Mata Gabin remporte le combat de la Solitude

Mata Gabin photo Jean-Louis Fernandez

Charles Berling met en scène une nouvelle version de La solitude des champs de coton. Il est le client. Mata Gabin interprète le dealer. C’est la révélation de cette production. Le spectacle créé en octobre 2016 au Théâtre National de Strasbourg est en tournée.

Il y a une vraie signification à présenter cette pièce en ouverture de la 2ème saison du TQI à la Manufacture des Œillets. C’est dans cette manufacture, qui n’était pas encore un théâtre, que Patrice Chéreau l’a jouée en 1995 avec Pascal Gregorry ; le spectacle ayant reçu le Molière de la mise en scène en 1996. Patrice Chéreau avait remonté ce texte de Koltès, neuf ans après sa création au Théâtre des Amandiers de Nanterre avec Laurent Malet (le client) et Isaac de Bankolé (le dealer). En 2015 Roland Auzet l’a monté avec deux comédiennes, Anne Alvaro et Audrey Bonnet, ici le combat oppose Charles Berling à Mata Gabin.

Et c’est la comédienne qui l’emporte haut la main face à Charles Berling qui donne l’impression de chercher le ton juste. Il débute le spectacle debout dans le public. Les mots butent dans sa bouche, il s’invente un phrasé censé donné un côté bad boy à son personnage. Le problème c’est qu’il le perd et reprend son phrasé naturel quand il est sur le plateau. On a du mal à imaginer le côté animal du personnage, venu manger dans la main de son dealer.

Mata Gabin est totalement fascinante. Elle n’est d’abord qu’une voix sur scène, son visage est caché par sa parka ; elle est ombrageuse et glaçante. La comédienne française, née à la frontière du Libéria et de la Côte d’Ivoire, qui partage sa carrière entre son groupe de musique –  le Mata Gabin Muzik et les One Woman Show – est rayonnante. Elle installe la tension sur le plateau surchargé d’un décor étouffant, représentant l’arrière d’une rue dans un quartier chaud d’une grande mégalopole internationale. Si Mata Gabin est n’était pas là, on ne conserverait aucun image de cette version de la pièce de Koltès.

Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr

Conception du projet Charles Berling et Léonie Simaga
Avec Mata Gabin et Charles Berling
Collaborateur artistique Alain Fromager
Décor Massimo Troncanetti
Lumières Marco Giusti
Son Sylvain Jacques
Assistante à la mise en scène Roxana Carrara
Regard chorégraphique Frank Micheletti
Production Le Liberté, scène nationale de Toulon
Coproduction Théâtre National de Strasbourg / Théâtre du Gymnase, Marseille / anthéa, Théâtre d’Antibes
Avec l’aide de la Spedidam
Création le 1er octobre 2016 au Théâtre National de Strasbourg
Le texte est publié aux Éditions de Minuit
Durée: 1h15

Théâtre 14
Du 8 au 20 juin 2021