Charlotte Rondelez livre une nouvelle version de La ménagerie de verre, la pièce de Tennessee Williams au Poche Montparnasse, dans une mise en scène classique qui parvient à restituer l’atmosphère étouffante de ce huis clos familial.
“J’ai plus d’un tour dans mon sac” lance Tom le narrateur de la pièce, le seul homme de cette famille désœuvrée depuis la fuite du père. Tom fait tourner le foyer avec son maigre salaire d’ouvrier, il fait vivre sa mère Amanda et sa sœur handicapée Laura. Pour échapper à l’atmosphère pesante qui règne dans l’appartement exigu, il s’évade en faisant un peu de magie. Le soir, il sort au cinéma (ou ailleurs, Tennessee Williams laisse planer le doute sur ses escapades nocturnes).
L’architecture de cette version de la pièce repose sur le personnage de Tom, formidablement bien interprété par Charles Templon. Le comédien, qui est aussi metteur en scène, retrouve ici Cristina Reali qu’il avait mise en scène la saison dernière dans M’man de Fabrice Melquiot au Petit Saint-Martin. Il campe un personnage troublant et ambigu, à la fois robuste et fragile, à la violence retenue, cherchant en permanence à fuir l’environnement féminin qui l’entoure.
Cristina Reali retrouve le rôle d’une mère possessive, comme dans la pièce de Melquiot, totalement perdue depuis le départ de son mari, cloitrée entre quatre murs, temporairement émoustillée par l’arrivée de Jim (Félix Beaupérin) le collègue de travail de Tom, invité galant le temps d’une soirée. Et fugace amant de Laura interprété par Ophélia Kolb au jeu tout en retenu dans le rôle de cette sœur introvertie, réfugiée dans sa collection de petits animaux en verre. Elle est aux antipodes de son personnage de Colette Brancillon, l’inspectrice des impôts lesbienne dans la série Dix pour cent. Sacrée transformation.
Dans la chaleur de la salle du Poche Montparnasse, on est transporté dans le Sud des Etats-Unis, à Saint-Louis, dans les années 30. Il souffle un vent désuet sur cette mise en scène vintage de Charlotte Rondelez qui est à la fois précise et méticuleuse. Elle s’attache surtout à souligner la psychologie des personnages de la pièce, et décrit avec exactitude la tristesse du quotidien et la solitude de cette famille désorientée.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
La Ménagerie de Verre
De Tennessee WILLIAMS
Mise en scène de Charlotte RONDELEZ
Cristiana REALI
Ophelia KOLB
Charles TEMPLON
Félix BEAUPÉRIN
Décors Jean-Michel ADAM
Magie Romain LALIRE
Création musicale Vadim SHER
Lumières François LOISEAU
Durée 1h50Poche Montparnasse
A PARTIR DU 4 SEPTEMBRE 2018 – Du mardi au samedi 21h, dimanche 17h30
Suis venu de lille pour voir cette piece à Port st Louis ..( faut le faire non ?) . magnifique .. merci Christiana et vos compagnons de scene