Christian Schiaretti, directeur du Théâtre National Populaire de Villeurbanne est de retour au Festival d’Avignon avec Mai, Juin, Juillet de Denis Guénoun. Une pièce sur le théâtre, sur l’année 68, sur la politique qui met en scène une correspondance imaginaire entre Jean-Louis Barrault et Jean Vilar. Dans un festival revendicatif, ce spectacle à la résonance particulière, se fond parfaitement dans l’ambiance de cet été. Rencontre avec Christian Schiaretti.
C’est votre retour au Festival d’Avignon, vous n’étiez plus programmé depuis les années 90, on se souvient de Ahmed le subtil d’Alain Badiou qui avait été un gros succès au cloître des Carmes.
Je disais à cette époque là que le problème n’était pas d’être aimé par le Festival d’Avignon mais de ne plus l’aimer. J’ai subi un relatif ostracisme, je ne suis pas le seul. J’ai eu un sentiment de légère exclusion, j’ai été « blacklisté » comme on dit. Je l’ai bien vécu. Et je reviens !
Et vous revenez avec une pièce qui est une commande à Denis Guénoun d’un moment particulier de l’année 68.
C’est une chronique établie sur trois mois et sur les rapports compliqués entre le théâtre et le politique. On voit Jean-Louis Barrault et son éviction de l’Odéon décidée par Malraux et le Général de Gaulle, et puis son rapport avec la jeunesse révoltée. Ça c’est le mois de mai. Et l’on y entend des choses incroyables qui nous concernent aujourd’hui. En quoi on gagne à occuper un théâtre ? Et-ce que l’on doit ou pas respecter le public ? Quel est le rapport entre la poésie et le discours révolutionnaire ? En juin on suit une réunion peu connue des directeurs de théâtre organisée à Villeurbanne et qui réunit les directeurs des institutions de l’époque avec Jean Dasté, Georges Wilson, Roger Planchon, Ariane Mnouchkine, Patrice Chéreau…Ils imaginent ce qu’ils vont faire au regard de la situation. Est ce qu’un outil culturel doit être au service d’une lutte ou pas ? Et ce que le travail de décentralisation n’a pas débouché sur une société encore plus bourgeoise ? Les syndicats sont aussi présents. Le métier se déploie dans son rapport à l’institution. Et enfin en juillet, il y a Avignon. Jean Vilar est persuadé de présenter un Festival ouvert à la contestation et qui se retrouve dans un maëstrom incroyable avec des reliquats de la lutte de l’Odéon et l’affaire de Julian Beck et l’interdiction de La paillasse aux seins nus de Gérard Gélas. C’est la rencontre entre Vilar issue de la grande école de l’éducation populaire avec une jeunesse de rock n’roll qui est dans un rapport différent au théâtre. Et l’ensemble de ces trois mois est traversée par une relation épistolaire imaginaire entre Barrault, considéré comme un homme de droite et Vilar homme du gauche. C’est toute l’histoire du métier.
Vous avez été candidat au poste d’Administrateur de la Comédie-Française qui doit intervenir cet été. Où en est votre candidature ?
J’ai été victime d’un problème de translation de courrier. J’ai été convié à rencontre la Ministre le 12 juin avec une lettre de cadrage à laquelle j’ai répondu avec un dossier. J’ai attendu que la procédure suive. Eric Ruf et Stéphane Braunchweig ont été reçus à l’Elysée. Et moi j’attends toujours. On me dit que l’on reçu que deux dossiers ! Alors que la Ministre m’assure que trois dossiers ont été transmis. Je suis le candidat disparu ! Je n’ai pas fait de recours. J’ai mon parcours, je constate que sur les trois candidatures, celle qui n’a pas été entendue est celle qui vient de région. Mes positions sont peut-être radicale, mais au moins m’écouter cela eu été une délicatesse et une reconnaissance de mon parcours. Je trouve cela dur et je compose avec.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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