Comme un cri de Patrick Auvray par Amélie Armao

Depuis sa création, le Théâtre de l’Imprévu a pour vocation d’ouvrir la pratique théâtrale même à ceux qui s’en sentent éloignés : détenus, jeunes en parcours d’insertion, demandeurs d’emplois, primoarrivants…
Il est important de mettre l’individu au centre de la création, car les histoires particulières touchent à l’universel et permettent de nous reconnaître en tant que citoyen, qu’être humain.
Souvenons-nous du Joola est un texte empreint d’humilité. Un récit à la fois poignant par son concret et aberrant par ce qu’il dénonce.
L’adaptation de son récit en un monologue théâtral met en lumière le difficile, mais indispensable travail de mémoire. Comment témoigner de l’indicible, de ce qu’on ne doit pas entendre, de ce qui dérange ?
Le comédien déambule dans un espace flottant, blanc, irréel. Suis-je seulement vraiment là ? Rien ne semble exister. Pourtant, tout est vrai. Cet espace blanc, de 9m2, de la taille d’une cellule de prison symbolise l’enfermement dans cette histoire impossible à concevoir. Il est difficile de témoigner, il est impossible de passer à autre chose.
Ce spectacle remplit la première fonction du théâtre : Dénoncer les injustices, mettre en lumière de moments de vie, passer au microscope des histoires de vie…
C’est toujours très troublant de se laisser embarquer par une histoire qui est très loin de nous. Le théâtre a cela de magique. Saluons donc la mise en scène très épurée qui permet à la magie du théâtre de s’exprimer.
La scénographie minimaliste, la musique, la poésie qui se dégage de l’interprétation du comédien ainsi que la subtilité de la lumière embarquent le spectateur.
Comme un cri nous bouleverse par le contenu du texte, très puissant. Même si le spectateur sait que l’histoire s’achemine vers une issue fatale, où tout espoir est perdu, où tout retour à la vie quotidienne est vain, il se questionne sur son humanité, sur son statut d’homme charitable et altruiste face à une nature capable de tout écraser sur son passage.
Amélie Armao

Comme un cri de Patrick Auvray
adapté de souviens-toi du joola publié aux éditions globophile
adaptation AMÉLIE ARMAO, LAURENT LECREST
mise en scène & décor AMÉLIE ARMAO
musique JEAN-NICOLAS MATHIEU
lumières FRANCIS PETIT
avec JEAN-CHRISTIAN LEROY

Les Déchargeurs
19h30 mardi au samedi
03 au 21 mars. 2015