Re:INCARNATION: ça groove à Lagos !

RE INCARNATION @ Centre Pompidou Jean Couturier

Fantastique, fantaisiste, totalement décomplexée et survitaminée, répétée depuis plus d’un an entre le Nigéria et La France, l’effervescente création de Qudus Onikeku présentée cet hiver en huis-clos au Centre Pompidou débute sa tournée à la Biennale de la danse de Lyon. 

Tandis que s’abattait sur Paris le froid hivernal, la jeunesse nigérienne emportait le public très restreint du Centre Pompidou dans un chaleureux tourbillon d’énergie à l’occasion d’une représentation donnée dans le but d’être filmée pour une diffusion unique sur le site du Centre avant la tournée espérée en France à partir du printemps. Sous la direction de Qudus Onikeku, jeune chorégraphe et nouveau directeur de la QDance Company, dix danseurs exaltés accompagnés par un musicien en direct ont pris d’assaut un plateau presque nu pour y livrer une danse pleine d’ardeur, d’humour, de profondeur, une pièce joyeuse, très incarnée, musclée, bigarrée.

Inspiré d’une forte urbanité, Re:INCARNATION transporte au cœur du continent africain, de la rue et du peuple. Flamboyante de dynamisme et de fierté, animée d’autant de rires que de heurts, d’étreintes que de rixes, possédée et transpirante d’une fiévreuse jouissance et d’un déchirement béant, la danse se présente sans demi-mesure. Elle emporte tout, ravage tout, sur son passage. Le malheur et la violence se voient conjurés par un puissant esprit de fête qui se traduit par une excentricité exutoire donnant une dimension quasi carnavalesque à la pièce aussi mâtinée de drames et de questionnements existentiels. Les interprètes bouillonnants renversent les codes, les genres, font valser les fringues chamarrées, reproduisent les tics de la société contemporaine comme la pratique du selfie qu’il fusionnent à des rituels plus traditionnels. La troupe rend compte d’un foisonnant métissage de cultures allant du hip-hop à l’électro et l’afrobeat, en passant par les danses tribales, les arts martiaux, la Capoeira, le Krump pour écrire une partition joyeuse, composite, éclectique, le tout porté avec tonicité par une bande-son tapageuse.

Né à Lagos en 1984, le danseur et circassien Qudus Onikeku s’est forgé une réputation internationale en présentant plusieurs spectacles qui traitent du deuil et de la mémoire à la faveur de formats intimistes dont on retrouve ici le goût pour les solos et duos. Toujours fidèle à ses thèmes de prédilection nourris de philosophie Yoruba, il propose dans Re:INCARNATION une pièce inhabituellement collective et de grand format qui mériterait d’être un peu resserrée. Comme l’indique son titre, son découpage en trois parties très rythmées s’apparentent au cycle de la naissance, de la mort et de la re-naissance. En perpétuel mouvement, la troupe ne s’économise pas, que ce soit dans les scènes déjà évoquées ou au cours des tableaux suivants plus sombres et cérémoniés. Les corps exultants se font plus tordus, meurtris, tragiques. Les danseurs enfarinés puis mazoutés, évoquent le trépas mais rendent grâce à la beauté et au mystère de la vie et de l’après.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Re:incarnation
Pièce chorégraphique afro urbaine pour 10 danseurs et 1 musicien
QUDUS ONIKEKU
Conception et direction artistique
avec les danseurs et collaborateurs
Adila Omotosho,
Ambrose Tjark,
Angela Okolo,
Bukunmi Olukitibi,
Busayo Olowu,
Faith Okoh,
Joshua Gabriel,
Obiajulu Sunday Ozegbe,
Patience Ebute,
Yemi Osokoya
OLANTUNDE OBAJEUN
Musique live
MATHEW YUSUF
Lumières
WACK NG
Costumes
Production
THE QDANCE COMPANY LAGOS
Production déléguée France
YK Projects
Coproduction
Biennale de la danse – Lyon
Les Halles de Schaerbeek – Bruxelles
Les Spectacles vivants – Centre Pompidou
Théâtre Paul-Éluard – Bezons
Escales danse en Val-d’Oise
Théâtre national de Bretagne

8 et 9 juin – Biennale de la danse – Lyon
Le Radiant-Bellevue, Caluire-et-Cuire
Mar 8 juin, 21h
Mer 9 juin, 21h
15 juin – Espace Sarah Berhnardt- Goussainville

17 juin – centre culturel l’Imprévu – St Ouen l’Aumône

20 juin – Festival Afrolution – Berlin

30 juin – Centre Pompidou – Paris

2 juin – Théâtre Rive Gauche – St Etienne du Rouvray