Comment j’ai croisé Rudolf Noureev dans l’ascenseur de Pascal Crantelle

Viviane est seule en scène. Elle refait pour la millième fois le même rituel : sortir de sa boite les reliques de son passé d’apprentie danseuse à l’école de l’Opéra de Paris. Tout ce douloureux travail de mémoire doit l’amener à revivre le fatal instant où sa carrière naissante s’est brisée net.

Sur le chemin, elle ressentira à nouveau les efforts surhumains nécessaires à l’accomplissement d’une étoile du ballet, les injonctions de ses professeurs et surtout celles de son père, le Professeur Thaliway. Ce père qui désire voir sa fille incarner ses rêves de grandeur et de perfection.

Viviane ne sera jamais danseuse mais vendeuse d’assiettes aux Galeries Lafayette en face du Grand Opéra qui continue à l’attirer follement. Sa mémoire fera apparaître des personnages baroques comme une Albanaise au chignon serré, comme celui d’une ballerine ou une Islandaise égarée sur les trottoirs des Grands Boulevards.

Depuis l’instant de sa rencontre avec Noureev, où dans un moment d’affolement avant de monter sur scène pour ses débuts de coryphée, elle s’égara dans l’ascenseur réservé aux étoiles, elle se vivra comme illégitime. Hantée par la malédiction jetée par Rudolf Noureev et écrasée par les imprécations paternelles, elle ne cessera de semer la mort avec chacune de ses rencontres masculines.                   

Comment le langage de la danse classique peut-il devenir une arme fatale pour tous ceux, y compris un chien sur le quai du métro Rome, qui tenteront de la frôler, la lécher, la sentir, la renifler, la coller… ? Enfermée dans sa chambre, seule, abandonnée par son père qui partira en Russie chercher un autre être capable de porter son Idéal, Viviane ne cesse de refaire ses mêmes gestes rituels. Auprès d’elle, son double dansant vivra le même parcours.

Comment j’ai croisé Rudolf Noureev dans l’ascenseur

Auteur, metteur en scène : Pascal Crantelle

Chorégraphe, costumier : Stéphane Puault

Comédienne : Aline Lebert

Danseuse : Annie Belet

Durée du spectacle : 1 heure 15

Théâtre du Marais

tous les dimanches à 17h jusqu’au 16 décembre 2012