Le Dernier Testament sonne creux

® Jean-Louis Fernandez

Le Dernier Testament créé au Théâtre du Gymnase de Marseille à la fin de l’été poursuit sa tournée au Théâtre National de Chaillot. Il s’agit de la première mise en scène de Mélanie Laurent. Elle adapte le roman de l’américain James Frey – « Le dernier testament de Ben Zion », l’histoire d’un Jésus des temps modernes. Le spectacle nous est carrément passé au-dessus de la tête tant il est creux.

Le roman de James Frey a été salué par la critique et le public lors de sa sortie en 2011. Ce messie moderne (interprété par Jocelyn Lagarrique) prend les traits d’un vigile le jour, d’un alcoolique la nuit. Il est victime d’un accident de travail sur un chantier. On le croit mort, il ressuscite et reprend contact avec sa famille (des juifs convertis au catholicisme) qu’il avait perdu de vue. Tout le monde le vénère dans New-York.

Le début de l’histoire de Ben Zion est raconté par Gaël Kamilindi. Il incarne son avocat. Mais le comédien s’exprime sous sa véritable identité: Gaël Muntangana. L’occasion pour le nouveau pensionnaire de la Comédie-Française de raconter brièvement sa vie. Sa naissance au Rwanda, son père israélien, sa mère rwandaise, et son nom qui signifie « prince blanc généreux qui ne connait pas la haine ». « Deux histoires, deux génocides » explique Gaël Kamilindi, avec une présence toujours aussi électrisante. Cet aparté n’a pas grand-chose à voir avec le reste de la pièce, mais c’est la plus réussie dans un spectacle rempli de bons sentiments.

Le début est pourtant séduisant. Le créateur lumière Philippe Bertomé éclaire de petits espaces sur le sol recouvert de terre. On découvre peu à peu les personnages de cette fable new-yorkaise. Mais très vite, Mélanie Laurent surcharge sa mise en scène de couleurs, de projections, comme si elle avait par peur du vide. Elle étire le temps et se consacre plus à la fabrication d’images qu’à l’histoire de Ben Zion. Sa boulimie la pousse à vouloir montrer trop de choses, au détriment du jeu des acteurs. On perd le fil de la narration, on ne comprend plus très bien les intentions de l’auteur. On est carrément ailleurs lorsqu’une chorale chante dans le public, sans vraiment bien comprendre son utilité. Le plateau se transforme en un kaléidoscope d’images, des bulles de savons tombent du ciel. La fable humaniste s’est définitivement transformée en terrain de jeu pour adolescents.

Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr

Le dernier testament
D’après Le dernier testament de Ben Zion Avrohom de James Frey
Mise en scène Mélanie Laurent
Assistante à la mise en scène Amélie Wendling
Adaptation Mélanie Laurent, Charlotte Farcet
Dramaturgie Charlotte Farcet
Création lumières Philippe Berthomé
Scénographie Marc Lainé
Assistant à la scénographie Stephan Zimmerli
Avec Olindo Bolzan, Stéphane Facco, Gaël Kamilindi, Lou de Laâge, Jocelyn Lagarrigue, Nancy Nkusi, Morgan Perez
Production Théâtre Gymnase-Bernardines, Marseille
Coproduction Théâtre Gymnase-Bernardines, Marseille, Comédie de Clermont-Ferrand, Théâtre National de Chaillot, Paris, La Filiature, Scène Nationale-Mulhouse, Espace Malraux, Scène Nationale de Chambéry et de Savoie, Théâtre de Liège, Melyprod, Théâtre Anne de Bretagne, Vannes
Mécènes Galeries Lafayette, Dior, Tory Burch
Durée: 1h55

Du 20 au 24 septembre 2016
Gymnase à Marseille
Du 25 janvier au 3 février 2017
Théâtre National de Chaillot à Paris