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Viva Frida, Kahlo à corps ouvert

À la une, A voir, Les critiques, Marseille, Nice, Sète, Théâtre, Toulon

photo Pascal Gely / Hans Lucas

Claire Nebout est rare sur scène, pour son retour au théâtre, elle a demandé à Karelle Prugnaud de la mettre en scène dans ce monologue écrit par Didier Goupil, d’après la correspondance de Frida Khalo. Le spectacle créé à la scène nationale Châteauvallon-Liberté, dépasse l’image de la peintre mexicaine mondialement connue – devenue une icône d’un merchandising débridé – pour en dresser un portrait tout en intimé. 

« J’en ai strictement rien à foutre de ce que tout le monde peut bien penser. Je suis née pute, je suis née peintre, je suis née chieuse, mais j’ai été heureuse tout au long de ma vie ». Dans sa correspondance, revisitée par Didier Goupil, Frida Kahlo, s’exprime avec franchise et sans tabou. C’est ainsi, sur ces mots, que démarre Viva Frida. Claire Nebout, au milieu du public, crie la colère de son personnage qui vient d’apprendre que son mari, Diego Rivera, la trompe avec Cristina, sa propre sœur.

De cette abondante correspondance personnelle, éditée chez Points, Didier Goupil a créé un monologue qui, sans mauvais jeu de mots, prend pour colonne vertébrale les différentes atteintes au corps qu’a subies cette femme. Corps traversé à 17 ans par une barre de fer qui lui casse les reins et ressort par son vagin, corps suspendu par la tête, corseté, soumis à de multiples opérations, mais corps libre aussi, s’offrant à son amour pour Diego Rivera, prenant amantes et amants, s’habillant librement, comme un garçon ou dans des robes traditionnelles mexicaines, corps cherchant à exulter dans le sexe et à s’oublier dans l’alcool… Traversant polyo, accident de bus, colibacille, fausse couche, gangrène… Viva Frida parcourt ainsi le monde avec l’artiste – Mexique, États-Unis, France – et 47 ans d’une vie intense habitée par l’idéal communiste.

Le spectacle veut échapper à l’ordinaire du biopic et le fait très bien. Il n’adopte pas de démarche purement chronologique, et sa mise en scène choisit également de convaincants chemins de traverse. On pouvait s’en douter avec Karelle Prugnaud à la baguette – comédienne, metteuse en scène et performeuse aux univers volontiers baroques et barrés. Pour permettre au spectateur d’éprouver un peu de la souffrance du personnage, elle fait ainsi grimper Claire Nebout sur une planche de fakir hérissée de grands clous pointus où elle interprètera une bonne partie de son histoire, puis la ceint d’un corset que Gérald Groult et Rémy Lesperon découperont à la meuleuse directement sur son corps. Respectivement scénographe et musicien du spectacle, ils interprètent sur les côtés de la scène des sortes d’infirmiers d’hôpital impassibles qui manipulent le corps de Nebout/Kahlo en même temps qu’ils produisent en live musique et changements scénographiques.

Vous ne verrez donc pas dans ce spectacle de représentations des peintures de Kahlo, ni de photos de l’artiste, ou de ceux qu’elle a côtoyés. Ni de Diego Rivera, le Picasso mexicain, qui fut son idole puis son mari. Ni de Léon Trotsky, son hôte puis son amant. Mais vous entendrez par l’entremise de Claire Nebout la complexité toute humaine, d’une femme à l’existence ponctuée de souffrances physiques qui n’ont jamais réussi à terrasser son appétit de vivre. Ses passions, ses contradictions, ses faiblesses et sa détermination. Mais aussi un portrait en grenouille de son mari assez cocasse. Une ironie qui se retourne souvent contre elle-même. Les accents du désespoir parfois. Et ceux de la douceur des caresses. En somme, les facettes souvent contrastées d’une femme dont le courage et la vitalité ne cessent d’étonner.

Si elle ne disait pas tant détester les peintres français, qu’elle croque aussi avec beaucoup de drôlerie, on la comparerait volontiers à un Picasso, pour les angles abrupts et déstructurés de sa personnalité, telle que la dessine ce spectacle. Mais l’image serait un peu facile. Et l’on retiendra plutôt celle, finale, très belle, concoctée par Karelle Prugnaud. Avec sa robe en guirlandes lumineuses et sa tête qui disparaît sous un gigantesque casque aux allures de statue olmèque, tandis qu’une vidéo – saluons aussi le beau travail de Tarik Noui – en décline une ultime évocation sous les traits d’un homme, Frida Kahlo redevient alors cette image énigmatique et merveilleuse, dotée d’un immense pouvoir de fascination que seul l’art sait créer.

Eric Demey

VIVA FRIDA
de Didier Goupil *
mise en scène
Karelle Prugnaud
avec
Claire Nebout
création sonore et musicale
Rémy Lesperon
création lumière et scéonographie
Gérald Groult
création vidéo
Tarik Noui
costumes
Antonin Boyot-Gellibert
éléments scénographiques
Godox / Godefroy Quitantilla
*D’après Frida Kahlo par Frida Kahlo, lettres 1922-1954, Christian Bourgois éditeur, traduction Christilla Vasserot

Production
Compagnie L’Envers du décor
Co-production
Châteauvallon-Liberté, scène nationale, DSN – Dieppe
Scène Nationale, AGHJA – FABRICA CULTURALE – Ajaccio.
Avec le soutien de L’Adami
Avec le concours du Ministère de la Culture – DRAC
Nouvelle-Aquitaine et de la Région Nouvelle-Aquitaine.

Avec le soutien du CENTQUATRE-PARIS

Durée : 1h20

Création 22 février et 23 février 2022 : Châteauvallon-Liberté, scène nationale

Du mardi 9 au vendredi 12 mars 2022 : Théâtre national de Nice, Centre Dramatique national Nice Côte d’Azur (Forum Nice Nord)

Vendredi 16 septembre 2022 : DSN – Dieppe Scène nationale

Jeudi 17 novembre 2022 : Espace Le Diamant, Ajaccio

Mardi 10 janvier 2023 : Théâtre Molière, Sète – Scène nationale Archipel de Thau

Du vendredi 13 au dimanche 15 janvier 2023 : Théâtre national de la Criée, Marseille

4 représentations en janvier 2023 : L’Archipel, scène nationale de Perpignan

25 février 2022/par Eric Demey
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