Les Carnets du sous-sol est un roman en deux parties de Dostoïevski qui, sous la forme d’un journal intime, nous fait entendre le récit d’un homme de quarante ans, vivant à Saint-Pétersbourg, malade du foie depuis une vingtaine d’années, ancien fonctionnaire retraité vivant d’un petit héritage après avoir démissionné, et qui s’est réfugié dans son sous-sol pour y rendre compte de sa conscience aigüe du monde et des hommes.
Le spectacle se concentre uniquement sur la première partie qui donne à entendre, au présent, la voix du héros qui a choisi de se prendre comme matière d’observation, de questionner sa pensée. Pour ce faire, il établit un dialogue avec des messieurs imaginaires, afin de créer une pensée contradictoire propre à toute véritable dialectique, à toute démarche philosophique. Ce procédé permet à Dostoïevski de revenir sur des idées reconnues par les penseurs de son époque comme des vérités absolues avec lesquelles il est en total désaccord. À savoir la suprématie de la raison sur la volonté, l’absence d’un véritable libre-arbitre… Le héros oppose à ces certitudes son désir qu’il nomme son « caprice » et qui est, selon lui, constitutif de l’homme au point que ce dernier préférera devenir fou plutôt que renoncer à sa liberté fondamentale quitte à ce que celle-ci l’amène à désirer l’irraisonnable.
La scénographie, un dispositif rectangulaire relativement indéfini, représente tout à la fois l’espace mental du héros, un sous-sol, une chambre, une cellule. Une toile de jute à l’aspect jaunâtre recouvre entièrement le sol de l’espace scénique. Aux quatre angles de ce dispositif sont disposés, en diagonale, quatre éléments scéniques. Dans un angle, se trouve un prie-Dieu ancien en bois brut et à l’assise en paille sur lequel est accrochée une icône religieuse. Un samovar posé sur un poêle à bois fume lentement dans un autre coin. Une petite baignoire en zinc dans laquelle tombent des gouttes d’eau est posée sur une palette de bois brut à un troisième angle. Enfin, un vieux garde-manger en bois est disposé dans le quatrième angle. Deux de ces éléments, le garde-manger et le samovar, sont tournés dos au public fermant ainsi ce dispositif scénique, le clôturant. Le spectateur est contraint de rejoindre le personnage dans les méandres de son abîme existentiel, dans sa descente vers les profondeurs de son âme. À un moment donné, un des éléments de cet espace scénique est déplacé et à partir de là, celui-ci se dérègle lentement.
Les carnets du sous-sol
Dostoïevski
Traduction André Markowicz
Editions Actes Sud/Collection BabelMise en scène / Scénographie / Interprétation
Christophe LaparraRegard extérieur / Direction d’acteur / Adaptation
Marie BalletCréation lumière
Xavier Bernard-JaoulProduction Théâtre de Paille
Coproduction Comédie de Picardie – Amiens – scène conventionnée
Subventions Drac Hauts-de-France, Conseil Régional Hauts-de-France, Conseil Départemental de L’Oise
Soutiens/Résidences Le Pocket-Théâtre à Nogent sur Marne – Théâtre Le Chevalet à Noyon – L’Académie des Arts Dramatiques de Chantilly.Du 6 mars au 10 juillet 2024
THÉÂTRE ESSAÏON
6 rue Pierre au Lard
75004 Paris
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