Aux Hivernales, dans le cadre de la Sélection Suisse en Avignon, Catol Teixeira trouble le regard en exposant son corps dans un solo à la sensualité sobre. En incarnant les opposés, tout en les dépassant, lae chorégraphe brésilien.n.e basé.e en Suisse déjoue les normes genrées.
Suspendu au plafond, par un harnais qui lui soutient le bassin, le corps de Catol Teixeira est bien gainé, sublimé par une douce lumière jaune. Ni homme, ni femme et en même temps mi-homme, mi-femme, voilà comment on pourrait décrire cette corporéité ciselée, qui émerge dans l’espace, flottante. D’une sensualité troublante, lae chorégraphe brésilien.n.e, mais basé.e en Suisse, Catol Teixeira déjoue la binarité du genre.
Cette chorégraphie part d’une confrontation, d’un clash : celui d’un cours de ballet classique à Rio, dont la fenêtre était ouverte sur l’extérieur, laissant entrer l’agitation explosive du dehors. Pas chaotique pour un sou, c’est à travers la maîtrise et la précision que Catol Teixeira incarne des contrastes, qui créent un trouble. Émerge-t-il de la vision d’un corps qui apparaît non-binaire ? Ou d’un rapprochement inattendu de styles de danse ? À travers sa tenue en latex chair, qui cache et révèle en même temps, sans une once de sexualisation, ce corps refuse toute catégorisation.
Iel dévoile une corporéité classique, étirée, aux muscles fuselés, chaussées de pointes, qui n’use pourtant à aucun moment des gestes du ballet. Iel préfère des gestes animaux, dans une progression lente, campé sur ses mains et ses pieds, tourbillonnant sur le sol, pris de secousses où surgit un twerk. Puis dans mouvement soudainement rythmé, les opposés se percutent et s’entremêlent. Catol Teixeira se présente comme une créature cousine du faune de Nijinsky, célèbre danseur des Ballets russes, dont iel a exploré la dimension queer, psychiatrique et hyrbide pour cette pièce, croisant geste et biographie du danseur. En brossant son autoportrait, qu’iel déplie avec une sensualité sobre, Catol Teixeira s’expose et demeure indéfinissable.
Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr
Clashes Licking
Conception et performance Catol Teixeira
Création lumière Alessandra Domingues
Création sonore Sandar Tun Tun
Costumes Auguste de Boursetty
Suivi conceptuel Fabian Barba
Regard extérieur Dominique GilliotProduction Association UÀ
Coproduction Emergentia 2022 – TU – Théâtre de l’Usine, L’Abri et l’ADC Pavillon de la danse
Soutien Ville de Genève, Loterie RomandeDurée : 40 minutes
Festival Off d’Avignon 2023
Les Hivernales – CDCN d’Avignon
du 11 au 20 juillet 2023Zürcher Theater Spektakel
du 23 au 26 aoûtThéâtre Vidy-Lausanne
du 23 au 28 janvier 2024
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