La comédie de William Shakespeare « Les Joyeuses commères de Windsor » entre au répertoire de la Comédie Française, le jour de l’annonce de l’éviction de Catherine Hiegel de sa fonction de doyenne de l’institution française. Etrange coïncidence. Etrange destin pour cette production confiée au metteur en scène espagnol Andrès Lima, qui distribue justement Catherine Hiegel en Madame Petule.
Et c’est Catherine Hiegel qui réveille le spectacle au bout d’une demi-heure. Car la première partie est totalement incompréhensible. Andrès Lima a choisi de faire raconter l’intrigue de la pièce à Falstaff, entouré de ses compagnons de beuverie dans une taverne. Mais comme l’écriture de Shakespeare est faite de plusieurs langues ou patois, chaque comédien de la distribution est affublé d’un accent. Andrzej Seweryn a l’accent russe, Christian Blanc l’accent chinois… Il faut donc s’habituer à leur jeu, tout en s’attachant à comprendre l’action. Et c’est impossible. Alors on laisse filer cette première demi-heure – épouvantable, en attendant l’éclaircissement, qui effectivement arrive avec Catherine Hiegel – Madame Petule, chargée d’organiser l’acheminement des lettres de Falstaff aux deux commères.
Les comédiens libérés de cette pression de la première partie vont pendant deux heures se déchainer. Cécile Brune et Catherine Sauval en commères sont parfaites.
Et puis arrive l’un des maris – Monsieur Duflot – qui soupçonne Falstaff de fricoter avec sa femme. Et une fois de plus, Christian Hecq dégèle la salle Richelieu. L’acteur belge embarque la troupe dans ses délires, jusqu’à perdre sa perruque et maitriser un début de fou rire (comment cela est-t-il possible à la Comédie Française, un fou rire sur scène !). Il est génial. Son recrutement en septembre 2008 aura au mois eu le mérite de continuer à inscrire le Français dans une modernité, un acteur burlesque, héritier de Buster Keaton, pour cela au moins, il faut aimer la Comédie Française.
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