Imaginez cette femme, Sibylle et Moudjahidine, s’adressant à l’Autre, la Permanence ; s’adressant à ce qui est là tout autour, nous épie et nous enserre ; imaginez-la dans ce lieu sans nom, suspendue au cœur du néant, de l’impérissable, vous pourrez alors ressentir ce corps non négociable ; corps traversé, foudroyé par ce qui ne peut être dit, mais aussi fulgurance d’un corps criant de beauté, de pureté… fragile ; la danse se fait partenaire du Verbe : son corps et son esprit de chair ; la danse lorsque les mots deviennent impossibles et la débordent. Imaginez plus loin encore, savourez ce corps, et assistez à ce duel car l’Autre ne se laissera pas faire ; il se dressera, tentera de la soumettre. Le silence, le son, la lumière et les images seront son expression, sa puissance et son abandon.
Le personnage est l’Offrande à tous les bourreaux, cette femme qui en a trop vu et qui ne peut plus se taire. L’Autre est le Vous, Toi, Lui, le Très Haut et le Dessous. Celui auquel nul ne peut échapper. Il est la transcendance qui donne sens à la vie, l’évidence de tout ce qui nous dépasse. Et sans plus de haine ni de colère, l’Offrande le convoque à reprendre chair pour que l’ultime face à face prenne corps. La Vengeance pour rendre justice. Cette vengeance ne sera pas exécutée par le Massacre de chair mais par le Massacre de toutes les intentions maléfiques de l’homme et de la transcendance qu’il a créée ; ce Duel appelle au Pardon.
Ce Pardon à la Monstruosité sera la vraie victoire de la Locutrice. Tout au long de la pièce, face à la monstruosité du duel qui se joue, et face aux démons qui la traversent, la femme cherchera refuge. Des refuges nécessaires pour ne pas tomber dans la folie, pour préserver l’ultime part d’humanité qu’elle a su sauvegarder face à l’horreur. Un refuge physique sur les îlots séparés de la plaque. Un refuge mental et spirituel dans sa langue mère ; tadjik, ouzbek, russe, kirghize, kazakh, persan, toutes ces langues en une, et le chant en tout dernier recours qu’elle élèvera en résistance pour ne pas sombrer…Extraite de la note d’intention de Laurence Levasseur
Laurence Levasseur
Sang Blanc
Création à Chaillot
D’après le livre éponyme paru en français/russe et anglais aux éditions L’Espace d’un Instant au printemps 2009 en partenariat avec Artpassionata et le Centre Régional des lettres de Basse-Normandie
Texte, direction artistique, mise en scène, chorégraphie
Laurence Levasseur
Co-dramaturge, direction d’acteur
Denis Lavalou (Théâtre Complice de Montréal)
Compositeur Arnaud Rollat
Scénographie Laurence Levasseur, Jean Cerezal Callizo
Conseiller plastique Jean Cerezal-Callizo
Lumières Nicolas Descôteaux
Costumes Frédérique Gautron
Production, diffusion Nathalie Saïdi
Avec Laurence Levasseur
Danses traditionnelles, travail de recherche réalisé avec Sharofat Rashidova à Douchanbé, Tadjikistan
Chants traditionnels, travail de recherche réalisé avec Davlat Nazeri au Tadjikistan
Production LÛLÎSTAN
Coproduction Théâtre National de Chaillot / Théâtre Complice de Montréal / Le Quai des Arts à Argentan avec le soutien de l’Usine C de Montréal (accueil en résidence création)
Avec le soutien de la DRAC Île-de-France, du CNC Dicream, de l’Institut Français
Projet sélectionné pour Temps de rencontre – Avignon Festival et Compagnies – Festival off 2008
L’édition du livre Sang Blanc a reçu le soutien du Centre Régional des Lettres de Basse-Normandie
Salle Gémier
Du 7 au 9 avril 2011, 20h30
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