La scénographie de Thibaut Fack se construit autour d’un grand miroir de 6 m x 6 m. Au début de la première partie, ce miroir fait face à la salle et, incliné à 60°, offre au public le reflet vertical d’une scène qui se joue à l’horizontale, les comédiens couchés au sol. La tête à l’envers. « Le théâtre représente la plate-forme d’une tour à moitié détruite. » Cette tour n’est que le reflet d’un élément praticable que l’on escalade en rampant. On aperçoit le reflet d’une trappe. La prima donna croupit au fond d’un cachot…
La loufoquerie de ce Moyen Âge n’a rien à envier aux Monty Python. Guerroient et s’agitent un paladin sans pudeur, un chevalier incomplet, un gentilhomme nommé Ramasse-ta-tête et une princesse infortunée qui « pince du luth comme Paganini et qui se résigne à devenir assassin »…
L’arrivée du ténor – « Me voilà, comme mars en carême, chez vous je tombe et j’apparais » – donne le signal du redressement.
Le miroir donne désormais à voir des comédiens qui marchent sur les murs et enjambent la fenêtre de la prisonnière. Plutôt bavard jusque-là, l’ouvrage laisse alors toute sa place à la musique. Un grand trio, un grand duo, un quintette et une chanson à boire : tous les ingrédients du grand opéra façon Meyerbeer sont alignés, empilés et détournés de façon irrésistible.
La belle et véritable ouverture de L’Île de Tulipatan offre un temps de répit durant lequel le praticable disparaît et le miroir vient se poser comme un mur de fond. Deux portes en tourniquet se découvrent au sein du miroir, accessibles par un léger perron qui « plante le décor ». Les costumes portés dans la première partie réapparaissent majoritairement mais comme assagis, neufs, lisses. Comme si l’usure d’un temps passé était absorbée. Et deux figures résolument nouvelles apparaissent : deux adolescents. Le jeune Alexis, pareil à son père. La jeune Hermosa, pareille à sa mère. En miroir à nouveau.
Pour sa part, le miroir du décor n’est plus un trompe-l’oeil mais installe une atmosphère résolument Second Empire. L’impudence de Croquefer laisse la place à un petit monde totalement codifié : il faut sauver la face, sauver les apparences jusqu’à nier l’évidence.
Croquefer ou le dernier des paladins
opérette bouffe de Jacques Offenbach
livret Adolphe Jaime et Étienne Tréfeu
suivi de
L’île de Tulipatan
opéra bouffe de Jacques Offenbach
livret Alfred Duru et Henri Chivot
direction musicale Christophe Grapperon
mise en scène Jean-Philippe Salério
Compagnie Les Brigands
chef de chant Nicolas Ducloux
orchestration pour neuf musiciens Thibault Perrine
chorégraphie Jean-Marc Hoolbecq
scénographie et lumières Thibaut Fack
costumes Élisabeth de Sauverzac
avec
Lara Neumann Fleur-de-soufre (Croquefer)
Théodorine (Tulipatan)
François Rougier / Olivier Hernandez* Ramasse-ta-tête (Croquefer)
Romboïdal (Tulipatan)
Flannan Obé Croquefer (Croquefer)
Hermosa (Tulipatan)
Emmanuelle Goizé Boutefeu (Croquefer)
Alexis (Tulipatan)
Loïc Boissier Mousse-à-mort (Croquefer)
Cacatois XXII (Tulipatan)
*F. Rougier : 19 déc 2012 > 6 janv 2013 | O. Hernandez : 9 > 13 janv 2013
et les musiciens :
piano Nicolas Ducloux
violon Pablo Schatzman / Samuel Nemtanu*
alto Laurent Camatte
violoncelle Annabelle Brey / Jérôme Huille*
contrebasse Nicolas Crosse / Simon Drappier*
flûte Boris Grelier
clarinette François Miquel / Christian Laborie*
cor Takénori Némoto / Pierre Rémondière*
percussions Eriko Minami / Guillaume Le Picard*
*en alternance
production : Compagnie Les Brigands | coproduction : La Coursive scène nationale La Rochelle
Centre des Bords de Marne | avec le soutien de la DRAC Île-de-France et de la SPEDIDAM |
coréalisation : Athénée Théâtre Louis-Jouvet
du jeudi 20 décembre 2012 au dimanche 13 janvier 2013
jeudi 20, vendredi 21, samedi 22, jeudi 27, vendredi 28, samedi 29 et
lundi 31 décembre à 20h
dimanche 30 décembre à 16h
mercredi 2, jeudi 3, vendredi 4 et samedi 5 janvier à 20h
dimanche 6 janvier à 16h
mercredi 9, jeudi 10, vendredi 11 et samedi 12 janvier à 20h
dimanche 13 janvier à 16h
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