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Le cas Lucia J., dans la tête de la fille de Joyce

À la une, Décevant, Les critiques, Paris, Théâtre
Le cas Lucia J. Simon Gosselin

Avec Le cas Lucia J. (Un feu dans sa tête) présenté dans le cadre du ParisOFFestival organisé par le Théâtre 14, le metteur en scène Éric Lacascade fait son retour sur les scènes françaises. Autour de la figure de Lucia Joyce, fille du célèbre écrivain, il tente d’orchestrer la rencontre entre l’auteur Eugène Durif et la performeuse Karelle Prugnaud. Sans réussir à mêler leurs univers d’une manière convaincante.

« Le metteur en scène Éric Lacascade n’a pas pu venir aujourd’hui », s’excuse Eugène Durif à l’entrée du Gymnase Auguste Renoir, où a lieu une partie du ParisOFFestival organisé par le Théâtre 14. En accueillant ainsi les personnes venues découvrir Le cas Lucia J. (Un feu dans sa tête), l’auteur laisse entendre que ce qui va se jouer en ce début d’après-midi n’est pas la version définitive de la pièce. Dans le dossier de presse du spectacle, Éric Lacascade le présente en effet comme un « Work in Progress sur Lucia Joyce », où lui-même, Eugène Durif et la performeuse Karelle Prugnaud vont « d’étape en étape à chaque fois au plus près de la figure de Lucia, au plus près de nos inspirations créatrices, instinctives sans lois préétablies ». Mais après cette introduction, le seul en scène prend des airs définitifs que ne remettent pas en question les deux brèves interventions d’Eugène Durif, pour demander à Karelle de rejouer une scène autrement. Pour aller au plus près de son sujet, la fille de James Joyce, metteur en scène, auteur et interprète auraient sans doute gagné à assumer davantage sa fragilité, ou à en développer l’illusion.

L’échafaudage où Karelle Prugnaud entame son monologue et les quelques flight case qui font office de décor semblent pourtant dire l’intention des artistes de persévérer dans le domaine du provisoire, du précaire affirmé à l’entrée. Mais dès que la performeuse prend la parole, on comprend que Le cas Lucia J. nous emmène ailleurs. Loin des tâtonnements que justifie pourtant pleinement le personnage éponyme, qui en plus d’avoir laissé derrière elle beaucoup moins de traces que son père eut une existence des plus mouvementées. Un parcours de nature à dérouter n’importe qui décide aujourd’hui de s’y pencher. Eugène Durif y compris, dont l’amour de Joyce remonte à ses débuts en tant qu’auteur dramatique. Et dont l’intérêt pour la relation entre James Joyce et sa fille est aussi assez ancien et source d’une grande inspiration : en plus de la pièce mise en scène par Éric Lacascade, il lui a déjà consacré deux conférences, il a entamé un roman, prépare un cycle de cinq émissions sur France Culture. On dit que la passion aveugle. Surtout, peut-être, lorsqu’elle est partagée.

Et dans Le cas Lucia J., le désir de tous de porter sur scène l’histoire oubliée de Lucia est plus qu’évident : c’est lui que l’on voit au premier plan, au détriment souvent du parcours de vie qui nous est conté par bribes, dans un ordre guidé par une logique propre au personnage, rebelle à toute chronologie. Car c’est depuis l’un des hôpitaux psychiatriques où elle a passé la majeure partie de sa vie qu’Eugène Durif fait parler Lucia, à qui il fait faire un travail de mémoire qui lui ressemble. Éclaté, schizophrène. Autour de la relation singulière de l’héroïne avec son père, qui la confond avec l’héroïne de son Finnegans Wake, Anna Livia Plurabella – il rêvait Lucia comme « le livre fait de toutes les langues, de toutes les paroles mêlées, une danse du dedans », rappellent les artistes dans leur dossier –, Karelle Prugnaud brasse dans un même mouvement très vif l’enfance et la maturité de Lucia. Sans se détacher suffisamment de l’écriture d’Eugène Durif. Sans entrer en conflit avec elle.

Sa pratique de la danse – formée par Isadora Ducan, elle a joué dans plusieurs compagnies professionnelles –, son amour pour Beckett alors assistant de son père, ses crises, sa psychanalyse avec Jung… Tout ce qui fit la vie de Lucia, Karelle le joue avec des gestes qu’on imagine assez proches de ceux de son personnage. Dans un tourbillon, dans une transe très sensuelle qui laisse peu de place au doute, à l’imagination. Alors que tout dans le chaos de Lucia fait mystère, l’agitation du Cas Lucia J. a tendance à aplanir les grands contrastes et les singularités d’une femme dont le père a toujours nié la schizophrénie. Si l’on devine l’univers personnel de Karelle Prugnaud – notamment son goût pour le fétichisme, dont témoigne la paire de chaussures à hauts talons dont elle ne se sépare jamais longtemps –, on aurait aimé le voir s’affirmer davantage. Et le regarder dialoguer avec celui de Lucia J., comme on s’entretient avec nos fantômes.

Anaïs Heluin – www.sceneweb.fr

Le cas Lucia J. (Un feu dans sa tête)

Texte : Eugène Durif

Mise en scène : Eric Lacascade

Avec : Karelle Prugnaud, Eugène Durif

Scénographie : Magali Murbach

Production déléguée : Compagnie Lacascade

Coproductions : Compagnie l’envers du décor ; La Rose des vents – Scène nationale Lille Métropole – Villeneuve d’Ascq ; DSN – Dieppe Scène Nationale

Durée : 1h15

Off Avignon 2021 (en prévision)

 

17 juillet 2020/par Anaïs Heluin
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