillot, Théâtre national de la danse, Paris
La Ferme du Buisson, Scène nationale, Noisiel
du 10 au 12 avril
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